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Grand Pas de Paquita / L’Oiseau de Feu – Ballet du Capitole

C’est avec la danse académique de Paquita de Marius Petipa et l’énergie de L’Oiseau de Feu de Maurice Béjart que le Ballet du Capitole termine sa saison. Deux ballets très différents qui permettent à la troupe toulousaine de montrer ses (nombreux) jeunes talents, même si la compagnie semble naturellement plus à l’aise dans le néo-classique.

L'Oiseau de Feu de Maurice Béjart - Ballet du Capitole

L’Oiseau de Feu de Maurice Béjart – Ballet du Capitole

Avec son lustre et ses tutus qui brillent, l’ouverture du Grand Pas de Paquita fait son petit effet. La Halle aux Grains n’est pourtant pas le genre de salle qui convient le mieux au ballet classique, mais l’effet fonctionne. Ce Grand Pas est en fait le mariage de Paquita avec Lucien, qui clôture le dernier acte du ballet de Marius Petipa. Il est composé d’un corps de ballet, d’un adage, de plusieurs variations de solistes puis des variations des Étoiles, pour se terminer par une coda brillante (et ses indispensables 32 fouettés). Souvent donné à l’étranger, il est un morceau de bravoure devenu presque passage obligé pour toute compagnie montrant qu’elle sait y faire avec la grande technique classique (et chose curieuse et dommageable, ce Grand Pas est présenté tronqué des variations des solistes dans la version intégrale de Paquita de Pierre Lacotte à l’Opéra de Paris). À Toulouse, ce Grand Pas – dans la version d’Oleg Vinagradov – incluse aussi le Pas de trois du premier acte. Savant mélange d’un ballet, qui après tout, n’a cessé d’être remixé au fil des époques.

La grande difficulté de ce Grand Pas est qu’il ne demande pas seulement la maîtrise de la grande technique académique. Il faut aussi ce naturel dans cette danse, peut-être cet infime second degré, pour sublimer toute cette virtuosité et la sortir d’un cadre purement formel qui peut vite tourner à l’examen de fin d’année. Le pas de trois tombe ainsi dans le piège. Les trois artistes maîtrisent leur variation, Ramiro Samón y est même brillant. Mais tout cela reste un peu scolaire, même s’il semble plus s’agir d’un manque d’habitude de ce grand répertoire que d’un manque d’aptitude à le danser.

Grand Pas de Paquita - Ballet du Capitole

Grand Pas de Paquita – Ballet du Capitole (Scilla Cattafesta)

Les quatre solistes se révélèrent toutefois plus à l’aise, proposant de très belles choses dans les variations. Kayo Nakazato montra notamment une danse vive et précise dans la deuxième variation (sur la musique que l’on connaît comme être celle de Cupidon dans Don Quichotte), Lauren Kennedy un certain lyrisme dans la si belle variation lente. Ces quatre variations sont décidément des petits bijoux. La reine du bal Maria Gutierrez sembla néanmoins un peu éteinte (et visiblement tendue en scène). Le feu d’artifice est plutôt venu avec Davit Galstyan (Lucien), formidable danseur et véritable meneur de troupe. Il emmène avec lui un corps de ballet très en place pour un final explosif er brillant.

Grand Pas de Paquita - Ballet du Capitole

Grand Pas de Paquita – Ballet du Capitole

Maurice Béjart ne faisait pas encore partie du répertoire du Ballet du Capitole. C’est chose faite avec l’arrivée de L’Oiseau de Feu. Est-ce que les œuvres de ce grand chorégraphe ont bien vieilli ? C’est une question qui se pose régulièrement. Sur la musique de Stravinsky, L’Oiseau de Feu est l’allégorie de Phénix qui renaît de ses cendres grâce à la force du groupe, ambiance Révolution chinoise. On a vu plus neuf question inspiration. Pourtant, le Ballet du Capitole arrive à donner à la pièce une nouvelle modernité. Peut-être parce que les artistes s’y expriment chacun dans toute leur individualité, et non pas en tant que groupe. Le résultat est en tout cas indéniablement réussi.

Takafumi Watanabe est un superbe Oiseau. Sa danse est légère et sauvage, ses bras battent l’air comme un oiseau pris en cage. Et toujours, sa danse est habitée d’une singulière poésie. Minoru Kaneko et Philippe Solano sont des meneurs de troupes percutants, même si tous les artistes sur scène montrent beaucoup de personnalité. C’est cette façon d’exister chacun.e à sa façon, sans toucher à l’unité du groupe, qui donne une nouvelle vitalité à cet Oiseau de Feu. Le Ballet du Capitole, naturellement à l’aise dans le langage néo-classique, a trouvé avec Maurice Béjart un chorégraphe qui lui va bien. Seul regret : que le Théâtre du Capitole n’ait pas jugé bon de trouver un orchestre pour accompagner cette soirée.

L'Oiseau de Feu de Maurice Béjart - Ballet du Capitole (

L’Oiseau de Feu de Maurice Béjart – Ballet du Capitole (Takafumi Watanabe)

 

Soirée Paquita/L’Oiseau de Feu par le Ballet du Capitole à la Halle aux Grains de Toulouse. Grand pas de Paquita d’Oleg Vinagradov d’après Marius Petipa, avec Maria Gutierrez (Paquita), Davit Galstyan (Lucien), Julie Loria, Tabatha Rumeur et Ramiro Samón (pas de trois), Solène Monnereau (première variation), Kayo Nakazato (deuxième variation), Lauren Kennedy (troisième variation) et Scilla Cattafesta (quatrième variation) ; L’Oiseau de Feu de Maurice Béjart, avec Takafumi Watanabe (l’Oiseau) et Dennis Cala Valdés (le Phénix). Mercredi 8 juin 2016. À voir jusqu’au 12 juin.

 

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