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[Livre] Danseuse Étoile d’Agnès Letestu avec Gérard Mannoni

Trois après ses adieux officiels à la scène de l’Opéra de Paris, la Danseuse Étoile Agnès Letestu est de retour, mais du côté des librairies. La ballerine a en effet sorti sa biographie, avec l’aide du journaliste danse Gérard Mannoni, intitulée Danseuse Étoile et parue le 15 septembre 2016 aux éditions Buchet Chastel. Sous un style littéraire un peu ampoulé, Agnès Letestu en raconte beaucoup sur sa carrière et les coulisses de l’Opéra de Paris, avec une grande franchise et sans langue de bois. La ballerine s’y livre plus passionnée par la danse que jamais, même si finalement sa personnalité reste en retrait face au monde du ballet.

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Danseuse Étoile d’Agnès Letestu avec Gérard Mannoni

Entrée à l’École de Danse de l’Opéra à 11 ans, dans le ballet à 16, Étoile à 26 ans, créatrice de costumes depuis 15 ans, coach et professeure, Agnès Letestu a une carrière de danse bien remplie. Après avoir quitté officiellement la scène de l’Opéra (elle danse encore à l’étranger), elle a voulu raconter sa carrière. N’étant pas écrivaine, elle a plutôt voulu le faire sous forme d’entretien avec le journaliste danse Gérard Mannoni, qui s’est ensuite chargé de retranscrire ses paroles pour le livre. On reconnaît bien le style du journaliste dans le livre, un peu ampoulé, un peu vieille école, qui ne porte pas vraiment à donner à lire un texte vif et émouvant. Le côté austère de l’écriture peut même rebuter au début. Et ce serait dommage, car derrière ce ton didactique, la danseuse livre beaucoup de choses. Sur sa personnalité, par forcément. Mais beaucoup sur l’Opéra, sur ses moments de doutes et de joies, sur les choses qui lui ont déplu, sur la façon de fonctionner de la Grande Maison qui est bénéfique ou non.

Agnès Letestu a été le témoin de grands changements à l’Opéra. Quand elle était élève, l’École de Danse n’était pas encore installée à Nanterre. Puis la danseuse a été l’une des dernières solistes lancées par Rudolf Noureev, époque où la danse avait les honneurs de la presse. Elle a ensuite connu l’époque Hugues Gall, puis la longe direction de Brigitte Lefèvre avec un répertoire qui se diversifie. Elle évoque les créations, le rapport avec les chorégraphes qui a évolué, son point de vue sur la question. Agnès Letestu est franche, s’enthousiasme, pointe aussi du doigt ce qui ne fonctionne pas sans jamais paraître aigrie ou donner l’impression de régler ses comptes. Elle parle de ce qu’elle a vécu, tout simplement, un témoin de son époque. Elle évoque ainsi les Concours de promotion, les moments de doute avant sa nomination sans rien reprocher à personne, mais sans occulter non plus ce qui a été difficile à vivre.

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Agnès Letestu lors de ses adieux

Les époques se croisent beaucoup dans cette biographie. Quand Agnès Letestu évoque ses années d’études, elle parle déjà de sa passion pour la transmission, qu’elle a démarré bien avant son départ de la scène. Elle explique comment ses professeur.e.s, Max BozzoniJosette Amiel ou Ghislaine Thesmar l’ont forgée, dans le corps, dans la tête, aussi dans sa façon d’aborder la danse. Tout est logique dans la carrière d’Agnès Letestu. Sa passion des costumes de scène, sa volonté d’enseigner ne sont pas arrivées le jour de ses adieux, mais de tout un processus qui remonte à ses premiers pas de danseuse.

Beaucoup de choses sont ainsi dites sur le cheminement de sa carrière comme sur le fonctionnement interne de l’Opéra. Cette biographie est pourtant teintée d’une grande pudeur. Finalement, la danseuse en dit peu sur elle, mettant plutôt en avant les rôles, les batailles, l’Opéra de Paris, les chorégraphes, les costumes. La façon d’être danseur.se aussi, comment se fait l’apprentissage du corps, de la mémoire et de l’émotion. On y apprend à la fois beaucoup, et il reste pourtant l’impression qu’Agnès Letestu est restée sur la réserve. Le choix de Gérard Mannoni pour écrire cette biographie n’est d’ailleurs pas anodin. Chaque mot semble mûrement pesé et réfléchi, presque trop, ce qui coupe un peu toute spontanéité. Mais c’est aussi à l’image de cette grande Étoile, qui donnait tout sur scène mais restait sur la réserve publiquement.

 

Danseuse Étoile d’Agnès Letestu avec Gérard Mannoni – Buchet Chastel – 19 €

 

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