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Les clichés de la danse – Les escalopes et les bouts de verre dans des pointes en bois

Cette saison, DALP vous propose une nouvelle série : les clichés de la danse. Soit toutes ces généralités et caricatures que l’on peut parfois entendre sur la danse classique en coulisse ! Et nous démarrons par les pointes. Y trouve-t-on vraiment des escalopes pour atténuer la douleur ou des bouts de verre glissés par une concurrente sans état d’âme ? Et sont-elles vraiment faites en bois ? Trois clichés à bien casser comme une paire de pointes neuves. 

Les clichés de la danse – Les escalopes et les bouts de verre dans des pointes en bois

La pointe et ses trois clichés 

Les pointes sont le Graal de la danse classique mais le chemin pour les maîtriser est semé d’embûches. Pour y glisser ses pieds, nous trouvons trois énigmes : 

– Les pointes sont dures comme du bois parce qu’elles sont faites de bois ?

– La tendresse d’une escalope protégera-t-elle vos pieds ?

– Des bouts de verre réduiront-ils les forces de votre pire ennemie ?

Tel Oedipe, le Sphinx n’attend de vous qu’une réponse à ces trois questions.

Les clichés de la danse – Les escalopes et les bouts de verre dans des pointes en bois

Une seule et même réponse : Non !

Les pointes sont en bois ? Eh non ! Au début des années 1820 émerge une nouvelle technique qui bouleverse la danse classique : la pointe. Amalia Brugnoli, Geneviève Gosselin, mais surtout Marie Taglioni en deviennent l’incarnation. À cette époque, le chausson est extrêmement souple et surpiqué sur l’extrémité et les côtés, presque comme une demi-pointe d’aujourd’hui. Regardez ainsi le ballet La Sylphide avec lequel ont démarré les pointes : on y voit beaucoup de piqués et de petite batterie. Nous sommes encore loin des 32 fouettés du Cygne noir ! 

Mais les progrès techniques de la pointe entraînent une évolution de la matière et du vocabulaire. Le bout du chausson se dit la boîte… Mais elle n’est toujours pas de bois. Ce que vous aimez briser et rendre malléable est un savoir-faire de carton, de colle, voire de matières plastifiées pour les pointes de nouvelle génération.

Utilise-t-on des escalopes pour protéger ses pieds ? Non… Enfin, plus aujourd’hui. Même si cette boîte n’est pas de bois, vos pieds sont tout de même serrés comme des sardines. Il n’existe pas de recette magique pour enlever toute douleur. Jadis, des danseuses ont glissé dans les chaussons des escalopes de veau ou de dinde selon les goûts. La douleur était ainsi atténuée, l’effet recherché était celui du pansement double peau du XXIe siècle. Alors rassurez-vous, aucun.e professeur.e ne vous demandera de prendre des cours de cuisine pour parfaire vos cours de danse ! Vos petits petons bénéficient maintenant du confort grâce aux progrès industriels : coton, silicone, compresses, gomme de cellulose etc.

Quant aux verre dans les chaussons… Non, en tout cas on ne l’espère pas ! La malveillance existe dans tous les milieux professionnels. Que des actes comme celui-ci ont existé ou existent dans l’univers du ballet ? Certainement. Mais en développer l’idée reviendrait à les justifier.

Les clichés de la danse – Les escalopes et les bouts de verre dans des pointes en bois

Pour philosopher l’âme clair-obscur des artistes, je vous conseille un chef-d’oeuvre du 7e art, Les Chaussons Rouges. La perception de l’art et de la création vous laissera pantois.e, âme sensible s’abstenir.

 



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