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Réversible au Bataclan – L’irrésistible show des 7 Doigts de la Main

La compagnie québécoise Les 7 Doigts de la Main fait un retour gagnant à Paris au Bataclan avec Réversible, un nouveau spectacle dont le fil rouge est l’exploration de la mémoire. On y retrouve certains ingrédients qui les ont fait triompher partout dans le monde : un groupe de jeunes artistes, quatre hommes et quatre femmes capables à eux.elles seul.e.s d’occuper la scène sans discontinuer durant plus d’une heure et demie enchainant des numéros – puisque c’est bien de cela dont on parle au cirque ! – avec une énergie qui laisse pantois.

Réversible-Les 7 doigts de la main.

C’est l’une des devises de la compagnie : faire surgir l’extraordinaire du quotidien. Pour Réversible, la metteuse en scène Gypsy Snider, co-fondatrice des 7 Doigts de la main, a demandé à la troupe d’aller fouiller dans le passé familial, celui de leurs parents et de leurs grands-parents pour en extraire de nouvelles histoires qui feraient le canevas du spectacle. On peut ne pas totalement adhérer à cette démarche ou la comprendre. Qu’importe ! L’essentiel est ailleurs.

Le résultat est en effet enthousiasmant. Toujours soucieuse de nouveautés et de créations, la compagnie Les 7 Doigts de la Main avait récemment montré le travail réalisé avec 3 chorégraphes dans Triptyque vu cet hiver à Créteil. Passionnante idée dont le résultat était quelque peu mitigé. Ce que l’on attend davantage, c’est qu’un.e metteur en scène soit capable de construire son parcours sur la longueur et embrasse la totalité des arts du cirque. Et Gypsy Snider y parvient à merveille. Le spectacle s’ouvre sur un mur de façade extérieur qui se transforme en trois murs mobiles qui vont nous laisser pénétrer à l’intérieur, définissant des espaces perpétuellement en mouvements.

Réversible-Les 7 doigts de la main.

Dans le premier numéro, les huit circassien.ne.s des 7 doigts de la Main déploient  un ballet virevoltant en entrant et sortant par ces portes de manière improbable et hautement acrobatique. Le spectacle peut alors commencer. Et si l’on voit d’emblée la filiation avec les spectacles précédents, il y a quelque chose de plus élaboré dans le mouvement. Réversible se déploie du début à la fin sur une chorégraphie délicate et merveilleusement servie par ses interprètes. C’est incontestablement l’un des talents majeurs de la compagnie: les artistes sont aussi des danseur.se.s accompli.e.s capables d’interpréter une chorégraphie et de tout faire en mouvement

C’est tout particulièrement le cas dans les scènes de jonglages qui sont récurrentes dans le spectacle. L’une d’entre elles requiert toute la troupe qui jongle avec des… casquettes rouges. Drôle, virtuose et totalement décalé. Avec ce souci de repousser les limites techniques en montrant un jongleur danser avec huit balles. Toute la difficulté est de ne pas enchainer les numéros mais de les intégrer dans un spectacle complet et dans ce souci, toutes les entrées sur scène sont soignées et les changements de décors au rythme de ces trois pans de mur… réversibles sont intégrés à la narration du spectacle.

Réversible-Les 7 doigts de la main.

Il y a évidemment des moments de brio intense et notamment celui de la balançoire où deux artistes rivalisent de sauts périlleux pour alternativement atterrir devant et derrière ce fameux mur du décor. C’est comme un jeu, un défi viril toujours accompli avec humour et drôlerie qui sont indispensables au cirque et c’est comme le climax de Réversible avant un final qu’on ne dévoilera pas ! 

Et puis il y a le Bataclan, bien sur. On n’entre pas dans cette salle sans penser à la tragédie qu’elle abrita le 13 novembre 2015 et on peine à retenir un frisson. Mais comment ne pas se réjouir que la salle ait pu faire peau neuve et rouvrir aussi vite. Et ce déferlement d’énergie d’acrobates qui saturent l’espace de leurs talents virevoltants et joyeux n’est-il pas l’un des meilleurs hommages qui puisse être rendu ?

 

Réversible de Gypsy Snider par les 7 Doigts de la main au Bataclan. Avec Maria del Mar Reyes Saez, Vincent Jutras, Jérémi Lévesque, Natasha Patterson, Hugo Ragetly, Emilie Silliau, Julien Silliau et Emi Vauthey. Jeudi 2 mars 2017. À voir jusqu’au 2 avril puis en tournée.

 

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