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Fluxus Game de Farid Berki ouvre le bal hip-hop de Suresnes cités danses

Farid Berki ouvre les festivités de la 23ème édition de Suresnes cités danse avec une création : Fluxus Game. En trois parties et autant d’époques musicales, ce pionner de la scène hip-hop qui créa sa compagnie Melting Spot il y a déjà 20 ans, propose un voyage fortement inspiré de l’univers du cinéma.

Fluxus-Game

Fluxus Game

Cette pièce, écrite pour huit interprètes dont un jongleur, s’ouvre sur un trio réjouissant. Trois hommes vêtus de costumes et chapeau noirs, avec pour tout décor un cube, évoluent sur le Scherzo fantastique pour orchestre, op. 3 d’Igor Stravinski. L’un commence les mouvements que l’autre poursuit et que le troisième termine.

Mais ils jouent surtout avec de judicieuses projections. Un carré blanc sur des aplats de couleur vive s’étale du fond de scène au plateau. De leurs gestes, les danseurs et danseuses semblent l’étirer en diverses formes géométriques, ou au contraire être contraints par lui, qui change de taille et de physionomie. Leurs costumes, la musique, leur gestuelle et la scénographie évoquent tour à tour le cinéma muet à la Charlie Chaplin, la comédie musicale version Un américain à Paris, ou l’univers graphique de certains génériques de Saul Bass, maître incontesté du genre. Malgré quelques imperfections dans l’interprétation qui seront sans doute gommées au fil des représentations, l’ensemble est enthousiasmant. La première partie se termine ainsi sur une certaine frustration de la voir si vite s’achever,  ce qui est plutôt bon signe.

La deuxième partie de Fluxus Game, souvent humoristique, égraine plusieurs saynètes qui mettent en scène des personnages classiques du petit et du grand écran, comme une femme fatale ou deux flics sympathiques. Musicalement, la pièce avance dans les années avec une partition qui fait la part belle aux compositeurs de musiques de films ou de séries d’aujourd’hui, tels Lalo Shiffrin (Bullit, Mission Impossible, Starski et Hutch) ou Danny Elfman (L’étrange Noël de monsieur Jack, Charlie et la chocolaterie, Men in Black, Les Simpson, Desperate Housewives). Mais le tout ne provoque pas le même enthousiasme que le début.

Fluxus Game

Fluxus Game

Idem pour la troisième et dernière partie, aussi composée de plusieurs tableaux. Son univers plus épuré, moins cinématographique, correspond à une certaine idée de la modernité. La musique, du minimalisme de Steve Reich à l’électro de Trentemoller devient plus froide, les costumes moins colorés. Une scène où les danseur-se-s, munis d’une longue barre métallique qu’ils tiennent devant eux telle un mikado géant, avancent dans des lignes de lumières comme dans un mouvement perpétuel, retient particulièrement l’attention. Mais l’ensemble là encore déçoit.

Les danses de groupes ne sont pas toujours bien réglées. Mais certains interprètes, alors qu’ils paraissent maladroits dans une scène, sont assez virtuoses dans une autre. Est-ce cela qui fait que l’attention du public s’envole parfois, pour être rattrapée un peu plus tard par de jolies trouvailles ou un mouvement particulièrement bien exécuté ? Le problème tient-il de la chorégraphie elle-même ou d’un manque d’assurance et de rodage qui se résorbera avec le temps ? Fluxus Game laisse finalement assez perplexe sans qu’il soit facile de définir en quoi il pèche vraiment. À voir comment la question se résout au fil des représentations.

 

Fluxus Game de Farid Berki au Théâtre de Suresnes dans le cadre de Suresnes cités danse. Chorégraphie de Farid Berki. Création Vidéo de Laurent Meunier. Propositions musicales de Malik Berki. Regard extérieur de Nabil Ouelhadj. Lumières de Jérôme Deschamps. Costumes de Julie Z. Avec Mustapha Bellal, Farid Berki, Thomas Dequidt, Cécile Delobeau, Olivier Lefrançois, Jonnhy Martinage, Sandrine Monar, Bernard Wayack Pambe. Vendredi 16 janvier 2015.

 

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