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Gala 2019 de l’Académie Princesse Grace – L’école de l’excellence

Le Gala de l’Académie Princesse Grace est désormais une tradition bien établie, clôturant l’année d’études de cette école qui, en une décennie, est devenue un lieu d’excellence pour la formation des danseurs classiques. L’édition 2019 se divisait en trois parties distinctes : une entrée en matière composée d’un enchainement de petits clips chorégraphiques permettant aux élèves de montrer l’étendue et la diversité des techniques acquises à l’Académie. Puis une création spéciale pour l’école signée Claude Brumachon, Les Horizons Perdus. Enfin Jean-Christophe Maillot avait sélectionné des extraits de cinq de ses pièces en les “remasterisant” pour en faire un ballet en soi rebaptisé Traverses.

Gala 2019 de l’Académie Princesse Grace

Comment ne pas être étonné à chaque fois que l’on voit l’Académie Princesse Grace sur scène ? Si elle est née en 1975 selon le souhait de Grace de Monaco, elle change de dimension en 2009 lorsque la décision est prise de l’associer étroitement aux Ballets de Monte-Carlo. Et en 10 ans, l’école est devenue une des meilleures références internationales et les apprentis danseuses et danseurs qui y ont suivi le cursus sont traqués par les grandes compagnies du monde entier. On comprend pourquoi dès la levée de rideau. Michel Rahn, professeur principal de l’Académie et assistant du directeur, a chorégraphié une pièce courte dans le plus pur style académique, réunissant la quasi-totalité des élèves. Brève mais efficace démonstration de la technique classique : alignements et synchronisation impeccables au rythme d’une polonaise d’Alexandre Glazounov.

Le compositeur russe n’est pas que l’auteur de la partition de Raymonda. Et pour la première partie de ce gala, Glazounov sert de fil rouge. Il donne à cette partie une cohérence musicale à défaut d’une unité stylistique. Car l’idée est précisément d’utiliser la diversité de styles acquis à l’Académie. Ces dix pièces sont ainsi comme de courts divertissements. Luca Masala, le directeur artistique de l’école, a fait appel à Francesco Nappa, Julien Guérin, Eugenio Buratti et Roland Vogel pour chorégraphier ces saynètes. Après la Polonaise d’ouverture succède ainsi un solo contemporain signé Francesco Nappa. Plus que la chorégraphie, c’est la danseuse qui subjugue : Mackenzie Brown dévore déjà la scène. À seulement 16 ans, la récente lauréate du Prix de Lausanne est une surdouée, dotée d’une technique qui frise la perfection et qui durant ce cours solo parvient à installer un personnage drôle, énigmatique et séduisant. On imagine aisément que les directrices et les directeurs de troupes vont se battre pour compter dans leur compagnie la jeune américaine. Dans ce patchwork, on relèvera aussi l’audace de Julien Guérin : le danseur et chorégraphe français a osé imaginer un pas de deux sur la célèbre variation solo dite de la claque du ballet Raymonda dans une écriture néo-classique très soignée. Orientale, pièce pour danseurs uniquement, est un autre temps fort de cette première partie, mettant en avant les qualités physiques et acrobatiques des élèves masculins. Avec en point de mire la grande prestation technique de Giovanni d’Agati, doté d’un évident charisme artistique.

Gala 2019 de l’Académie Princesse Grace

Pour la deuxième  partie, on a le bonheur de retrouver Claude Brumachon, qui se fait rare et qui est venu à Monaco pour créer directement avec l’Académie. Une expérience passionnante pour ces élèves amenés à se confronter à l’univers d’un chorégraphe contemporain. Le chorégraphe en a choisi huit pour la première de ce gala : trois couples mixtes et un couple d’hommes. Ces derniers, contrairement aux autres, sont habillés différemment et sont de dos lorsque le rideau s’ouvre. Claude Brumachon n’a pas fait de compromis avec son style habituel. Ce sont les élèves qui se sont magnifiquement adaptés à l’écriture du chorégraphe empreinte de force, voire de brutalité et où les corps ne sont jamais ménagés dans les sauts ou dans les chutes. Le travail du haut du corps est extrême avec des torsions maximales. Les Horizons Suspendus s’articulent sur des musiques de Haendel, Hildegard Von Bringen et Bruneau Billadeau, le tout entrecoupé de silences ou bruits de la mer. De quoi mettre à rude épreuve la musicalité des danseuses et des danseurs qui se plient magnifiquement à l’exercice et montrent qu’ils sont tout autant préparés pour la danse contemporaine et les créateur.rice.s d’aujourd’hui. L’ensemble est d’une grande beauté visuelle comme toujours dans les pièces de Claude Brumachon. Les couples s’y font et s’y défont sans souci de sexe.

Jean-Christophe Maillot referme le bal avec un florilège de cinq de ses ballets dont il a extrait un fragment, les reliant dans un récit continu, d’où son titre Traverses. Sur des musiques diverses qui allient Alexandre Scriabine, Steve Reich, Bruno Montovani, Meredith Monk et John Adams, le directeur des Ballets de Monte-Carlo offre aux élèves de l’Académie un écrin chorégraphique de luxe pour exprimer leur savoir-faire : des solos, des pas de deux, des ensembles masculins ou féminins, un joli travail de pointes et tout cela dans un changement perpétuel d’univers musical et de tempo. On ne peut qu’être bluffé par la maturité artistique de ces jeunes élèves et leur belle musicalité. Et relever à quel point le niveau technique général de la danse académique s’est élevé.

Gala 2019 de l’Académie Princesse Grace

On pense alors  à  la phrase fameuse de Margot Fonteyn dont on vient de célébrer le  centenaire de la naissance : “J’ai appris la différence entre prendre son travail sérieusement et se prendre au sérieux : le premier est impératif et le second un désastre“. C’est ce qu’illustre à merveille ces jeunes gens de l’Académie de la Princesse Grace dans un final ébouriffé où chacun et chacun endosse un tee-shirt coloré. On danse, on improvise, on s’amuse sur scène. Bref ! L’école est finie !

Gala 2019 de l’Académie Princesse Grace

 

Gala 2019 de l’Académie Princesse Grace à  la Salle Garnier de l’Opéra de Monte-Carlo. Autour de Glazonov de Michel Rahn, Francesco Nappa, Julien Guérin, Eugenio Buratti, Roland Vogel, L.Ferro, O.Tweedy, J.Klein et A.C.Meyer ; Les Horizons Suspendus de Claude Brumachon ; Traverses avec des extraits de Dov’e la Luna, Men’s Dance, Abstract Life, Opus 40 et Vers un Pays Sage par Jean-Christophe Maillot. Interprétés par les élèves de l’Académie Princesse Grace. Vendredi 21 juin 2019. À voir jusqu’au 23 juin.

 

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