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Tree of Codes de Wayne McGregor – Ballet de l’Opéra de Paris et Random Dance Company

Créée pour des danseur.se.s de sa compagnie et de l’Opéra de Paris en juillet 2015 au Manchester International Festival, Tree of Codes de Wayne McGregor a fait escale à New York avant d’être présentée sur la scène du Palais Garnier. La musique de Jamie xx et la scénographie d’Olafur Eliasson font de Tree of Codes un ballet immersif, à bien des égards envoûtant, mais qui, lorsqu’il n’hypnotise pas, bascule dans un formalisme un peu creux.

Tree of Codes – Wayne McGregor

Pour cette création, tou.te.s les artistes ont travaillé en étroite collaboration à partir de Tree of Codes, livre littéralement découpé par Jonathan Safran Foer dans The Street of Crocodiles de Bruno Schulz. Comment donner corps, musique, espace, aux sensations procurées par cet étrange objet, tactiles aussi bien que visuelles, intellectuelles et émotionnelles ? Le spectacle s’ouvre dans un noir d’encre, qu’envahissent les flots de la musique hybride de Jamie xx. Comme en boîte, elle prend au thorax par ses pulsations, émeut et insuffle la danse dès les premières secondes. La scène se couvre alors de points lumineux, diodes mues par des danseur.se.s déjà lancé.e.s à une vitesse époustouflante. Cette rapidité reptilienne que l’on connaît à la danse de Wayne McGregor ne les quittera plus, dans la succession de tableaux à la scénographie toujours plus étourdissante.

Démultiplié.e.s par des kaléidoscopes de miroirs et des feuilletés de vitres colorées qui font jouer la complémentarité des couleurs, les danseur.se.s déploient tout le vocabulaire de Wayne McGregor, qui séduit autant qu’il peut heurter dans ce qu’il a de répétitif et, malgré la mise en valeur parfois sensuelle de la peau des interprètes, de machinique. Certains passages éblouissent par leur virtuosité, notamment des pas de trois aux enlacements inédits, et le dialogue qu’instaurent danseur.se.s de l’Opéra et interprètes de la Company Wayne McGregor est passionnant. Parfois surgit une variation d’une grande beauté, comme cette diagonale que trace Daniela Neugebuaer, ondulant des orteils jusqu’au sommet de la tête.

Tree of Codes – Wayne McGregor

Pourtant, la répétitivité de la chorégraphie lasse et peut déranger dans ce qu’elle a de très formelle. Dans leurs extensions inouïes, les danseur.se.s semblent parfois devenir pures lignes. Comme pour Alea Sands, créée l’an dernier à l’Opéra de Paris, la scénographie voudrait prendre la mesure de ce lieu très particulier qu’est le Palais Garnier. Tout un jeu de projecteurs éblouissant le public et de miroirs réfléchissants devrait sans doute inclure les spectateur.rice.s sur la scène même. Mais tend à nous distancier des danseur.se.s, et entre en conflit avec une musique qui, elle, invite à les rejoindre – si bien qu’on se demande : et pourquoi pas un jour danser à l’Opéra ?

 

Tree of Codes de Wayne McGregor par le Ballet de l’Opéra de Paris et la Random Dance Company au Palais Garnier. Avec Catarina Carvalho, Travis Clausen-Knight, Alvaro Dule, Louis McMiller, Daniela Neugebauer, James Pett, Fukiko Takase, Po-Lin Tung et Jessica Wright (compagnie Wayne McGregor) et Jérémie Bélingard, Sébastien Bertaud, Lucie Fenwick, Marie-Agnès Gillot, Julien Meyzindi et Lydie Vareilhes (Ballet de l’Opéra de Paris). Jeudi 9 février 2017. À voir jusqu’au 23 février.

 

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