Le Concours interne de promotion 2025 du Ballet de l’Opéra de Paris a lieu les 3 et 4 novembre prochain. Un concours qui existe depuis plus de 150 ans et qui connaît de nombreuses remises en cause et changements depuis deux ans. Mais qui revient en force finalement, avec le retour du Concours des Sujets. DALP reprend donc sa tradition de confronter le regard de quelques habituées sur qui pourraient être les promu-e-s. Car si le Concours est synonyme la plupart du temps d’un grand moment d’angoisse et de pression pour les danseurs et danseuses, il reste pour le public un moment passionnant, riche de découvertes de personnalités artistiques, de jeunes talents, de ballets oubliés.

Cette année, place à quatre regards : celui d’Amélie Bertrand (rédactrice en cheffe de DALP), Camille (DanseOpéra), Talons Pointes et Claire-Lise. Pour chaque classe, elles ont indiqué leurs tendances – les personnes qui leur semblent avoir le plus de chance d’être promues – et leurs coups de coeur, sans autre considération que leur propre subjectivité et coups de cœur.

Bonne chance à tous les danseurs et danseuses qui se plieront cette année encore au Concours, tous et toutes de formidables artistes.

 

 

Classes des Quadrilles hommes

Trois postes de Coryphée à pourvoir. Variations imposées : La Belle au bois dormant de Rudolf Noureev d’après Marius Petipa, première variation du Prince de l’acte II ou Onéguine de John Cranko, variation de Lenski de l’acte II ou Body and Soul de Crystal Pite, solo de Hugo Marchand de l’acte II. 

Les tendances

Amélie – Euh… Shale Wagman ? Je pense que, quand on a eu l’Oiseau bleu lors d’une retransmission en direct au cinéma, on peut dire que, oui, a priori, la direction a envie de vous voir danser. Manuel Garrido commence aussi à se faire une place dans les distributions de petits rôles. Si les contemporains ont une chance – avec trois places, c’est un peu plus ouvert, même si j’ai toujours du mal à y croire, Loup Marcault-Derouard est évidemment le mieux parti, tout comme Takeru Coste. Les performances le Jour J jouent aussi beaucoup, tout semble donc ouvert pour les deux places derrière Shale Wagman.

Camille – Y a-t-il une autre réponse que Shale Wagman ? Surtout avec trois postes ouverts ? Certes, on lui reprochera de ne pas avoir le style Opéra mais sa technique enthousiasmante et sa personnalité scénique devraient suffire pour passer dans le grade supérieur. Les deux Manuel (Garrido et Giovanni) avaient montré de belles choses au dernier Concours. Est-ce leur année ? Samuel Bray avait montré de la personnalité dans La Belle au Bois dormant. Les variations imposées reposant pas mal sur l’interprétation pourront l’avantager.

Talons Pointes – Shale of course ! Il paraît impensable qu’il ne passe pas Coryphée, entre son indéniable talent et les distributions (passées et à venir). La variation contemporaine devrait être parfaite pour Takeru Coste, qui devrait être le meilleur exemple pour justifier l’évolution du Concours. La troisième place est plus incertaine, mais plusieurs peuvent y prétendre sans rougir ; cela devrait se jouer sur les choix de variations. Samuel Bray

Claire-Lise – Qu’on aime son style ou pas, il semble évident que Shale Wagman monte dans la hiérarchie. Je pourrais même dire : il est là pour ça. Le deuxième poste pourrait aller à Nathan Bisson, formidable dans la pièce de Sharon Eyal au printemps dernier, bien distribué dans le contemporain mais aussi au rendez-vous dans le corps de ballet quand il le faut. La variation de Body and Soul paraît presque être un cadeau à Takeru Coste et/ou Loup Marcault-Derouard (elle leur ira d’ailleurs très bien), mais est-ce que ça va suffire pour monter – et vont-ils même se présenter à cet exercice hiérarchique ? Peut-être donc que le troisième poste ira là aussi à un des jeunes de l’année dernière, et ça se jouera le jour J : qui saura mieux surmonter le stress et montrer une belle variation (pas facile de trouver une dimension dramatique en plein Concours, je pense particulièrement à la variation de Lenski).

 

Les coups de coeur

Amélie – Shale Wagman bien sûr, au tempérament et à la maturité de soliste affirmés. Il s’est fait sa place durant sa première année, assurant en sachant rester dans les lignes de nombreux moments de corps de ballet. Mais il est évident qu’il faut qu’il aille vite plus haut. Pour la suite, j’aime beaucoup Manuel Garrido, très engagé, ou Manuel Giovani. Sans oublier les petits jeunes engagés il y a an, ou présent depuis peu dans la compagnie, et qui s’imposent de plus en plus en Concours. On a toujours de belles surprises et découvertes.

Camille – On prend presque les mêmes et on recommence ? Shale Wagman devra peaufiner son style s’il veut arriver sur les grades de solistes mais il serait ridicule de laisser un danseur aussi enthousiasmant une année de plus chez les Quadrilles. Samuel Bray était très bien lors du dernier concours et également sur La Belle au bois dormant. Pour la troisième place, je laisserais sa chance à un petit nouveau.

Talons Pointes – Shale Wagman bien sûr ! On compte les années avant de le voir aux plus hauts grades de l’institution. Petit jeune de la compagnie, Rémy Hairy Araujo est talentueux et a travaillé bien en amont pour le concours Noureev cet été, il devrait donc être en forme ! Je serai heureuse de voir monter Takeru Coste, ou encore Samuel Bray, artistes de la compagnie depuis plusieurs années.

Claire-Lise – Peut-être ai-je un petit soft spot pour Corentin Dournes, mais sinon je n’ai pas vraiment de favoris dans cette classe.

 

 

Classe des Quadrilles femmes

Deux postes de Coryphée à pourvoir. Variations imposées : La Bayadère de Rudolf Noureev, variation de Gamzatti de l’acte II ou Giselle de Patrice Bart et Eugène Polyakov d’après Jean Coralli et Jules Perrot, variation de Giselle de l’acte I ou Signes de Carolyn Carlson, solo de la danseuse principale du deuxième tableau ‘Loire du matin’. 

Les tendances

Amélie – Deux postes à pourvoir, ça ne fait pas beaucoup. Et quand il n’y en a pas beaucoup, ça ne laisse en général que peu de chances aux plus anciennes. Ces dernières prendront-elles la variation contemporaine ? Pour cette classe, où il faut avant tout montrer que sa technique est solide, cela semble très hypothétique de voir monter quelqu’un choisissant la variation contemporaine, surtout quand il y a si peu de places. Mais comment agira le jury le jour J ? Je mise tout de même plutôt sur deux profils plutôt jeunes… Même si aucun nom chez les plus jeunes ne se démarque franchement dans les distributions; Bref, tout ça pour dire que cela semble assez ouvert pour ces deux places. Si un profil contemporain passe, Marion Gautier de Charnacé semble naturellement la mieux placée, assurant des rôles de solistes depuis déjà un certain temps, ou pourquoi pas Lucie Devignes.

Camille – J’avoue moins connaître les Quadrilles qui n’ont pas forcément eu l’occasion de briller individuellement. Pour cette classe, la prestation du jour est souvent déterminante, raison probable pour laquelle le concours n’a jamais été abandonné pour ce grade. La présence d’une variation imposée contemporaine peut laisser penser qu’un profil de ce style peut démarquer. Donc pourquoi pas Marion Gautier de Charnacé ou Adèle Belem qui brillent dans les pièces plus modernes. Côté plus classique, Yeeun Lee a brillé lors du dernier concours sans être classée. Si elle travaille son côté école française, ce sera peut-être son année. Ne pas exclure non plus les petites jeunes qui arrivent et peuvent potentiellement monter vite.

Talons Pointes – Espérons qu’il n’y aura pas trop de Signes, car ça promet d’être long vu la durée de la variation… C’est un choix improbable pour les Quadrilles à mon sens, où l’on doit faire montre de solidité et d’adaptabilité. La plupart devraient opter pour les variations classiques. Deux postes, pas énorme pour une classe nombreuse… Cela pourrait être l’année pour Hortense Pajtler, toujours classée première des non-promues ou blessée lors des derniers Concours… Une jolie danseuse, fiable et aux propositions toujours intéressantes. 2025 pourrait également être l’année de Lisa Petit, dont on se souvient de la Raymonda à l’École, et toujours lumineuse dans le corps de ballet. Sarah Barthez est aussi une candidate à la promotion, car ayant enfin décroché son CDI, et toujours bien distribuée, elle est une danseuse solide et charismatique.

Claire-Lise – Avec deux places, une pourrait aller à Lucie Devignes, elle est pas mal distribuée pour son grade et montre beaucoup de présence sur scène, en classique comme en contemporain. Elle se démarque. Et je la vois aussi bien danser la variation de Giselle que celle de Signes. La deuxième pourrait aller à une des jeunes de la rentrée 2023 ou 2024 avec une variation de Gamzatti bien envoyée – par contre j’ai l’impression de ne pas les avoir assez vues pour me prononcer plus que ça.

 

Les coups de coeur

Amélie – Je garde toujours un brillant souvenir de Lisa Petit en Raymonda à l’École de Danse. Son début de carrière a été entaché par des blessures, mais elle mérite de monter en puissance. Pour une deuxième place, j’aime beaucoup la régularité de Lillian Di Piazza, Lisa Gaillard-Bortolotti ou Hortense Pajtler. Je pense aussi à Yeeun Lee qui m’avait épatée au Concours de l’année dernière. Seulement deux places, c’est difficile.

Camille – En suivant la même logique que pour les pronostics, il serait intéressant de voir un profil contemporain passer et ma préférence irait pour Marion Gautier de Charnacé que l’on remarque toujours sur scène par sa personnalité. Je ne connais pas assez individuellement les autres quadrilles pour me prononcer.

Talons Pointes – J’aimerais voir monter Lisa Petit, qui sort toujours du lot avec son charisme naturel, ou Hortense Pajtler qui ne démérite jamais dans ses prestations. Pourquoi pas aussi Lisa Gaillard-Bortolotti, et ses jambes interminables.

Claire-Lise – Sofia Rosolini et Lucie Devignes, toutes les deux polyvalentes et de vraies personnalités en scène qui ne laissent pas indifférente. Je souhaite très fort une promotion à Marion Gautier de Charnacé, mais je n’arrive pas du tout à voir si ce nouveau mode de concours avec la variation contemporaine va lui servir ou pas.

 

 

Classe des Coryphée femmes

Deux postes de Sujet à pourvoir. Variations imposées : Sylvia-pas-de-deux de George Balanchine ou Suite en blanc de Serge Lifar, variation de la Sérénade ou Vaslaw de John Neumeier. 

Les tendances

Amélie – Seulement deux places là encore, cela laisse aussi présager de promouvoir plutôt les profils classiques. Claire Teisseyre fait un parcours sans faute depuis son recrutement, elle a brillé dans la Sylvia de Manuel Legris la saison dernière et a montré qu’elle avait clairement sa place chez les Sujets. Si elle se fait plus discrète depuis ce début de saison, Luciana Sagioro fait clairement partie des danseuses mises en avant.

Camille – De belles variations imposées pour une belle classe. Les prestations devraient être intéressantes. Claire Teisseyre se fait toujours remarquer sur scène et a pas mal dansé la saison passée. Luciana Sagioro a également fait une belle saison et fait partie des espoirs de la compagnie.

Talons Pointes – Des variations aux styles si différents que chacune devrait trouver son bonheur dans une des imposées ! Cela promet d’être intéressant, quoique je sois moyennement fan de la Sylvia de George Balanchine. Ambre Chiarcosso fait partie des danseuses sur qui l’on peut compter. Toujours bien distribuée et brillante, cette danseuse a toutes ses chances. L’une des deux places devrait revenir à Claire Teysseire, qui a tant brillé l’an dernier au Concours. Sa danse est toujours fluide et élégante tout en étant une solide technicienne ! Koharu Yamamoto est, elle, rompue à l’exercice des concours. Bien que je ne sois pas sa première fan, il faut reconnaître l’intelligence de son travail comme dans sa si belle variation de Donizetti l’an dernier. De même pour Luciana Sagioro qui semble dans les bonnes grâces de la direction.

Claire-Lise – Pas si facile que ça ! Je mise sur une promotion de Luciana Sagioro ou Koharu Yamamoto, toutes les deux ont des variations à danser régulièrement (Pas de Trois de Paquita, les fées et/ou l’Oiseau bleu dans La Belle au bois dormant, les deux Willis….). Mais surtout de Claire Teisseyre, cette dernière étant pas mal mise en avant, par exemple en dansant le rôle de Diane dans Sylvia de Manuel Legris, et de plus déjà habituée à être soliste.

 

Les coups de coeur

Amélie – Claire Teisseyre marque vraiment la scène pour moi et j’aimerais la voir passer. Pour la deuxième place, plusieurs noms me viennent en tête. Seohoo Yun m’a beaucoup impressionnée lors du programme Racines, avec un fort tempérament. Luciana Sagioro est une danseuse ultra-brillante, qui mérite de monter vite dans la hiérarchie. Katherine Higgins pourrait monter au mérite, elle assure avec toujours beaucoup de percutant les rôles de caractère. Je garde toujours une certaine affection pour Charlotte Ranson, si solaire, dont une promotion en fin de carrière ne serait pas imméritée – pour le coup, le choix d’une variation contemporaine pour la pousser à participer. Bref, j’ai du mal à ne citer que deux danseuses.

Camille – J’ai beaucoup apprécié la présence et la technique de Claire Teisseyre à chaque fois que je l’ai vue sur scène. Seohoo Yun a également une présence magnifique, j’aimerais la voir sans plus de rôles.

Talons Pointes – Claire Teysseire ! Si courageuse d’avoir repris du début à Paris, mais cela a payé. Une superbe danseuse, visiblement appréciée de la direction, qui serait plus à sa place chez les Sujets ou les Premières Danseuses à mon sens. Ensuite, j’aimerais tant voir monter Katherine Higgins ! Privée de concours l’an dernier en raison des débats internes, elle est si solaire et si brillante, mais on ne sait plus si on ose y croire… Ambre Chiarcosso a elle aussi de bonnes chances et je serais heureuse de la voir promue.

Claire-Lise – Katherine Higgins et Camille de Bellefon, sans hésiter. Ce sont deux superbes danseuses que j’aimerais voir plus souvent, ainsi que Victoire Anquetil. Toutes les trois peuvent aussi bien porter une pièce que mener un corps de ballet, et pourraient bien en sortir de temps en temps.

 

 

Classe des Coryphées hommes

Deux postes de Sujet à pourvoir. Variations imposées : Suite en blanc de Serge Lifar, variation de la Mazurka ou Sylvia de Manuel Legris, variation d’Aminta de l’acte III ou Vaslaw de John Neumeier. 

Les tendances

Amélie – Après avoir été titulaire du rôle d’Albrecht il y a quelques semaines, Milo Avêque fait clairement partie des favoris – voire du grand favori pour la première place. Pour la deuxième, plusieurs peuvent y prétendre au vu des distributions : bien sûr le magnétique Enzo Saugar, qui s’est démarqué dans la soirée Racines, mais qui peine encore à avoir de belles distributions régulières, Théo Ghilbert vient de faire un très joli Pas de deux des vendangeurs dans Giselle, Aurélien Gay est toujours super-investi quel que soit son rôle, Keita Bellali s’est fait remarquer dans la récente Sylvia… Sans oublier les petits jeunes solides, qu’on connaît encore peu mais qui brillent en concours, comme Rémi Singer-Gassner. Une classe assez ouverte.

Camille – Enzo Saugar a une personnalité particulière qui se remarque beaucoup. Il est temps qu’il continue sa progression. Milo Avêque et Aurélien Gay ont chacun fait une belle saison et pourrait se démarquer.

Talons Pointes – Au regard des distributions, une promotion semble tout indiquée pour Alexander Maryianowski. Ce danseur élégant, distribué en Lenski la saison passée a un vrai potentiel de soliste. Partenaire sûr et danseur talentueux, voilà qui devrait conduire à une promotion prochaine. Enzo Saugar fait lui aussi partie des favoris, un superbe danseur, aux lignes indécentes.

Claire-Lise – Aurélien Gay danse souvent les pas de deux (L’oiseau bleu, les vendangeurs…) et autres petits rôles emblématiques. Il pousse la porte depuis deux ans au moins, je le vois bien être promu. Et puis il y a l’incroyable opportunité qu’a eu Milo Avêque de danser Albrecht en ce mois d’octobre – s’il passe un bon concours je ne vois pas comment il ne pourrait pas monter. La variation de Suite en blanc pourrait bien lui aller. Après il y a également Enzo Saugar à qui on a donné un beau duo dans Corybantic Games. Après avoir passé deux années calmes depuis son éruption lors du Chant du compagnon errant, peut-être qu’il est prêt maintenant ?

 

Les coups de coeur

Amélie – Moi de toute façon chez les Coryphées, c’est toujours la même chose depuis dix ans : je suis de la team Hugo Vigliotti. Le danseur a une telle personnalité, tellement d’humour et de talent de jeu ! Je ne sais même pas s’il passe le Concours, le choix de la variation contemporaine va peut-être le motiver. Pour la deuxième place, je n’ai pas d’opinion tranchée. J’aime beaucoup Keita Bellali et ce qu’il dégage en scène. Aurélien Gay n’a pas toujours un travail des plus propres, mais il est tellement investi, il donne toujours tout dans le jeu qu’il mériterait de passer Sujet. Avec lui, on sait que le personnage va vivre et marquer la scène. Et puis Enzo Saugar, tellement incroyable dès qu’il est en scène, mais je ne suis pas sûre que l’Opéra de Paris soit la compagnie qui lui convienne le mieux.

Camille – Keita Bellali a une présence lumineuse mais il a été promu récemment. Enzo Saugar semble quant à lui prêt pour les rôles de solistes, j’aimerais le voir évoluer encore. Globalement, il s’agit d’une très belle place qui promet un beau spectacle. Ils sont nombreux à pouvoir passer sans créer un scandale.

Talons Pointes – Alexander Maryianowski est définitivement un de mes favoris, un poste devrait lui revenir si tout se passe bien. Mon petit coup de cœur va à Aurélien Gay, toujours si juste et captivant dans les rôles de demi-soliste, sa joie de danser est communicative et sa technique toujours brillante. J’ai toujours en tête son Fakir dans La Bayadère, auquel il donnait une vraie épaisseur, un rôle à part entière. Je ne serais pas fâchée de voir monter Enzo Saugar ou Rémy Singer-Gassner, même s’ils n’ont pas encore eu le loisir de se frotter à suffisamment de rôles à mon goût pour l’instant.

Claire-Lise – Milo Avêque et Enzo Saugar, tous les deux pour leur présence magnétique en scène.

 

 

Classe des Sujets femmes

Deux postes de Première danseuse à pourvoir. Variations imposées : Suite en blanc de Serge Lifar, variation de la Cigarette ou Casse-Noisette de John Neumeier, variation de Louise de l’acte II ou Le Sacre du Printemps de Maurice Béjart, solo de l’Élue.

Les tendances

Amélie – Deux postes, c’est le luxe pour les Sujets femmes, toujours la classe sous haute tension, et que, je dois avouer, je ne pensais pas retrouver en Concours. Clara Mousseigne, avec sa récente Myrtha ou son Aurore la saison dernière, est clairement la Sujet la mieux distribuée. Ensuite, cela semble ouvert pour la deuxième place. Camille Bon a fait ses preuves dans de nombreux seconds rôles, Aubane Pḧilbert a eu droit à Olga la saison dernière, Naïs Duboscq a montré sa solidité et sa fiabilité à de nombreuses reprises, Hortense Millet-Maurin représente la jeunesse brillante, sans oublier Bianca Scudamore et son joli Pas de deux des paysans en début de saison. Pour le coup, celle qui prendra la variation contemporaine où il faut montrer beaucoup de personnalité, assorti à une libre virtuose, aurait ses chances. Pour cette classe, avoir le choix des variations imposées semble intéressant.

Camille – Ahlala c’est toujours LE grade qui nous fait parler… Et avouons-le, les débats enflammés sur les Sujets femmes nous manquaient toujours un peu. Pour autant, je reste convaincue que le Concours pour cette classe reste une idée obsolète. De nombreuses artistes ont déjà fait leurs preuves sur scène et il n’y a pas besoin d’un concours pour savoir qui pourra faire une belle Première danseuse. D’ailleurs, pas sûre que Marine Ganio aurait obtenu une promotion par concours alors que ses prestations sur scène montraient qu’elle serait à sa place dans le grade supérieur. Cela étant dit, je pense que la place se jouera entre Clara Mousseigne et Hortense Millet-Maurin qui sont très bien distribuées et semblent promises à des avenirs brillants. Je donnerais l’avantage à la première. Célia Drouy et Camille Bon peuvent se situer en embuscade même si une promotion me semble moins évidente malgré leurs belles distributions. Malheureusement Bianca Scudamore semble hors course tant elle est mal distribuée. À voir le jour J mais elle n’a pour l’instant jamais été promue sous le système du Concours malgré de belles prestations.

Talons Pointes – Une sacrée classe chez les Sujets femmes ! La Cigarette, un grand classique, une valeur sûre ! Louise de John Neumeier, classique mais aussi un peu outsider, et Le Sacre, une pièce qui demande un sacré charisme… De quoi faire briller toutes les belles danseuses de cette classe ! Et avec deux postes seulement, le choix va être difficile. Tant de solistes potentielles… Si l’on se fie aux distributions, cela pourrait être pour Hortense Millet-Maurin à la progression fulgurante ou Clara Mousseigne. Je suis plus sensible au charme de la première que de la seconde mais il faut reconnaître que l’on est rarement déçu de la voir danser. Bianca Scudamore semble revenue dans les bonnes grâces de la direction, récemment, ce Concours pourrait lui sourire. Enfin, si la volonté de la direction va dans le sens « politique » de promouvoir des artistes « contemporains », on pourrait envisager la promotion de Letizia Galloni.

Claire-Lise – Elles sont toutes magnifiques… Comment choisir ? Si on s’oriente aux choix de distributions de la direction, c’est le moment de Clara Mousseigne, qui a eu la chance de danser Myrtha une dizaine de fois. Ne l’ayant pas encore vue dans ce rôle, je ne peux rien dire sur l’interprétation, mais sa technique ébouriffante doit bien lui servir. Myrtha, un rôle d’Étoile – la promotion semble logique. Mais est-ce qu’on peut s’attendre à un deuxième profil complètement différent ? Genre Nine Seropian qui a déjà fait ses preuves dans le classique comme dans le contemporain, géniale dans du Jiří Kylián comme dans du Sharon Eyal. Ou Célia Drouy, à qui on avait confié le rôle difficile à construire de l’Impératrice Elizabeth dans Mayerling.

 

Les coups de coeur

Amélie – Je garde toujours un enthousiasme pour Bianca Scudamore. Elle est si talentueuse, si brillante en scène ! Après sa réussie prise de rôle de Gamzatti en 2022, elle a semblé un peu plus en retrait lors du changement de direction, mais paraît revenir. Il ne lui manque qu’un dernier coup de pouce pour complètement décoller. Avec deux postes de disponible, elle a toutes ses chances ! Pour la deuxième place, je n’ai pas franchement de favorite – si ce n’est Éléonore Guérineau, si artiste, mais je ne suis même pas sûre qu’elle passe le Concours. Clara Mousseigne est franchement impressionnante, on sent que rien ne lui fait peur. Très subjectivement, j’ai encore du mal cependant à voir une personnalité artistique affirmée. Mais elle a su faire ses preuves. Un petit mot enfin sur les hommes. Lorenzo Lelli pâtit clairement du manque de poste, et c’est dommage car il a le potentiel pour aller plus haut. Espérons que cela se libère vite dans les prochaines années, cela commence à se bousculer.

Camille – Question très difficile tant cette catégorie comprend de grandes artistes. J’aime la qualité de la danse de Clara Mousseigne et aimerais la voir programmée dans davantage de rôles de premier plan. Je garde beaucoup d’admiration pour Éléonore Guérineau, toujours percutante et dont les prestations passées en Giselle ou en Lise ont montré qu’elle était une soliste. Et enfin, une petite pensée pour la classe des hommes qui comprend de beaux espoirs (notamment Lorenzo Lelli et Nicolas Di Vico) et qui ne pourra pas se défendre pour une promotion cette année.

Talons Pointes – Bon on ne va pas se mentir, on a envie de croire à la promotion de Bianca Scudamore cette année. J’étais si heureuse de la retrouver dans le pas de deux des vendangeurs, mais on aimerait surtout la revoir en Gamzatti comme en 2022 ! Autre danseuse à la danse intelligente et raffinée, Aubane Philbert mériterait également une promotion, pour justement danser de plus en plus de rôles de soliste. Ceci étant, je serais ravie de voir monter Hortense Millet-Maurin et sa danse juvénile et raffinée, qui accèdera sans aucun doute au rang de Première danseuse prochainement.

Claire-Lise – Letizia Galloni et Ida Viikinkoski (j’ai envie d’écrire : bien sûr). Le directeur a déjà montré sa volonté de donner de l’espoir à tout le monde en promouvant des danseuses et danseurs à des stades différents de leur carrière. Donc si l’une d’elles fait un très beau concours… mais non, je rêve. D’ailleurs, si je continue à rêver, je vois arriver Alice Catonnet. Et pour la classe des Sujets hommes (oui je sais…) : Lorenzo Lelli parmi les favoris. Et dans mes coups de cœur : Lorenzo Lelli… et Antonio Conforti, un si bel artiste! Et Daniel Stokes, à l’aise dans tous les styles.

 

 

 

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