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Entre Balanchine, Noureev et Forsythe

Mon Pass’ Opéra jeune m’a souvent laissé dans la file d’attente plutôt que dans la salle. Mais rien que pour ma place au deuxième rang de l’Opéra Bastille vendredi dernier, je le reprendrais la saison prochaine.

Les spectateurs adorent les ballets complets. Les soirées “pots-pourris” rencontrent souvent moins de succès. Tant pis pour eux, moi ça me permet de découvrir des chorégraphes et des ballets pas trop connus mais hyper intéressants.

La soirée Balanchine/Noureev/Forsythene déroge pas à la règle.

Tout commence avec Les Quatre Tempéraments de Balanchine. Il est censé montrer quatre facettes de l’âme humaine. Bon, moi, j’ai pas vu beaucoup de différences entre les tableaux. Mais le tout reste intéressant par la mise en valeur des lignes des danseurs, qui ne sont pas loin d’être parfaites à l’Opéra de Paris. Dorothée Gilbert était très bien comme d’hab’, et dans le corps de ballet, Mathilde Froustey se démarque vraiment des autres. Mais là encore ce n’est pas une surprise. La personne que j’ai vraiment découverte, c’est Mathieu Ganio. Avant, je trouvais juste que c’était le jeune fougueux qui faisait des effets de mèche. Là, j’ai vu un grand danseur avec une véritable autorité sur scène, chacun de ses gestes portés par quelque chose. J’ai hâte de le voir dans un rôle complet.

Vient ensuite des extraits de Raymonda de Noureev, en prélude à la saison prochaine où il sera donné en entier. C’est assez bizarre de ne montrer que des extraits. Il ne peut pas y avoir de trame dramatique, c’est juste pour la beauté de la technique classique. Surtout qu’avec ces lustres, ces décors chargés et cette musique pompeuse, on n’est pas loin du kitch. Néanmoins, les danseurs s’en sortent pas mal puisqu’ils donnent envie de voir le ballet en entier. Le Jean de Brienne de ce soir (Karl Paquette) m’a laissé complètement indifférente… contrairement au duo de Bernard et Béranger (Axel Ibot, Adrien Bodet) qui ont été  très brillants. Le rôle de Raymonda était tenu par Emilie Cozette, que je n’ai jamais vraiment appréciée (c’est juste pas elle qui aurait du être nommée Etoile). Là, je dois avouer qu’elle m’a séduite dans sa variation très difficile, où on dirait que Petipa s’est amusé à créer un truc où sa danseuse redescendrait le moins souvent possible de ses pointes. Mais bon, je n’avais encore pas d’éléments de comparaison… Depuis, j’ai regardé la prestation de Sylvie Guillem dans le même passage, et c’est sûr que ce n’est pas la même chose.

La soirée se termine avec Artifact Suite de William Forsythe. Un ballet sans véritable histoire où le corps de ballet est particulièrement mis en valeur. Comment faire simple ? J’ai tout simplement adoré. La chorégraphie, les costumes, les lumières, l’expressivité des danseurs… Tout est en place pour vous hypnotiser et vous emmener très loin pendant 40 minutes. C’est juste… Beau et totalement captivant. Un peu difficile à décrire tout ça, surtout que je n’ai pas de bonnes vidéos, mais j’ai trouvé ce ballet vraiment magnifique.

En résumé ? Une très belle soirée qui est passée comme de rien. Pour une fois, il n’y a pas vraiment de grandes personnalités qui ressortent, ni de grands rôles. On ne voit que le corps de ballet. Ils sont là, ensemble, un groupe très homogène et qui montre pourtant une vraie personnalité, où chaque danseur s’investit à fond. C’était d’autant plus éclatant dans L’Artifact Suite. C’est aussi plutôt impressionnant que voir que cette troupe peut interpréter aussi bien des styles très différents : le néo-classique pour Balanchine, l’académique technique pour Noureev et le moderne pour Forsythe.

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