C’est une grande personnalité de la danse contemporaine en France qui est partie. Jean-Paul Montanari, qui avait dirigé pendant plus de 40 ans le festival Montpellier Danse, en faisant l’un des rendez-vous incontournables de la danse dans le monde, est décédé à l’âge de 77 ans, le 25 avril. Il venait de quitter la direction de cette institution emblématique.

Jean-Paul Montanari

« Je n’existe pas en dehors de Montpellier Danse« , aimait dire Jean-Paul Montanari. Jusque dans sa mort, cette forte personnalité de la danse en France est restée comme fidèle à son credo. Atteint d’un cancer il y a un an, il avait pris sa retraite il y a à peine quatre mois. Et l’annonce de la direction lui succédant – un quatuor composé de Dominique Hervieu, Hofesh Shechter, Jann Gallois et Pierre Martinez – a été faite quinze jours avant son décès.

Né en Algérie en 1947, Jean-Paul Montanari arrive en France en 1962, à Lyon. Il découvre la danse quelques années plus tard, avec Maurice Béjart à Avignon. Après des études de Lettres Modernes, il rejoint à 28 ans le Centre Dramatique National de Lyon, alors dirigé par Robert Gironès, pour s’occuper de la communication. C’est là qu’il découvre toute la jeune garde de la danse contemporaine qui explose alors en France. Il y invite ainsi des artistes qui émergent : Maguy Marin, Brigitte Lefèvre ou Dominique Bagouet, qui devient un fidèle compagnon de route. Ce dernier est appelé à Montpellier au début des années 1980 sous l’impulsion du maire de la ville Georges Frêche, pour y lancer un festival, puis un Centre Chorégraphique National. Il demande à Jean-Paul Montanari de le suivre, pour gérer les relations presse. Dominique Bagouet, Georges Frêche, Jean-Paul Montanari : c’est ce trio qui fait de ce festival un rendez-vous unique, temps fort de la saison chorégraphique en France, puis en Europe. Et qui va perdurer après la mort du chorégraphe emblématique de la danse contemporaine française, décédé du sida en 1992.

En 1983, Jean-Paul Montanari devient directeur général de Montpellier Danse. Un poste qu’il va occuper pendant plus de 40 ans. Il devient aussi, pendant diverses périodes, conseiller pour la danse à l’Opéra de Montpellier, membre du Conseil supérieur de la danse, en charge de la saison chorégraphique de l’Opéra National de Montpellier, directeur du Zénith de Montpellier. En 2010, il dirige l’Agora, vaste structure dédiée à la danse dans un superbe lieu ancien rénové au cœur de Montpellier. Montpellier Danse continue d’être un festival incontournable de la danse, mêlant chaque année les grands noms de la danse contemporaine, et même parfois quelques compagnies classiques, des jeunes talents émergents, des artistes venant des quatre coins du monde, des spectacles populaires comme exigeants.

Jean-Paul Montanari était une personnalité puissante, un orateur comme il y en avait peu, défenseur de la culture et de la danse contre vents et marées. Il pouvait être aussi controversé. Les liens entre Montpellier Danse et le CCN, travaillant pourtant dans les mêmes locaux, étaient distendus. Il eut aussi, comme beaucoup, du mal à partir de son poste. Évoquant déjà sa retraite au moment du Covid, il annonça finalement son départ en 2024. Un cancer lui fut diagnostiqué peu de temps après. La 45e édition de Montpellier Danse, qui se tiendra du 21 juin au 5 juillet, fut néanmoins entièrement programmée par ses soins. Akram Khan, la Batsheva, le NDT avec Crystal Pite, Mathilde Monnier ou Israel Galván en feront partie, pour trois semaines de danse qui s’annoncent intenses. “Jean-Paul Montanari nous a quittés. La danse perd son plus fidèle serviteur, la ville de Montpellier un homme qui lui a offert un rayonnement artistique mondial”, a résumé le maire de Montpellier, Michaël Delafosse.

 
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