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École de Danse de l’Opéra de Paris – Les Démonstrations 2018, les grandes classes

Après les petites classes, place aux grandes classes pour les Démonstrations 2018 de l’École de Danse de l’Opéra de Paris. Se déroulant sur une après-midi, elles permettent de voir un aperçu des cours de danse classique de la 3e à la 1ère division, ainsi qu’un cours de danse de caractère – particulièrement réussi cette année – et le cours d’adage, ou pas de deux. 

Les Démonstrations de l’École de Danse de l’Opéra de Paris – Image d’archive

Les cours de danse classique

3e division garçons – Professeur Christophe Duquenne, pianiste Masako Shimura

Comme souligné par Élisabeth Platel en ouverture, la différence de niveau entre les 4es et les 3es divisions est assez flagrant. En terme de technique, mais aussi de maturité, de stature, de présence. La classe de Christophe Duquenne, qui est depuis peu professeur, est très agréable à regarder, avec des garçons qui ne sont pas timorés. Tout démarre par des dégagés et des grands battements pour préparer au travail de la cabriole. L’exercice des pirouettes insiste sur le contrôle, nécessaire pour aborder les relevés suivis, avant de passer aux tours secondes, “un exercice délicat, les appuis ne sont pas toujours très francs“, explique le professeur. Après des petits sauts – “attention à la tonicité de la deuxième jambe” – place à de la petite batterie puis les grands sauts avec des fouettés arabesques, pour continuer le travail vu le matin dans les petites classes. Les élèves finissent par des tours en l’air, certains finis sur une jambe.

 

3e division filles – Professeure Fanny Gaïda, pianiste Richard Davis

Les filles démarrent par une série de relevés sur pointes “pour renforcer les chevilles“, avant d’enchaîner avec des pirouettes en dehors et en dedans, pas évidentes mais “il faut se confronter aux difficultés“, explique Fanny Gaïda. Les filles aussi ont droit à des fouettés arabesques – “attention au travail sur l’en-dehors“. Pour les sauts, place à différentes combinaisons de sissonnes, d’abord statiques, puis en déplacement. Les filles terminent par des diagonales de piqués, pas évident là non plus avec la pente. 

 

2e division garçons – Professeur Éric Camillo, pianiste Ellina Akimova

Le niveau, là encore, monte d’un cran, même si les physiques sont différents, entre des déjà baraqués et des plus fluets. Place d’abord à un simple exercice de dégagés et de pirouettes, “pour prendre la température du plateau“, comme l’explique le professeur. L’exercice de tours est complexe, avec enchaînement de tours seconde et attitude et “ce n’est pas évident, il y a un vrai travail pour tenir la pause finale“. Les sauts aussi se complexifient dans leurs enchaînements, avec une spécificité de l’école française : le brisé télémaque et le brisé Taglioni. Le travail des grands sauts se base sur les différents grands jetés, avec un accent sur la traversée de la scène et la suspension. Si les élèves paraissent un peu timides au début, ils se détendent de plus en plus et donnent beaucoup d’allure à cet exercice. Tout se termine par des doubles tours en l’air et des entrechats 6.

 

2e division filles – Professeure Fabienne Cerutti, pianiste Louis Lancien

La classe démarre par un hommage à Jacqueline Moreau, décédée récemment, avec l’un de ses exercices de dégagés. Il y a beaucoup d’épaulement, de rapidité du bas de jambe, les filles sont très ensemble et cela fait son petit effet. Les élèves proposent ensuite un adage, “tout est dans la respiration, les ports de bras, la présentation du bas de jambe“. Après un exercice de pirouettes, place à des petits sauts sur pointes, puis une grande valse, “on respire et on prend tout le plateau !“. Les élèves terminent par une diagonale et la révérence, voilà un joli groupe avec une graine de soliste au milieu. 

Les Démonstrations de l’École de Danse de l’Opéra de Paris – Image d’archive

1ère division garçons – Professeur Wilfried Romoli, pianiste Gaëlle Sadaune

Les personnalités se démarquent tout de suite dans cette classe : voilà sur scène huit jeunes hommes tous différents, qui ont appris à exprimer leur personnalité. Techniquement cependant, on ne voit pas forcément une différence flagrante avec la division du dessous. Contrairement à son prédécesseur Jacques Namont qui aimait faire briller ses élèves individuellement, Wilfried Romoli insiste sur le groupe et la “prudence” (un terme qu’il utilise régulièrement) face aux difficultés techniques, souvent pour la première fois abordées en scène. Après un adage, les élèves passent aux tours seconde, puis à la petite batterie, et enfin aux tours en l’air, mais qui s’effectuent ici sur une musique d’adage. La difficulté est ici dans la musicalité, “on ne peut pas prendre appui sur cette musique“, plutôt réussi et très intéressant à regarder. Les élèves terminent par les manèges – “et on ne se lance pas n’importe comment” avant de terminer de façon plutôt brillante par une grande batterie.

 

1ère division filles – Professeure Carole Arbo, pianiste Claire Djourado

C’est un peu la même réflexion globale pour les filles : techniquement, on ne sent pas un fossé gigantesque avec la division d’en dessous, mais les personnalités artistiques s’expriment mieux. Preuve en est avec l’adage qui démarre traditionnellement les Démonstrations de cette classe, et toujours un beau moment de danse. Les élèves proposent ensuite un exercice de pirouettes en deux passages : l’un comme un vrai exercice de cours, l’autre comme une petite variation, “parce que c’est ce que l’on va leur demander à la fin de l’année“, explique Carole Arbo. Les élèves se lancent ensuite dans une petite batterie avec une grande rapidité du bas de jambe, avant un joli final composé de diagonales, grands jetés, fouettés et autres éléments de la grande technique féminine. 

 

Les cours complémentaires

3e divisions filles et garçons – Classe de danse de caractère – Professeure Roxana Barbacaru, pianiste Ellina Akimova

C’est l’un des moments coup de coeur de cette journée de Démonstrations. Délaissant cette année les danses russes, Roxana Barbacaru a décidé de faire travailler les danses irlandaises. On y retrouve quelques fondamentaux des danses de caractère, comme les clés, avec beaucoup de jeux dans l’espace… mais pas de chaussures à talon. “C’est un vrai travail pour le souffle et le placement du corps de ballet“, explique la professeure. La chorégraphie est effectivement diabolique, à la fois très rapide dans le bas de jambe, plutôt longue et avec un jeu complexe dans déplacement dans l’espace. Et les élèves se font plaisir ! Il y a visiblement une vraie joie de danser et d’être sur scène, et des adolescent.e.s épanoui.e.s. Les différents exercices montrent plusieurs facettes de la danse irlandaise, l’une plus rapide, l’autre plus lyrique, et pour finir un jeu de temps/contre-temps très bien exécuté. Un plaisir à regarder ! 

 

1ères divisions filles et garçons – Classe de pas de deux – Professeure Wilfried Romoli, pianiste Masako Shimura

Le cours d’adage ou de pas de deux termine traditionnellement cette journée de Démonstrations. Un beau moment dans l’ensemble, avec des élèves qui dansent véritablement à deux et des portés pas évidents vraiment réussis. Les jeunes danseurs et danseuses se lancent dans quatre courts adages, avec quatre pirouettes et quatre portés différents, pour montrer aussi toutes les variations de l’art de l’adage. Puis un exercice de petits sauts, où le danseur ne fait pas que le “porteur”, mais danse en même temps que sa partenaire. Enfin les élèves se lancent dans des portés avec élan, “où le danseur finit par rattraper sa partenaire… du moins on l’espère“, lance avec malice Wilfried Romoli. Mais pas d’erreur chez ces grands Petits rats, qui proposent une belle danse soignée. Avec déjà le regret de savoir qu’ils et elles ne seront pas tous et toutes engagées. 

Les Démonstrations de l’École de Danse de l’Opéra de Paris – Image d’archive

 

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