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My Rock de Jean-Claude Gallotta

Après L’Homme à la tête de chou (à partir de l’album de Serge Gainsbourg dans une version enregistrée pour l’occasion par Alain Bashung), Jean-Claude Gallotta revient avec My Rock célébrer la musique au Théâtre du Rond-Point. Imaginé en 2004 et très peu joué alors, My Rock était d’abord une façon pour le chorégraphe grenoblois de fêter ce genre musical à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa création. “Le rock a accompagné mes rêveries d’adolescent et, peut-être, en me permettant de rencontrer d’autres âmes perdues, m’a permis d’échapper à ma crise d’angoisse existentielle.” L’occasion également de lui faire enfin rencontrer la danse contemporaine. Celle qu’il étudia à la fin des années 1970 à New York, auprès de Merce Cunningham, qui lui-même avait fondé sa compagnie en 1954. Un double hommage en quelques sortes.

My Rock de Jean-Claude Gallotta

My Rock de Jean-Claude Gallotta

Mais lorsque le public franchit en nombre les portes du Théâtre du Rond-Point pour la première parisienne de My Rock ce mardi 17 novembre, l’actualité, sinistre et glaçante, est passée par là. Le Bataclan a été la cible la plus meurtrie des terribles attentats qui ont  frappé Paris, et se retrouver pour célébrer la musique, et plus précisément le rock, revêt une urgence toute particulière. Alors, après avoir aimablement présenté le contenu de son sac au membre de la sécurité barrant l’entrée, chacun.e s’installe dans la salle, dans une ferveur plus silencieuse qu’à l’accoutumée.

Au début des années 1950, aux Etats-Unis, apparait un genre musical, issu du rythm and blues et de la musique country. On l’appelle rock’n’roll, expression empruntée à l’argot des musiciens américains, et qui signifie faire l’amour“. C’est la voix douce, sensible, réconfortante de Jean-Claude Gallota qui s’élève tandis que ses douze danseurs et danseuses entrent en scène. Enregistrée, ou en live alors qu’il esquisse quelques pas sur le plateau, cette voix, fil rouge du spectacle, mêle son histoire personnelle à celle du rock. Elle lie treize tableaux et autant d’interprètes et morceaux phares, d’Elvis Presley aux Beatles ou aux Rolling Stones, de Bob Dylan au Velvet Underground, des Clash à Nirvana ou Patti Smith.

My Rock de Jean-Claude Gallotta

My Rock de Jean-Claude Gallotta

Le vocabulaire de Jean-Claude Gallotta, ses grands mouvements de bras, ses pas délicats,  s’y égrainent tour à tour en solos, pas de deux, trios ou danses chorales, dans une gestuelle sensuelle et bourrée d’énergie. Son rock, même endiablé, est plus élégant que provocant, sa vision plus sensible que transgressive. L’ensemble, traversé de quelques moments de réelle grâce, est terriblement vivant. D’une ardeur qui fait un bien fou, même lorsqu’elle flirte avec le drame et la mort, comme avec le romantisme désespéré du sublime River man de Nick Drake.

Je ne peux que vous conseiller, ces temps-ci, d’aller vous réchauffer à la voix calme et apaisante de Jean-Claude Gallotta, à l’énergie débordante de ses danseurs et danseuses, à la beauté de sa bande son. Et si la célèbre phrase de Pina Bausch, “Dansez, sinon nous sommes perdus !” n’a jamais été plus d’actualité, c’est à Léonard Cohen, cité dans My Rock, que je confie le dernier mot : “Finalement le poète ne change pas le monde, mais il est là pour la réconciliation et le baiser de paix.

 

My Rock de Jean-Claude Gallotta au Théâtre du Rond-Point. Avec Alexane Albert, Ximena Figueroa, Jean-Claude Gallotta, Paul Gouëllo, Ibrahim Guétissi, Georgia Ives, Bruno Maréchal, Bernardita Moya Alcalde, Fatoumata Niang, Jérémy Silvetti, Gaetano Vaccaro, Thierry Verger, Béatrice Warrand. Mardi  17 novembre 2015. À voir jusqu’au 6 décembre puis en tournée en France jusqu’en mars 2016.

 

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