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Les mystères du théâtre – Les feux de la rampe

Apparaître sur scène reste une expérience forte en émotions. La lumière vous aveugle, le trou noir devant vous semble vous absorber. Des perles de sueur coulent sans éteindre le feu de votre volonté. Vous êtes sous les feux de la rampe, expression taillée sur mesure pour continuer notre série des Mystères du théâtre. Aujourd’hui, les feux de la rampe ne font que vous illuminer. Mais au cours de l’histoire de la danse, ils furent plutôt le départ de plusieurs accidents dramatiques qui ont marqué la mémoire des théâtres.

 

À la torche

Être artiste est l’un des plus vieux métiers du monde…

Déjà au Moyen Âge, le feu accompagnait souvent les spectacles. On retrouve ainsi la trace d’un évènement tristement célèbre, appelé “Le Bal des Ardents”. Un titre qui pourrait inspirer de futur-e-s metteur-se-s en scène…

Le 28 janvier 1393, la reine Isabeau organisa un bal masqué à l’hôtel Saint-Pol, actuel quai des Célestins à Paris. On appelait cela un charivari, une sorte de mascarade : trompettes, flûtes et cymbales résonnent et tout le monde dansent ! Proches du roi, les ducs du Berry et de Bourgogne étaient présents à l’événement. Entraînés par l’ambiance et le vin, le roi et ses convives décidèrent de se déguiser en “sauvages”, avec des costumes de lin de plumes et de poils qui recouvraient l’ensemble du corps, afin de rester anonyme aux yeux du public. Certaines torches sont alors éteintes et l’espace fermé. Arriva plus tard le frère du roi, duc d’Orléans. Ignorant les festivités, il entra dans la salle munie de sa torche. Pour mieux voir qui se cachait sous ces accoutrements, il s’approcha d’un peu trop près… Et les costumes s’enflammèrent. Le bal prit des allures de bûcher : ne survivra de cet incident que deux danseurs, le roi Charles VI et Sieur de Nantouillet.

Les mystères du théâtre – Les feux de la rampe

Aux chandelles

Dans les théâtres des siècles suivants, le public veillait aux chandelles. Même si la scène était éclairée au fond par des bougies, on ne distinguait ainsi que des silhouettes sur le plateau. On décida alors de disposer des lustres de bougies et d’aligner les chandeliers à l’avant de la scène. Cette rampe, comme elle a été nommée et d’où vient l’expression, permettait de distinguer les artistes pour profiter de leur jeu. Le système était certes efficace, mais il fallait tout de même moucher les mèches régulièrement afin que ni le public ni les artistes ne s’étouffent.

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Au gaz

Au cours du XIXe siècle, la rampe est désormais éclairée au gaz. S’ils sont plus pratiques, le feux de la rampe n’en deviennent pas pour autant plus sûrs. Le 15 novembre 1862, la danseuse Emma Livry répète sur la scène de l’Opera de Paris, vêtue de son tutu long blanc et vaporeux. La danseuse s’en approcha de bien trop près et enflamma son tutu. Transformée en torche vivante, elle courut sur la scène avant qu’un pompier ne puisse se précipiter sur elle. Pour cacher sa nudité, elle tenta de ramasser sur elle les pans enflammés de son costume. Puis sa professeure Marie Taglioni, voulant bien faire, la couvrit malheureusement de graisse à démaquiller. Suite à cette série d’incident, Emma Livry mouru à 12 ans. Le plateau du London Royal Ballet verra disparaître Clara Webster dans des conditions similaires.

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Et l’électricité fût…

De nos jours, être sous les feux de la rampe se révèle bien moins dangereux et risque moins de nous brûler les ailes.





 

 

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