TOP

[Les Étés de la Danse] Don Quichotte par le Ballet de l’Opéra de Vienne – Kiyoka Hashimoto et Robert Gabdullin

Après une belle soirée mixte néo-classique, le Ballet de l’Opéra de Vienne démontre, avec Don Quichotte, qu’il peut aussi s’illustrer dans les grandes fresques classiques. Très vivante et très en place, la troupe a dansé avec une énergie communicative cette version de Rudolf Noureev, gommant grâce à cette envie les imperfections et les quelques approximations. En résumé ? Une Kitri survoltée, une flopée de solistes de haut niveau et un corps de ballet précis, un bon mixte pour une très bonne soirée.

Don-quichotte_Kiyoka-Hashimoto_Robert-Gabdullin

Kiyoka Hashimoto et Robert Gabdullin – Don Quichotte

Sur une scène petite (et placée aussi plus près), le prologue semble presque être une scène intimiste après la grandeur de Bastille. Presque trop d’ailleurs, Sancho Pança et les trois marchandes se marchent presque dessus. Mais tout le monde fait vivre l’histoire comme il se doit. C’est un peu plus brut de décoffrage qu’à Paris dans les pantomimes, plus premier degré peut-être, plus province diront les Parisiens. N’empêche qu’il y a toujours un certain charme dans cette pantomime, et il n’est pas si compliqué de se laisser entraîner dans l’histoire. Don Quichotte (Kamil Pavelka) a ce mélange de grandiloquence et de tendresse qui en font un personnage attendrissant, juste comme il faut.

Mais bien sûr, la star de ce ballet, contrairement au titre, reste Kitri, la fille de l’aubergiste. La jeune Kiyoka Hashimoto est tout simplement un régal dans ce rôle. Pétillante, brillante, fraîche comme une rose, cette danseuse est tout simplement irrésistible, enchaînant crânement les fouettés et sachant rester très crédible et attachante dans ses pantomimes. Elle ne joue pas dans l’ultra-démonstratif, elle n’en fait pas forcément plus qu’il n’en faut techniquement, mais ce qu’elle danse est un tout, un vrai personnage.

Kiyoka Hashimoto - Don Quichotte

Kiyoka Hashimoto – Don Quichotte


Dommage que son partenaire, Robert Gabdullin, n’a pas toujours été à la hauteur. Bon partenaire et bon acteur, il semblait trop juste techniquement, manquant d’amplitude (plutôt nerveux aussi), et de souplesse, surtout dans le haut du corps. Don Quichotte, c’est l’Espagne, le dos cambré, les bras en arrière. Son style n’était là-dessus pas assez marqué, défaut d’ailleurs présent chez d’autres danseurs et danseuses. Le pauvre n’a pas non plus été aidé par une grosse bourde de l’orchestre à la fin de sa dernière variation. Le chef ne le regardait visiblement pas et a laissé continué le percussionniste alors que le danseur venait de terminer sa dernière diagonale, ne plaquant l’accord final que deux bonnes secondes après, laissant Robert Gabdullin à genoux attendant que l’orchestre ne le rattrape. Et oui, la danse, ça se passe en scène, il faut bien suivre les danseurs et danseuses de temps en temps.

Pour les solistes masculins brillants, il faut donc plutôt regarder du côté d’Espada, le très mâle et viril Roman Lazik, et du non moins très mâle et viril Igor Milos en chef des gitans. Chacun a dominé son acte, entraînant par leur énergie le corps de ballets et donnant beaucoup de caractère à ces danses espagnoles. Tous ces passages de groupes restaient d’ailleurs très réussis, montrant un corps de ballet très en place et avançant visiblement dans la même direction. Pêcheurs, Gitans, Demoiselles d’honneur ou Dryades, ce Don Quichotte a bien montré que, derrière plusieurs beaux solistes, il y avait aussi un corps de ballet de haut niveau.

Roman Lazik (Espada) - Don Quichotte

Roman Lazik (Espada) – Don Quichotte

La scène de la Vision, puisque l’on parle des Dryades, fut l’un des moments les plus réussis. Les danseuses se sentent peut-être plus à l’aise dans un style plus académique, leur danse semblait en tout cas plus naturelle. Et puis elles avaient une cheffe de choix : Olga Esina, impériale (et plus que ça) en Reine des Dryades. Une musicalité, un moelleux de rêve, un haut du corps très expressif, son passage sur scène fut bref, mais intense (et presque frustrant). Le trio était joliment formé, entre elle – représentant la femme altière -, Cupidon (la prometteuse Natascha Mair) – la femme enfant -, et Kitri, la jeune femme pétillante. Dommage que le Ballet de Vienne ne soit pas venu avec une autre grande production, qui aurait permis à Olga Esina d’assurer un grand rôle sur scène et de montrer mieux que ça tout son talent.

Olga Esina (la Reine des Dryades) - Don Quichotte

Olga Esina (la Reine des Dryades) – Don Quichotte


Don Quichotte de Rudolf Noureev par le Ballet de l’Opéra de Vienne, au Théâtre du Châtelet, dans le cadre des Étés de la Danse. Avec Kiyoka Hashimoto (Kitri), Robert Gabdullin (Basilio), Olga Esina (la Reine des Dryades), Ketevan Papava (la danseuse de rue), Roman Lazik (Espada), Dimitru Taran (Gamache), Peter Karolyi (Lorenzo), Kamil Pavelka (Don Quichotte) et Christoph Wenzel (Sancho Pança). Jeudi 18 juillet 2013.

Avec différentes distributions jusqu’au 27 juillet

Commentaires (1)

  • Sissi

    Je passe vraiment de bonnes soirées avec ce ballet de Vienne. Après le gala hommage à Noureev, la soirée mixte, voici Don Quichotte ! Ce ballet est mon préféré donc je suis ravie de le voir à nouveau même si l’Opéra de Paris l’a repris en fin d’année dernière. Durant tout ce ballet on a le sourire aux lèvres. J’ai vu la distribution Maria Yakovleva et Denys Cherevychko et quel niveau ! Lui est un super “pirouetteur” (tours attitude, tours à la seconde,…) et l’élévation des sauts est impressionnante et elle maîtrise parfaitement les fouettés et la variation des castagnettes est un régal comme tout le reste. On passe une très bonne soirée, les tarifs sont très attractifs (de nombreuses réductions), je recommande, d’ailleurs j’y retourne samedi soir pour la dernière.

    Répondre

Poster un commentaire