[Prix de Lausanne 2021] Le Young Creation Award
Malgré une édition 2021 entièrement en numérique suite à la crise sanitaire, le Prix de Lausanne a inauguré une nouvelle récompense cette année : le Young Creation Award. L’idée ? Encourager les jeunes talents chorégraphiques en lançant un concours de création de variations contemporaines. Plus de 50 jeunes danseurs et danseuses ont postulé, cinq ont été retenues pour la finale, et deux ont été récompensés : Samuel Winkler et Maya Smallwood. Leur variation respective créées pour l’occasion intègreront le répertoire des variations contemporaines du Prix de Lausanne, dans lesquelles piocheront les candidat.e.s de l’édition 2022. Retour sur ce prix chorégraphique avec de jeunes talents à suivre.
Le Young Creation Award
Le Prix de Lausanne est depuis sa création il y a bientôt 50 ans soucieux de faire éclore les jeunes talents de la danse classique. S’y ajoute depuis cette édition 2021 l’engagement en faveur de la création. Le Prix de Lausanne a ainsi lancé le Young Creation Award auprès des élèves de ses nombreuses écoles partenaires. Ceux et celles voulant participer devaient créer une variation contemporaine (mais conçue pour des danseurs et danseuses venant avant tout de la technique classique) pouvant être dansée aussi bien par une fille que par un garçon, sur un choix de musique pré-établie. Et à l’heure où la plupart des compagnies veulent trouver et développer de nouveaux.elles chorégraphes travaillant sur le langage classique, ce concours est le bienvenu. Il offre une belle expérience comme de la visibilité à de jeunes artistes qui ne sont pas encore entrés dans le monde professionnel, le règlement imposait en effet que chaque candidat.e soit élève d’une école partenaire du Prix de Lausanne.
Et l’exercice n’est pas facile : il s’agit de montrer sa personnalité chorégraphique en deux minutes, avec un décor et des costumes neutres, sur des musiques imposées pas forcément des plus originales (pour ne pas dire pénibles, avouons-le). Il fallait aussi répondre à un exercice de style, en proposant une variation pour un concours, capable donc de montrer des qualités techniques tant qu’artistiques. Pour cette première édition, le Young Creation Award a eu un joli succès, avec plus de 50 candidats et candidates ayant envoyé leur création. Une façon aussi de voir qui, parmi les écoles partenaires du Prix de Lausanne, favorise déjà l’éclosion des jeunes talents chorégraphiques : deux institutions étaient ainsi représentées par deux de ses élèves. Parmi toutes ces candidat.e.s, cinq ont été retenu.e.s pour la finale et ont vu leur variation diffusées lors des live-stream du Prix de Lausanne 2021.
Les gagnant.e.s du Young Creation Award
Sur les cinq finalistes, deux chorégraphes en herbe ont été récompensé.e.s : l’américaine Maya Smallwood (17 ans, élève à la Canada’s National Ballet School) pour sa variation Unravel (dansée par Ewan Hartman) et l’australien Samuel Winkler (19 ans, élève à la School of Hamburg Ballet John-Neumeier) pour sa variation Suppress (dansée par Gabriel Barbosa). Ces deux jeunes artistes verront leur variation respective intégrer le répertoire des variations contemporaines du Prix de Lausanne. Les candidat.e.s du Prix 2022 pourront ainsi les choisir, tandis que les deux apprenti.e.s chorégraphes seront invité.e.s pour venir coacher les candidats 2022 ayant choisi leur chorégraphie pendant la semaine du concours.
Le travail de Maya Smallwood – la plus jeune des finalistes – se dégageait nettement des autres propositions. Sa variation respectait le cahier des charges en proposant une variation complète, faite pour montrer les qualités d’un.e candidat.e : un travail sur le contrepoids, le passage au sol, l’isolation des membres, l’amplitude, etc. Tout en sachant y mettre sa touche personnelle, une ligne directive et un espace de liberté d’interprétation, malgré parfois des mouvements un peu trop gymniques, qui semblent être là uniquement pour montrer de belles lignes.
La création de Samuel Winkler ressortait un peu moins à nos yeux. Là encore, il proposait une variation très complète et efficace pour un concours de danse, mais aux intentions peut-être un peu trop accentuées, où il manquait une véritable personnalité émergente.
Les finalistes
Les trois autres finalistes n’ont cependant pas démérité. L’on a beaucoup aimé le travail de l’australien Joshua Ostermann (19 ans, élèves de la Queensland Ballet Academy) avec sa variation The Question (dansée par Edison Manuel). Si elle n’était pas la plus virtuose, cette variation restait sans chichi, avec une jolie et intéressante façon d’utiliser le mouvement, notamment dans les isolations. Et un tout qui laissait une belle part à l’interprétation pour de futures candidat.e.s. Louis Van Etten (également australien de 19 ans à la Queensland Ballet Academy) a aussi proposé un joli moment avec Self Control (dansé par Sophie Kerr). Voilà une variation dirigée, qui allait quelque part et proposait une vraie richesse technique comme d’interprétation. Le travail de Pablo Polo, espagnol de 19 ans de la School of Hamburg Ballet John-Neumeier, était peut-être un peu en-dessous. Sa variation Guiado por (dansée par Gieseppe Conte) montrait beaucoup d’engagement technique et de virtuosité, mais l’on avait plus de mal à suivre sa ligne conductrice.
Bravo en tout cas à ces cinq finalistes qui ont inauguré le Young Creation Award !