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Rencontre avec Rémi Lartigue, directeur artistique des Ballets de France pour le ballet Peter Pan

Rémi Lartigue est un nom encore un peu inconnu dans le monde du ballet français. Mais les choses devraient vite changer, à cause du pari un peu fou qu’il prépare depuis près de quatre ans : présenter Peter Pan, un ballet américain inédit en France. Du 15 avril au 24 mai, cette adaptation du chorégraphe Michael Pink pour le Milwaukee Ballet va être dansée par les Ballets de France, jeune compagnie fondée par Rémi Lartigue en 2013. Véritable “homme d’orchestre” de cette première grosse production (1 million d’euros de budget), le jeune homme de 24 ans espère beaucoup amener de nouveaux publics à la danse classique grâce à ce célèbre conte pour enfants.

Rémi Lartigue

Ce ballet, Rémi Lartigue le connaît bien pour l’avoir dansé au Milwaukee Ballet. Tout juste débarqué  aux États-Unis, âgé à peine de 18 ans, le petit Frenchie tombe sous le charme de cette adaptation aux effets scéniques spectaculaires. “Je n’avais jamais rien vu de pareil, se souvient-il. Un ballet qui mêle la technique du ballet classique et la brillance des grandes comédies musicales de Broadway.” Il caresse alors l’idée qu’une fois rentré en France il créera sa propre compagnie de ballet pour danser ce spectacle. Ce qu’il fait quelques années plus tard après un passage au Arts Ballet Theatre of Florida dirigé par Vladimir Issaev.

Contrairement à d’autres danseurs, Rémi Lartigue découvre tardivement le monde de la danse. Natif du Sud-Ouest, il prend ses premiers cours de dans classique à 14 ans avec Jean-Pierre Laporte, ancien Danseur Étoile au Ballet de Wallonie, puis se perfectionne au Conservatoire régional de la Réunion, à l’English National Ballet School de Londres et enfin à l’Institut Stanlowa avec Evelyne Desutter comme professeure. “Dès que j’ai commencé à danser, j’ai adoré cela. J’ai eu très vite envie d’avoir ma compagnie. Mais avant de me lancer, il fallait que je pratique intensément ce qui était devenu mon art. Travailler aux États-Unis m’a énormément apporté. Les Américains ont une exigence et un souci du détail qui forcent le respect. J’ai beaucoup appris en peu de temps.

De retour à Tarbes, Rémi Lartigue saute le pas. En 2013, il crée les Ballets de France et commence à se produire un peu partout avec les danseur.se.s qui le rejoignent. Objectif : “Débarrasser la danse classique d’une image élitiste et la rendre accessible à un plus grand nombre“. Proposant d’abord des galas composés d’extraits de grands ballets classiques, le répertoire de la compagnie s’étoffe peu à peu avec un Boléro chorégraphié par le chorégraphe américain Mike Fothergill et un Sacre du printemps de Mario Piazza, chorégraphe associé au Balletto di Roma.

Peter Pan de Michael Pink

Depuis que son projet de monter Peter Pan est devenu réalité, le producteur a pris le pas sur le danseur. Casting, recherches de financement, management de la compagnie, il cumule les casquettes avec une équipe resserrée qu’il a constituée pour l’épauler. “Quand je danse, j’ai envie d’être dans ma danse, sans me préoccuper d’une lumière mal réglée ou d’un quelconque souci technique, explique-t-il. Avec Peter Pan, j’ai décidé de m’investir tout entier dans la direction artistique de ma compagnie et de renoncer à danser. Ce ballet est un challenge immense.” Il faut dire que le chorégraphe américain Michael Pink ne transige sur aucun détail : du décor aux costumes, en passant par tous les effets spéciaux qui nécessitent une machinerie de vol millimétrée, tout doit être semblable à la production originale. De quoi se faire quelques cheveux blancs, mais Rémi Lartigue assume tout avec un flegme désarmant !

Si Peter Pan raconte l’histoire d’un petit garçon qui ne veut pas grandir, le déjà riche parcours de Rémi Lartigue correspondrait plutôt à celui d’un jeune homme entreprenant qui met les bouchées doubles. “Le monde de la danse est encore trop mystérieux pour le grand public, déplore-t-il. Je souhaite que beaucoup de personnes goûtent à la magie de la danse grâce à ce spectacle.” Présentée pour la première fois en 2010 au Marcus Center for the Performing Arts de Milwaukee, l’adaptation de Michael Pink a recueilli un succès immense qui ne se dément pas au fil des reprises. Avec un tel atout dans la manche, Rémi Lartigue risque fort de réussir son pari.

 

Peter Pan par les Ballets de France, à voir en tournée en France du 15 avril au 24 mai.

 

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