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Landscape de Saburo Teshigawara à la Maison de la danse de Lyon : voyage dépouillé aux sources du mouvement

Le danseur-chorégraphe Saburo Teshigawara et la danseuse Rihoko Sato présentaient avec le pianiste Francesco Tristano Landscape à la Maison de la danse de Lyon. De Saburo Teshigawara, j’avais pu voir Dah-dah-sko-dah-dah, dansé en 2013 au Théâtre de Chaillot. Ce spectacle explorait ce qui impulse le rythme et le mouvement. Landscape s’inscrit dans une quête semblable, mais avec une esthétique remarquablement dépouillée.

Landscape de Saburo Teshigawara

Landscape de Saburo Teshigawara

Sur la scène obscure, pas de décor, mais un piano, dont joue merveilleusement le jeune Francesco Triano. Au son de morceaux très hétéroclites (de Jean-Sébastien Bach à John Cage, en passant par des compositions de Francesco Triano lui-même), Saburo Teshigawara et Rihoko Sato apparaissent et disparaissent dans de simples rais de lumière. Parfois, leurs corps se répondent, mais c’est le plus souvent seul-e-s qu’il et elle dansent. Lui se disloquant, dans des gestes bizarres rappelant certaines improvisations de William Forsythe, elle devenant onde ou oiseau aux enroulements infinis. Il est fascinant de voir leurs corps si différents “prendre la musique” d’une manière singulière à chaque interprète. Pour Saburo Teshigawara, c’est en pratiquant la technique à la fois jazz et hip hop de l’isolation. Quant à Rihoko Sato, elle donne à ses bras la force et le déploiement d’ailes. La compagnie fondée par Saburo Teshigawara s’appelle Karas, ce qui signifie “corbeau” en japonais : et parfois, les gestes de Rihoko Sato évoquent bien la noire et dérangeante beauté du volatile.

Les réussites de ce spectacle sont nombreuses : d’abord, danse et musique s’insufflent une énergie réciproque sans jamais s’éclipser l’une l’autre. Francesco Triano a une présence scénique à la mesure de celle des deux danseur-se-s. Ce sont donc trois interprètes formidables que Landscape, dans toute sa sobriété, donne à voir. Les origines musicales du mouvement sont aussi explorées avec une telle jouissance (et on peut se demander quelle part a l’improvisation dans ce spectacle) que grande est l’envie  de monter sur scène, pour à son tour expérimenter !

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Landscape de Saburo Teshigawara

Malheureusement, Landscape est trop long, manque de contrastes et de structure, et l’ennui à la fin surgit. Cela est d’autant plus frustrant que Saburo Teshigawara et sa compagnie ont démontré dans d’autres spectacles un très grand savoir-faire scénographique. L’esthétique est dans Landscape à l’épure, qui, lorsqu’elle n’hypnotise pas, peut lasser. Si ce spectacle est sans doute moins réussi que pouvait l’être Dah-dah-sko-dah-dah, il demeure un très beau moment de danse, une invitation à suivre Saburo Teshigawara et sa compagnie. Qui seront présents du 6 au 8 novembre 2015 au Théâtre des Champs-Elysées à Paris, avec Mirror and Music.

Landscape de Saburo Teshigawara/Karas et Francesco Tristano, à la Maison de la danse de Lyon. Avec Saburo Teshigawara, Rihoko Sato (danse) et Francesco Tristano (au piano). Mercredi 23 septembre 2015.

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