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[Prix de Lausanne 2019] Rencontre avec le candidat João Vitor Da Silva et la candidate Olivia Daugherty

L’américaine Olivia Daugherty (107) et le brésilien João Vitor Da Silva (203) ont tous les deux quinze ans, et sont parmi les candidat.e.s les plus jeunes du Prix de Lausanne 2019. Danseur.se.s aux profils très différents, ce sont deux de nos coups de cœur, parmi de nombreux autres… Prometteurs, João Vitor Da Silva et Olivia Daugherty se distinguent par l’aisance dont ils font preuve en dépit de leur jeune âge, l’une dans son contrôle et son assurance, l’autre dans des pirouettes et des sauts (aidés par un ballon naturel) déjà très bien maîtrisés après seulement trois ans de danse. DALP les a rencontré.e.s et vous propose deux petits entretiens pour faire leur connaissance.

Olivia Daugherty et João Vitor Da Silva – Prix de Lausanne 2019

 

Olivia Daugherty

D’où venez-vous ? Quelle est votre formation en danse ?

Je viens de Denver dans le Colorado. J’étudie à l’International Ballet School depuis presque deux ans, mais cela fait dix ans que je fais de la danse classique. Avant, je pratiquais aussi tous styles de danse, mais je me focalise depuis quelques années sur le classique et le contemporain.

 

Du contemporain, vous en avez fait beaucoup jusqu’ici ? Est-ce que vous vous êtes facilement adaptée aux cours qui sont proposés à Lausanne ?

Oui, je fais beaucoup de danse contemporaine, alors les cours ici me conviennent bien. Ils me plaisent vraiment.

Olivia Daugherty – Prix de Lausanne 2019

Comment avez-vous déterminé quelles variations choisir pour le Prix ?

J’ai choisi la troisième Ombre de La Bayadère parce que je peux vraiment l’interpréter et montrer une certaine performance artistique (“artistry”). J’ai aussi opté pour cette variation à cause du travail de souplesse des jambes et pour celui du haut du corps. En contemporain, je danse Becomings de Wayne McGregor, notamment parce que le style est très similaire à celui auquel je suis habituée. Mais c’est aussi plus énergique que l’Ombre, on traverse la scène, ça va de haut en bas… Cela peut faire un contraste.

 

Quels sont les aspects techniques que vous avez spécifiquement travaillés avant de venir ?

La technique générale et l’interprétation, bien sûr, mais j’ai insisté sur le contrôle, parce que je voulais vraiment m’en sortir sur la scène en pente. C’était aussi l’avis de mon professeur.

 

Vous avez ici des cours de danse classique avec Élisabeth Platel. Est-ce que cela vous plaît ? Comment appréhendez-vous son enseignement de l’école française auquel vous n’êtes pas nécessairement habituée ?

Je suis formée avec la technique Vaganova. Mais j’aime vraiment la façon d’enseigner d’Élisabeth Platel. Je trouve que c’est plus orienté vers le public, on fait attention à ce qu’on lui présente, plutôt que de rester dans une petite boîte, dans notre bulle. J’ai l’impression que l’école Vaganova insiste plus sur la technique, sur la structure, alors que ce que l’on fait ici est plus artistique. Je suis par contre habituée aux petites batteries et à ce genre de petits sauts difficiles, que l’on pratique très souvent dans mon école.

 

Comment se sont déroulés les coachings ? Que vous a-t-on conseillé ?

C’était très bien, j’ai beaucoup appris avec Monique Loudières, notamment sur le plan artistique. Par exemple, elle m’a fait adoucir certains mouvements. Elle a aussi corrigé mes bras pour m’aider à tenir les poses. En contemporain, on m’a surtout dit d’occuper l’espace, de bien tirer parti de tout cet espace que j’ai à disposition pour danser ma variation.

Olivia Daugherty (107) – Prix de Lausanne 2019

Qu’attendez-vous du Prix de Lausanne, sur le court et sur le long terme ?

Je suis ici prioritairement pour vivre l’expérience du Prix de Lausanne, pour suivre les cours de tous ces professeur.e.s incroyables, comme Élisabeth Platel justement. Je veux apprendre beaucoup et grandir, comme danseuse. Ensuite pour ce qui est des écoles, je suis curieuse et intéressée par toutes les opportunités qui pourraient se présenter. Néanmoins, j’aimerais quand même rester aux États-Unis, et, surtout, je voudrais bien danser au San Francisco Ballet plus tard. Je n’ai pas encore eu l’occasion de faire l’expérience de l’ambiance qui y règne, comme lors d’un Summer Intensive par exemple, mais j’ai l’impression qu’il y a là-bas une atmosphère intéressante, en plus de leur répertoire qui me plaît beaucoup. C’est pour cela que j’ai très envie de pouvoir y aller à un moment où un autre, découvrir quelle est la culture de la compagnie.

 

 

João Vitor Da Silva

Où avez-vous commencé la danse ? Y a-t-il d’autres danseurs dans votre famille, ou êtes-vous le seul ?

Dans ma famille de nombreuses personnes dansent, mais avec le carnaval. Cela fait partie de notre culture. Moi, j’ai commencé la danse classique par le biais d’un projet spécial. L’école de danse dans laquelle je suis toujours actuellement, qui s’appelle Ballet Vórtice, organise un projet qui consiste à chercher de potentiels danseurs.euses de talent dans les classes. C’est donc par ce biais que j’ai commencé la danse.

 

Comment se passe votre formation dans cette école ?

Il faut savoir que je n’ai commencé la danse classique qu’à douze ans. Mon entraînement, jusqu’ici, a surtout été très intensif, comme j’avais commencé tard et qu’il me restait peu de temps pour me former. Pour le Prix de Lausanne, c’est devenu encore plus intense.

 

Comment s’est déroulée votre sélection au Prix de Lausanne ?

J’ai été sélectionné, avec deux autres candidat.e.s, lors des pré-sélections au Brésil. J’ai décidé de venir parce que c’est la meilleure compétition à laquelle je puisse participer.

João Vitor Da Silva (203) – Prix de Lausanne 2019

Quelles variations avez-vous choisies pour ce concours ?

Mes variations se complètent bien entre elles. Je danse la variation Frantz dans Coppélia pour le classique. On était d’accord, avec mon professeur, que c’était la meilleure pour moi parce qu’il s’y trouve ce que je préfère faire et ce que je fais le mieux : des sauts, des pirouettes, des tours en l’air. Pour le contemporain, c’est un peu plus difficile parce que je n’en ai jamais fait avant. J’ai donc choisi une variation qui puisse quand même me convenir, Furia Corporis de Mauro Bigonzetti. Elle est aussi un peu plus lyrique que ma variation classique.

 

Que pensez-vous de ces premiers jours au Prix de Lausanne ?

Le seul fait d’être ici, c’est vraiment un rêve. J’avais regardé le concours sur l’ordinateur à la maison et je rêvais de venir. J’ai été assez nerveux au début, mais cela se calme à chaque fois au fil de la journée. Les cours de danse sont quant à eux à la fois semblables à ce que je fais et assez différents : le langage est toujours le même bien sûr, mais il faut s’adapter à d’autres styles, puisque chaque professeur enseigne le sien.

 

Qu’attendez-vous de ce concours, qu’aimeriez-vous qu’il vous apporte ?

Je veux faire le mieux possible, parce que j’ai travaillé vraiment dur pour être ici. Je ne pense pas forcément à gagner, c’est espérer trop, mais j’aimerais beaucoup obtenir une bourse. Précisément, je ne sais pas où je préférerais aller. J’admire beaucoup de danseurs, de compagnies du monde entier, mais pour l’instant je ne sais pas où, moi-même, je voudrais étudier.

João Vitor Da Silva – Prix de Lausanne 2019

Finalement, y a-t-il un rôle ou un ballet que vous rêvez absolument d’interpréter, plus tard ?

Le Corsaire !

 

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