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Prix de l’AROP 2014 – Léonore Baulac et Allister Madin récompensé-e-s

Les Prix de l’AROP (Association pour le Rayonnement de l’Opéra de Paris) récompensent chaque année un jeune danseur et une jeune danseuse de la compagnie. Le Prix a été attribué en 2014 à Léonore Baulac et Allister Madin. Un choix qui fait l’unanimité tant ces deux artistes sont appréciés par le public.

Léonore Baulac et Allister Madin

Léonore Baulac et Allister Madin

Entrée assez tardivement à l’École de Danse de l’Opéra, Léonore Baulac intègre le Ballet de l’Opéra de Paris en 2008. Ses cinq premières années dans la compagnie sont paradoxales. D’un côté, elle ne brille pas forcément au Concours de promotion et reste Quadrille. De l’autre, elle est régulièrement distribuée dans les oeuvres contemporaines, les chorégraphes la choisissant souvent, comme dans Rain d’Anne Teresa De Keersmaeker. Le public remarque aussi sa présence solaire en scène. La saison 2013-2014 marque comme un tournant. Léonore Baulac a le rôle d’Olympia dans La Dame aux camélias de John Neumeier, elle passe Coryphée au Concours de promotion. Surtout, Benjamin Millepied semble beaucoup apprécier cette jeune danseuse, il la choisit ainsi pour danser Lyceion dans sa création Daphnis et Chloé. Elle aura également le rôle de Clara pour deux dates dans Casse-Noisette en décembre, son premier grand rôle. Après quelques années un peu difficiles, ce Prix de l’AROP est une récompense prometteuse pour cette jeune femme, qui devrait avoir de belles années devant elle.

Leonore Baulac - C,oncours de mromotion, - Variation libre - In the middle

Leonore Baulac – Concours de mromotion, – Variation libre – In the middle

Allister Madin a un autre parcours. Entré dans la compagnie en 2005 en tant que surnuméraire, il gravit lentement, mais sûrement, les échelons. Sujet depuis 2010, il danse de nombreux rôles secondaires et de caractère, comme Alain (La Fille mal gardée), Iñigo (Paquita), l’Idole dorée (La Bayadère) ou Zaël (La Source). À chaque fois, il sait apporter sa touche personnelle à ces personnages et marquer les esprits. Cependant, il est resté au stade des “second” et n’a jamais eu sa chance d’aborder un premier rôle. À 27 ans, ce Prix AROP vient ainsi plus saluer quelqu’un devenu l’un des piliers du corps de ballet, plutôt que de récompenser un tout jeune talent. Néanmoins, si Allister Madin décroche le poste de Premier danseur au Concours de promotion (qui reste assez ouvert pour cette classe), sa carrière pourrait prendre un nouvel essor.

Allister Madin - Le Chef des gitan, Don Quichotte

Allister Madin – Le Chef des gitan, Don Quichotte

L’AROP remet également des Prix lyriques, à deux jeunes espoirs de l’Atelier Lyrique. D’habitude, les soirées se font séparément. Mais pour 2014n les Prix lyriques et de la danse ont été remis au cours d’une même soirée, le 14 novembre, au Palais Garnier.

Honneur à l’art chorégraphique, les Prix de la Danse furent remis en premier. Pour Benjamin Millepied, il s’agissait de sa première apparition officielle en tant que Directeur de la danse. Ses discours furent sobres, retraçant la carrière des deux lauréat-e-s tout en distillant quelques instants promo pour Daphnis et Chloé, Casse-Noisette ou La Source (et toujours avec une certaine élégance, il semble imbattable à ce petit jeu).

Léonore Baulac et Allister Madin gratifièrent le public de discours de remerciement joyeux et plutôt spontanés. Léonore Baulac remercia avec une certaine émotion sa première professeure. Elle salua également Agnès Letestu, Aurélie Dupont (qui la fait travailler Casse-Noisette), ses collègues du corps de ballet, Samuel Murez (avec qui elle travaille pour 3e Étage,) ou son “chéri”, ce qui provoqua quelques murmures d’attendrissement dans l’assistance (le public danse est faible). Elle remercia bien sûr Brigitte Lefèvre et Benjamin Millepied, terminant par un radieux “Je vois l’avenir avec enthousiasme !“. Elle a en effet de quoi.

Allister Madin fut accueilli très chaleureusement par le public, le Prix était visiblement attendu des deux côtés. Le danseur salua d’abord Léonore Baulac, une “partenaire de chic et de choc” qu’il surnomme la “Brigitte Bardot de l’Opéra“. Voilà qui devrait lui rester ! Allister Madin dédia ce Prix à Éric Camillo, Prix de l’AROP 1992. Il remercie ses professeurs, les maquilleurs, habilleurs et tout le personnel de l’ombre, Brigitte Lefèvre et Benjamin Millepied. Un Prix “qui lui va droit au coeur” et qu’il “n’attendait plus“, résume-il avec un certain humour.

Un mini-film fut ensuite diffusé. Pas de deux au ralenti sur les toits, gros plan sur le plafond d Garnier, des courses avec un tutu, des cheveux qui tourbillonnent… on se croirait dans une publicité pour parfum (il paraît que, si le making-of existe, il serait plutôt drôle). Une vidéo très jolie mais parfaitement oubliable pour les internautes, qui voient apparaître une dizaine de films de ce genre par mois sur la twittosphère danse. Le film devrait toutefois faire son petit effet auprès du grand public, un peu de médiatisation ne fait jamais de mal (surtout en parlant de l’Opéra de Paris où la médiatisation est inexistante).

Et pour la danse… Ce fut tout. Les Prix lyriques furent ensuite remis, à Agata Schmidt et Oleksiy Palchykov, suivi d’un concert d’une bonne heure de l’Atelier Lyrique. Ce récital fut réussi et resta un beau moment de musique, mais quel dommage que la danse n’y a pu aussi y avoir une place. Les décors d’Hansel et Gretel bloquaient le plateau a priori, libérer la scène le temps d’une soirée n’aurait pourtant pas dû être bien compliqué. L’organisation de la soirée a aussi dû se faire entre les deux directions, sans personne véritablement pour s’ne occuper. Résultat, la danse fut limitée à 20 minutes de discours au début de la cérémonie, et puis plus rien.

Vers 22h30, chacune se retrouva pour le cocktail dans le Grand foyer, comme le veut la tradition. Les quatre lauréats recevaient félicitations, demandes de photos et d’autographes avec de grands sourires. Quelques jeunes danseur-s-es étaient là aussi, pour soutenir leurs ami-e-s, mais peu d’Étoile dans la salle. Le programme chargé des répétitions et le Concours approchant n’ont pas poussé les artistes aux excès, et c’est finalement le public qui a clôturé la soirée. Avec ce délicieux sentiment d’arpenter, pendant quelques minutes, les couloirs pour une fois silencieux du magistral Palais Garnier.