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Exit/Exist de Gregory Maqoma

Exit/Exist de Gregory Maqoma au Théâtre des Abbesses. Avec Gregory Maqoma, Giuliano Modarelli, Happy Motha, Bubele Mgele, Bonginkosi Zulu et Linda Thobela. Mardi 30 avril 2013.

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Après l’excellent Swan Lake de Dada Masilo en début de saison, place à la découverte d’un autre chorégraphe sud-africain  :  Gregory Maqoma. Comme sa comparse, il s’inspire de ses racines pour un spectacle totalement contemporain, mais dans une veine on ne peut plus différente.

Exit/Exist est un spectacle intimiste, au premier sens du terme. Il évoque les racines du chorégraphe, celle de sa famille et celle de son pays, avec un profond engagement. Jongumsobomvu Maqoma était un lointain ancêtre de Gregory Maqoma. Né en 1798, chef de la tribu Xhosa, il fut arrêté alors qu’il sommait les colons anglais de quitter les terres de son peuple. Il est mort en prison en 1873. Sonnant comme un voyage initiatique, le danseur retrace avec Exit/Exist la vie de son aïeul, se glisse dans sa peau, refait les gestes de son quotidien, et bien sûr, évoque les danses de sa tribu.

S’agit-il d’un hommage ou d’une quête de sens ? Sûrement un peu des deux. Vêtu d’un costume brillant, Gregory Maqoma démarre la pièce au XXIe siècle. Il vibre jusqu’au au bout de ses doigts dans une danse aussi nerveuse qu’exténuante, comme pris au piège de son époque. Les musiciens prennent alors place pour une musique inspirée de chants traditionnels, tandis que Gregory Maqoma quitte son habit d’homme moderne pour revêtir celui de Jongumsobomvu, comme un geste de purification. L’on dit que l’on ne peut pas savoir où l’on va si l’on ne sait pas d’où l’on vient. C’est cette quête de sens qui semble animer le danseur, et la seule qui lui permettra de trouver sa place aujourd’hui.

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La démarche de Gregory Maqoma est d’une absolue sincérité, et son engagement sur scène vient du plus profond de ses tripes. Reste néanmoins le sentiment d’une certaine froideur. Ce qui touche dans Exit/Exist, c’est la danse, c’est le danseur d’aujourd’hui, et pas vraiment le cruel parcours de l’aïeul Maqoma. Choc culturel un peu trop grand ou désintérêt du monde occidental pour cette question ? L’on a le sentiment que, pour le chorégraphe, raconter l’histoire de son ancêtre est le principe fondamental de sa pièce (à travers des éléments biographiques donnés lors du spectacle), non dénuée d’un certain message politique. Tandis que, pour le public, c’est la démarche qui est la plus importante. Le propos se perd donc un peu sur cette incompréhension. Reste la belle découverte d’un chorégraphe d’une grande sincérité, avec un propos qui évite le piège de la sur-intellectualisation.

Exit/Exist de Gregory Maqoma, jusqu’au 4 avril au Théâtre des Abbesses.

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