TOP

Rice par le Cloud Gate Dance Theatre de Taïwan

Le Cloud Gate Dance Theatre, compagnie emblématique taïwanaise de renommée internationale, a investi le Théâtre de la Ville puis la Maison de la Danse de Lyon avec Rice, spectacle créé à l’occasion de ses 40 ans. Une belle occasion pour le public français de (re)découvrir le vocabulaire si particulier de son directeur artistique Lin Hwai-min, heureuse hybridation entre tradition chinoise et danse occidentale.

Rice du Cloud Gate Dance theatre de Taïwan

Rice du Cloud Gate Dance theatre de Taïwan

Lin Hwai-min, chorégraphe vénéré sur son île, est un des ambassadeurs de la culture taïwanaise. Il est souvent considéré à l’international comme un des plus grands chorégraphes asiatiques. Il a d’ailleurs été maintes fois primé pour son œuvre, recevant distinctions et récompenses aux États-Unis, en France ou en Allemagne. La feuille de salle nous apprend que les manuels scolaires de son pays font mention de son nom et même qu’une comète porte celui de sa compagnie. Après avoir l’avoir fondée en 1974, il est installé depuis un an avec ses 120 collaborateurs dans un superbe théâtre dédié, sur les hauteurs de Taipei. Son langage chorégraphique unique mêle la tradition chinoise à la danse moderne, qu’il a étudiée à New York à la fin des années 1960.

Rice, pièce pour 24 danseurs et danseuses, célèbre en huit tableaux (Terre, Vent, Pollen 1 et 2, soleil, semence, feu puis eau) la culture traditionnelle du riz et le cycle de la vie. Pour sa création, Lin Hwai-min et ses interprètes se sont imprégnés des gestes des paysans en travaillant pendant deux ans à leur côté. Le cinéaste Chang Hao-jan a quant à lui filmé au long court et en plan fixe une rizière, ses images projetées en fond de scène ou au sol créant le décor du spectacle.

Rice du Cloud Gate Dance theatre de Taïwan

Rice du Cloud Gate Dance theatre de Taïwan

À l’ouverture du rideau, place d’abord aux femmes vêtues de simples robes colorées. Dessinant une géométrie parfaite, leur danse entre sonores ancrages au sol et élévations en ronds ports de bras semble être une intense et profonde respiration. Lorsqu’elles sont rejointes par leurs partenaires masculins, leur groupe soudé vole en multiples éclats et pirouettes aériennes. Plus tard, ce sont les hommes qui occupent seuls le plateau pour une puissante danse évoquant le feu et quand ils frapperont le sol de leurs longs bâtons de bambou, on croira l’entendre violemment crépiter.

Outre sa beauté plastique, Rice frappe par l’excellence de ses interprètes et le vocabulaire si particulier de son chorégraphe. Son hybridation du langage contemporain et de la tradition chinoise est une vraie réussite. Les pieds et mains des ses danseuses, surtout, fascinent. Quand dans la danse occidentale ils ne sont que le prolongement (ou la brisure s’ils sont flex) des lignes du corps, ils ont chez Lin Hwai-min autant d’importance que chacun des membres. Les doigts se meuvent sans cesse, les chevilles ont une souplesse remarquable. Si la vue de ce seul opus, un peu trop lisse, ne permet pas de ranger, comme on le lit souvent, Lin Hwai-min aux côtés de chorégraphes comme William Forsythe, George Balanchine, Pina Bausch ou Anne Teresa De Keersmaeker, il n’en reste pas moins que Rice montre qu’il a su inventer un lange singulier.

Rice du Cloud Gate Dance theatre de Taïwan

Rice du Cloud Gate Dance theatre de Taïwan

 

Rice de Lin Hwai-min par le Cloud Dance Theatre de Taïwan au Théâtre de la Ville. Avec Yang I-Chun, Chen Mu-Han, Cheng Hsi-Ling, Fan Chia-Hsuan, Huang Mei-Ya, Ko Wan-Chun, Kuo Tzu-Wei, Lee Tzu-Chun, Yeh Yi-Ping, Su I-Ping, Tsai Ming-Yuan, Chen Tsung-Chiao, Hou Tang-Li, Huang Pei-Hua, Chen Lien-Wei, Chou Chen-Yeh, Huang Yu-Ling, Lin Hsin-Fang, Lin Yi-Ching, Wang Po-Nien, Huang Li-Chieh, Wong Lap-Cheong et Huang Lu-Kai . Dimanche 24 avril 2016. À voir 

 

Poster un commentaire