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La Procession / Solo(s) de Nacera Belaza

Après une soirée d’ouverture toute en contrastes qui mettait à l’honneur Aurélie Berland et Mié Coquempot, retour au festival June Events pour La Procession / Solo(s) de Nacera Belaza présentée, grâce à la complicité de Monuments en mouvement, dans le cadre grandiose du Panthéon.

La Procession de Nacera Belaza

D’abord imaginée pour le MuCEM, La Procession s’adapte à l’espace, aux lumières de chaque lieu qu’elle traverse. Elle consiste en un parcours, une immersion du public, invité à se mouvoir au plus près des interprètes, au cœur de l’œuvre. Pour sa version donnée au Panthéon, c’est une quinzaine d’amateur.rice.s d’âge mûr issus d’une association culturelle de Mantes-la-Jolie, toute vêtue de blanc, que Nacera Belaza propose d’accompagner. Unis en un chœur psalmodiant, ils pénètrent peu à peu dans la nef avec une lenteur infinie, jusqu’à atteindre son centre puis se disperser. L’ouverture larghissimo de la porte monumentale de l’édifice alors que le groupe, encore sur le parvis, se retourne sur le même tempo, offre une image d’une force saisissante, leur long chemin un moment d’une grâce presque religieuse. Mais la solennité du lieu comme sa configuration n’invitent ni à l’échange ni à la communion. En effet, un goulot d’étranglement au niveau du seuil comme la configuration en croix faisant que, sitôt installé sur une chaise, il est impossible de voir La Procession, empêchent de goûter pleinement l’instant.

Mais place alors au premier solo, L’appel, imaginé et interprété par la sœur de Nacera Belaza, Dalila, dont le costume est aussi noir que ceux de ses prédécesseurs étaient blancs. Celle-ci s’avance sur une piste circulaire, bordée de lampadaires constitués d’ampoules nues, alors qu’une autre, au centre, se fait simple lustre dont le fil arrive de la hauteur vertigineuse du dôme. Ses mouvements, naturels, relâchés, souvent à la limite de la perte d’équilibre, sont d’abord aussi minimaux et lents que ceux de La Procession. Puis elle entame une marche, yeux clos, parcourant la circonférence du tapis de scène, qui peu à peu s’accélère, se délie, s’accompagne de mouvements de bras qui évoquent un envol. Sa présence, d’une extrême concentration sereine, fascine et on consent avec elle à cet appel aussi vivant que vital.

L’appel de Dalila Belaza

Lorsque Nacera Belaza vient prendre la place de sa sœur dans le cœur de la nef, maintenant gagné par la pénombre, pour le deuxième solo L’infime, on a d’abord du mal à les différencier. Etendue au sol, son corps hoquette violemment sous des lumières stroboscopiques. Puis peu à peu elle se relève, elle aussi les yeux fréquemment clos, et balance son buste d’avant en arrière dans un large mouvement incessamment répété, qui semble provoquer chez elle un état proche de la transe. Quelques instants plus tard, corps vibrant avec véhémence, tête bringuebalée par une énergie viscérale, elle ne quitte plus, debout, le centre du cercle. Cette danse de L’infime, exécutée avec une ferveur spirituelle, a tout de l’intime. Et peut par là même laisser le public sur le rivage. Enfin, une toute jeune demoiselle vêtue d’une fraiche robe blanche, vient exécuter quelques tours, comme pour remonter le temps et boucler la boucle de cette soirée entre recueillement et solennité.

L’infime de Nacera Belaza

 

La Procession / Solo(s) de Nacera Belaza au Panthéon dans le cadre de June Events et de Monuments en mouvement. La Procession de Nacera Belaza, avec Odile Baillivet, Simone Banthoud, Marie Chatelain, Claire Collignon, Arlette Dechatrette, Alain Dechatrette, Françoise Dubois, Gérard Edon, Bernadette Legrand, Nathalie Lesieur, Marie-Thérèse Mantrand-Mahaut, Marguerite Musso, Brigitte Reaubourg-Sanson, Corinne Ridgway et Carmen Rodriguez. L’appel, de et avec Dalila Belaza. L’infime de et avec Nacera Belaza. Mardi 13 juin 2017.

La Procession et Solo(s) sont également programmés les 28 et 29 juin au Festival de Marseille.

 

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