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Comment Game of Thrones a tout piqué au ballet

Game of Thrones est de retour ! Le public danse a bien sûr noté cette date dans son agenda (un jour, il faudra faire des statistiques sur le nombre d’amateur.rice.s de danse aussi accros à Game of Thrones). Mais pourquoi la série plaît-elle tant ? Pour ses histoires rocambolesques, ses malédictions, ses personnages si particuliers, ses démons… Tiens tiens, ça ne vous ferait pas penser à un bon synopsis de ballet ? Le monde s’extasie sur le scénario de la série, mais tout cela semble bien inspiré par ce qui peut se voir sur scène. Comment Game of Thrones a tout piqué au ballet, la preuve par dix.

Attention : article non garanti sans spoilers

 

Des marcheurs blancs qui font peur dans la forêt

Le tout premier épisode de Game of Thrones démarre par deux jeunes hommes poursuivis par des Marcheurs blancs (Winter is coming, ce n’est pas pour rien). Des créatures étranges qui surgissent de derrière un arbre pour tuer dans d’atroces souffrances tout promeneur trop téméraire ? Voilà qui rappelle évidemment les Willis de Giselle. Disons-le même : les Willis sont bien plus effrayantes que les Marcheurs blancs. Ces derniers tuent de façon propre, une morsure et c’est fini. Les Willis font durer le supplice toute la nuit. Les Marcheurs blancs, ces petits joueurs.

Giselle - Royal Ballet de Londres

Giselle – Royal Ballet de Londres

Des histoires compliquées et incompréhensibles

Le grand truc avec Game of Thrones, ce sont les histoires à multiples rebondissements. Rien que pour cette dernière saison, une tante succombe à son neveu qui est l’héritier du trône qu’elle convoite depuis des années, aucun des deux ne le sait, et on sent que, lorsqu’ils vont être au courant, ça ne va pas passer crème. Mais avec un bon arbre généalogique, tout peut se comprendre. Par contre, j’attends toujours que quelqu’un m’explique, de façon claire et précise et en moins de trois paragraphes, le synopsis du ballet Le Corsaire.

 

Un continent où il est facile de se perdre

Westeros n’est pas qu’une vaste plaine. On se perd dans ses montagnes, on se cogne à son mur, on se noie dans ses Îles de Fer et on n’arrive jamais là où l’on avait prévu d’arriver au début. Bien. Quelqu’un peut-il ici prétendre connaître tous les passages secrets du Palais Garnier ? Nous sommes d’accord.

 

Une justice aux règles étranges

La justice à Westeros, c’est une grande histoire. Le jury a choisi son coupable avant le procès. Mais l’accusé peut devenir innocent s’il gagne un duel, où il peut se faire remplacer par un bon camarade (ou un inconnu attiré par l’aventure). Au final, personne ne sait comment fonctionne le vote et ce n’est jamais la bonne personne qui l’emporte. En forcément beaucoup moins sanglant, les règles du Concours de promotion sont bien plus incompréhensibles. Elles sont pourtant écrites en toutes lettres au dos du programme, je les lis chaque année, et je n’ai toujours rien compris (si quelqu’un, au passage, peut m’expliquer…). Le Concours se finit toujours de la même façon : personne ne sait comment fonctionne le vote et ce n’est jamais la bonne personne qui l’emporte.

 

Des combats à l’épée qui ont de l’allure

Le monde s’extasie sur les scènes de guerre de Game of Thrones. Le monde a-t-il vu les combats entre les Montaigu et les Capulet dans Roméo et Juliette ? Il est évident que non. Et ça ne s’arrête pas là. Diane la chasseresse dans Sylvia avec son arc vaut bien Arya avec son Aiguille. Sans compter Giselle, qui pourrait lui donner quelques leçons sur le maniement des épées. À ce propos, nous sommes d’accord pour dire que la scène de la folie ferait une excellente introduction à une nouvelle saison.

Agnès Letestu et José Martinez - Giselle

Agnès Letestu et José Martinez – Giselle

Des femmes à la vie pas facile

Dans Game of Thrones, les femmes n’ont en général pas une vie facile. Prenez Sansa par exemple : elle est promise à un prince fou et sadique pour le bien du royaume, doit supporter la vision de son père sans tête, devient la paria de la Cour, tombe amoureuse d’un chevalier gay, voit toute sa famille mourir, est mariée de force à un épouvantable personnage et saute d’un mur de bien trois mètres de haut. Une vie certes pas évidente, mais qui reste un bon destin comparé à celui de Nikiya dans La Bayadère, danseuse harcelée sexuellement, trompée par son fiancé, méprisée par la caste supérieure et mordue par un serpent venimeux. Néanmoins, une grande différence apparaît sur la fin. Quoi qu’elles endurent, les femmes des ballets finissent par pardonner. Quoi qu’elles endurent, ls femmes de Game of Thrones finissent par se venger. Et elles ne plaisantent pas avec ça (#TeamArya).

 

Des malédictions en tout genre

Sorcières, malédiction… Game of Thrones s’amusent joyeusement avec le fantastique. Mais rien, vraiment rien, ne peut être pire que la malédiction du “Tu seras un Cygne pour le restant de tes jours”. Questions actes de sorcellerie, on est dans le copier-coller. Mélisandre se veut originale en affirmant que, pour gagner la guerre, il faut brûler vive sa propre fille. Oui, bon, tuer dans d’horribles souffrances une jeune fille (toujours une fille, pourquoi jamais un jeune garçon au passage ?), Le Sacre du printemps l’a déjà fait il y a un siècle.

 

Des affreux personnages

Game Of Thrones aiment réunir toutes les failles de l’âme humaine dans ses personnages. Des violeurs, des sadiques (souvent les deux à la fois), des fous furieux, des assoiffés de sang et de pouvoir, des comploteurs, des empoisonneurs, des tueurs de frères et de roi… Il semble y avoir un concours parmi les scénaristes pour créer le personnage le plus horrible possible. Qui, de toute façon, n’arriveront pas à la cheville des personnages de ballet. Le lâche Albrecht, Solor qui ne vaut pas mieux (et qui se réfugie dans la drogue), Lescaut qui vend sa sœur au plus offrant, James le volage, Gamzatti la princesse tueuse, Rothbart le vicieux qui zieute sur son jeune élève, Tybalt le fou sanglant… Jaime et Cersei Lannister ne sont que des enfants de choeur.

Mathias Heymann et Karl Paquette, Le Lac des cygnes.

Mathias Heymann et Karl Paquette, Le Lac des cygnes.

Des moments érotiques

Après le sang et la violence, Game of Thrones fait parler d’elle aussi par ses régulières scènes d’orgie. Qui paraissent bien gentillettes à côté du Spectre de la Rose ou de L’Après-midi d’un Faune. Deux ballets, on le rappelle, véritablement impudiques et choquants au moment de leur création au début du XXe siècle, et bien plus émoustillants que les joyeusetés de la série.

 

Une résurrection

Le coup de la résurrection, le ballet l’a déjà fait. Dans la version idéale du Lac des Cygnes, Odette finit par revivre avec la mort de Rothbart. Et personnellement, une Belle au bois dormant qui dort 100 ans et se réveille tout gaillarde d’un coup d’un seul au moindre bisou, j’appelle ça une résurrection.