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Angelin Preljocaj – 30 ans de création en livre et exposition

Angelin Preljocaj fête cette année ses 30 ans de création. Un événement qui se fête dans les théâtres, mais aussi en dehors. Le Centre national du costume de scène de Moulins consacre ainsi une exposition au chorégraphe, retraçant sa carrière à travers les costumes de ses ballets. La Martinière publie également un beau livre sur Angelin Preljocaj, à lire aussi bien qu’à voir avec de superbes photos.

Angelin Preljocaj

Angelin Preljocaj

Angelin Preljocaj, costumes de danse (par Amélie Bertrand)

L’exposition du Centre national du costume de scène de Moulins a une belle ambition : retracer l’oeuvre d’Angelin Preljocaj non pas à travers des éléments biographiques, historiques, mais avec ses costumes. Un pari joliment réussi. Les magnifiques pièces (souvent dessinées par des créateurs comme Jean-Paul Gaultier) sont mises en valeur et en mouvements, montrant les différentes “obsessions” du chorégraphe.

L’exposition démarre d’ailleurs par des vitrines thématiques, après un rapide point biographique dans une pièce rappelant le Pavillon noir (là où est installé le Ballet Preljocaj). La féminité, la masculinité, l’animalité et la corporalité. Les salles suivantes sont plutôt focalisées sur un ballet, huit en tout. Un choix plus classique mais qui met plus en valeur l’oeuvre d’Angelin Preljocaj. Chaque vitrine présente quelques costumes, une vidéo diffuse un extrait du ballet pour montrer les pièces en mouvement. Des textes mettent en perspective les collaborations qui ont vu naître ce ballet. Place ainsi aux costumes presque classiques de Parade, aux beaucoup plus graphiques et sensuels de Blanche-Neige, aux surprenants animaux des Quatre Saisons avec son “homme-éponge” qui fascine. Le public de l’Opéra de Paris reconnaîtra bien sûr les sublimes robes du Parc ou le voile infiniment léger (créé dans le tissu le plus léger du monde) de l’Eveil de Siddharta.

Au final, c’est un beau panorama de l’oeuvre d’Angelin Preljocaj qui est dressé avec ces costumes, de ses créations pour sa troupe à d’autres compagnies, de ses multiples collaborations avec des scénographes ou créateurs. Et pour la dernière salle, place à la danse, mais à celle du public. Les murs projettent le ballet Helikopter, une oeuvre tranchée où décors et danse se mélangent. Le plancher est d’ailleurs mouvant, il change de couleur en fonction des pas et de l’énergie des danseur.se.s. À chacun.e de créer alors sa propre chorégraphie et ses propres images.

Angelin Preljocaj, costumes de danse au Centre national du costume de scène de Moulins jusqu’au 6 mars 2016.

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Preljocaj Angelin de Paul-Henri Bizon (par Delphine Baffour)

À l’occasion des trente ans du Ballet Preljocaj et de l’exposition de ses costumes au CNCS de Moulins, Paul-Henri Bizon consacre à Angelin Preljocaj une élégante monographie publiée aux Editions de La Martinière. Lourde couverture cartonnée, seyant papier mat, mise en page soignée, Preljocaj Angelin est d’abord un beau livre, qui laisse une place de choix à de superbes photos s’étalant souvent en doubles pages. Mais il est aussi un livre à lire, qui retrace trente années de création à travers trente ballets et de nombreux témoignages.

Plutôt que chronologique, l’approche thématique choisie est la plupart du temps pertinente. Le combat, l’érotisme, les Ballets Russes ou la littérature, tous caractéristiques du travail d’Angelin Preljocaj, sont quelques-unes des entrées proposées. De longues interviews d’Enki Bilal, Niclole Saïd (Directrice du Ballet Preljocaj), Valérie Müller (qui coréalise le film Polina) ou Laurent Mauvignier, ainsi que de nombreux témoignages du chorégraphe lui-même, offrent un fort intéressant éclairage sur son œuvre.

Cependant, cet ouvrage n’est pas exempt de (plus ou moins) petits défauts. Les images de Médée ou de Frère Laurent (prêtre marieur de Roméo et Juliette) se retrouvent mangées par la pliure du livre tandis que certaines thématiques forment des ensembles moins convaincants que d’autres. C’est le cas pour L’expérience de la limite qui, alors que le texte qui l’accompagne parle de transcendance et d’extase, associe bizarrement Near Life Experience et Empty Moves à… N, pièce sur la Shoah. De plus, le ton souvent docte de Paul-Henri Bizon lorsqu’il livre sa vision personnelle du travail du chorégraphe peut à la longue agacer. Enfin, les pages consacrées aux costumes qui s’égrainent tout au long du livre, bien qu’intéressantes, donnent l’impression d’un ajout a posteriori, les textes de Delphine Pinasa semblant extraits d’un autre ouvrage.

Mais il n’en reste pas moins que Preljocaj Angelin est un livre aussi beau que captivant. Il devrait donc ravir tout.e balletomane, qu’il ou elle soit fin.e connaisseur.se du chorégraphe, ou simple et lointain.e admirateur.rice.

Preljocaj Angelin de Paul-Henri Bizon – Éditions de La Martinière

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