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Concours interne de promotion 2022 du Ballet de l’Opéra de Paris – Les tendances du public

Le Concours interne de promotion 2022 du Ballet de l’Opéra de Paris se tient le 4 novembre pour les danseurs et le 5 novembre pour les danseuses. Un Concours avec un nouveau Directeur de la Danse, José Martinez ayant annoncé qu’il serait présent dans le jury. Cela prend donc une autre dimension pour les artistes, qui au-delà d’une éventuelle promotion, auront ainsi l’espace de danser devant leur nouveau directeur. Quant à DALP, comme il est de coutume, place aux tendances du public, avec les avis et pronostics de blogueuses Danse, à quelques jours des épreuves. Le but n’est pas bien sûr de lancer les paris, mais plutôt de voir ce qui se dessine du côté des spectateurs et spectatrices assidues. Pour chaque catégorie ont été indiqués ceux et celles qui semblent le mieux placé.e.s pour être promu.e.s et les favori.e.s de chacune, sans autre considération que leur subjectivité personnelle. 

Les participantes cette année sont : Allison (blog Carnets d’Opéra), Maïa, Camille (DanseOpéra) et Amélie Bertrand (DALP). Note : les trois premières ont réalisé leurs tendances avant la nomination de José Martinez à la Direction de la Danse. 

Bonne chance et bon courage à tous les danseurs et danseuses qui seront sur scène pendant ce Concours et qui sont tous et toutes de formidables artistes. 

 

Classe des Quadrilles femmes

Deux postes de Coryphées à pourvoir. Variation imposée : Paquita de Pierre Lacotte, acte I, première variation du pas de trois. 

Les pronostics

Camille – Beaucoup de talent chez les jeunes filles et une variation qui semble à leur portée. Avec seulement deux postes, je parierais sur des petites nouvelles comme Hortense Millet-Maurin, pleine de promesses ou Adèle Belem, très charismatique. 

Maïa – Une classe très hétérogène entre les anciennes (piliers du corps de ballet) et toute une nouvelle génération que l’on connaît mal car arrivée en même temps que le Covid. Le Concours leur permettra donc de se révéler, certaines pour la première fois sur scène. Les pronostics sont durs à établir tant tout va se jouer sur la prestation du jour J. Je miserai sur deux nouvellement arrivées, pourquoi pas Lilian Di Piazza qui maîtrise les solos (ancienne Principale du Pennsylvania Ballet qui a choisi de repartir de zéro à Paris) et une jeune sortante de l’École.

Allison – Luna Peigné était sortie du lot et avait failli être promue l’année dernière. Elle a continué à ciseler sa danse cette saison, très délicate dans le pas de quatre de La Bayadère, on peut penser qu’elle a toutes ses chances. Ambre Chiarcosso aussi pourrait peut-être obtenir enfin une promotion, d’autant qu’elle s’est beaucoup produite comme soliste avec les Italiens de l’Opéra de Paris.

Amélie – En général, les jeunes talents sont plutôt favorisés dans ces classes. Mais dans les distributions, l’on a plutôt retrouvé des anciennes. Marion Gautier de Charnacé est ainsi distribuée comme une soliste dans le répertoire contemporain, Eugénie Drion ou Ambre Chiarcosso, ont eu leur chance dans La Bayadère. Si l’on se fie aux distributions, je privilégierai donc plutôt deux danseuses expérimentées. La prestation du jour joue aussi beaucoup à ce grade, et le nouveau directeur aura peut-être envie de favoriser un talent plus classique.

 

Les favorites

Camille – Amélie Joannidès a une personnalité lumineuse et propose toujours des variations inspirées. Elle attend depuis longtemps. J’apprécie également Eugénie Drion qui fait de jolis concours et possède une personnalité que l’on remarque. 

Maïa – Pour mes favorites, je penche vers les plus anciennes que l’on connaît mieux. Marion Gautier de Charnacé reste, d’année en année, une de mes danseuses préférées. Mais sait-on si elle passe encore le Concours ? Sinon Adèle Belem ou Amélie Joannidès méritent une avancée. 

Allison – J’ai eu un gros coup de cœur pour Saki Kuwabara, à la fois solide techniquement et dont la sensibilité artistique et la finesse du travail mériteraient d’être mises en avant ! Un petit faible également pour le parcours de Lillian di Piazza, qui rappelle celui de Ludmila Pagliero (ancienne Principal aux US engagée comme Quadrille). On a pu la voir danser dans Le Songe d’une nuit d’été et son expérience de surnuméraire devrait lui avoir permis de prendre le style de la compagnie.

Amélie – Deux ans de Covid et six ans de programmation peu tournée vers les classiques, on ne connaît plus personne ! C’est marquant tout de même de se rendre compte que l’on ne reconnaît plus grand monde dans cette classe parmi les nouvelles venues. L’année dernière, j’avais beaucoup aimé le travail en concours d’Apolline Anquetil ou Gloria Poubeau, même si l’on sentait trop qu’elles n’avaient pas assez dansé. Il sera intéressant de les revoir après une véritable saison. J’attends aussi de découvrir les jeunes talents qui sont entrés il y a un an dans le corps de ballet. Je laisserai bien une place pour une jeune, et une place pour une plus ancienne, comme Ambre Chiarcosso ou Eugénie Drion, qui sont importantes dans le corps de ballet.

Marion Gautier de Charnacé

Classe des Quadrilles hommes

Deux postes de Coryphée à pourvoir. Variation imposée : La Fille mal gardée de Frederick Ashton, acte II, variation de Colas. 

Les pronostics

Camille – J’avoue que je les connais à peine ! Les ballets demandant de gros effectifs se font rares aussi, difficile de les voir sur scène. Comme souvent chez les Quadrilles, le jour du concours sera déterminant. C’est souvent dans cette classe que l’on a des révélations parmi les petits jeunes nouvellement arrivés. 

Maïa – Une variation qui ne demande pas un réel travail d’interprétation mais où la qualité de saut et de propreté devront être mise en avant. Comme pour leurs pendants féminins, les pronostics durs à formuler… Je miserai sur un poste pour un nouveau tout juste sorti de l’école, pourquoi pas Corentin de Naeyer. Ensuite le deuxième poste pour un ancien qui a fait ses preuves en scène, Aurélien Gay par exemple : cette variation lui irait bien avec des sauts et des tours comme il aime les montrer sur Instagram ! On peut également penser à Giorgio Fourès qui livre de belles prestations avec les tournées des Italiens de l’Opéra.

Allison – Difficile de départager cette classe que je connais mal, mais Aurélien Gay s’est particulièrement fait remarquer cette saison, bien distribué, bondissant en Puck facétieux dans Le Songe d’une nuit d’été. Il pourrait facilement tirer son épingle du jeu s’il fait le bon choix de variation libre, l’imposée pouvant déjà le mettre en valeur. Marius Rubio me semble également avoir ses chances.

Amélie – Aurélien Gay est clairement l’un des mieux distribués de sa classe, avec déjà de petits rôles de soliste à son actif, comme Puck dans Le Songe d’une Nuit d’été et le Fakir dans La Bayadère. Et des défis toujours relevés avec brio pour sa part ! Il a clairement montré en scène qu’il pouvait monter, et si tout se passe bien en scène le jour J, une place devrait lui revenir. La deuxième place me semble ouverte, avec une belle variation allant bien aux jeunes talents. Là encore, je miserai plus sur un jeune danseur au profil classique que sur une personnalité bien distribuée dans le contemporain.

 

Les favoris

Camille – La classe des Quadrilles est souvent l’occasion de belles découvertes ! Mais sur le papier je ne peux parler que des danseurs remarqués sur scène. Peut-être Aurélien Gay et Keita Bellali.

Maïa – Pour moi, deux grands favoris : Aurélien Gay évidemment, on le remarque très facilement dans le corps de ballet, engagé dans son travail chaque soir malgré la longueur de certaines séries. De beaux moments de soliste également (je pense au Fakir dans La Bayadère). Ensuite, Antonin Monié (mais je crois qu’il disait ne plus passer le concours dans le super podcast Tous Danseurs) brillant en contemporain notamment chez Hofesh Shechter et qu’on a pas assez vu en classique pour se faire une idée !

Allison – Alexandre Boccara, par les contrastes de sa danse, et Giorgio Fourès, par sa présence sur scène, m’avaient semblé au-dessus du lot l’année dernière. De vrais artistes, qui avaient réussi à projeter le public dans une histoire au-delà du cadre du concours, et que j’aimerais beaucoup voir promus.

Amélie – C’est encore pire que chez les danseuses, je ne connais quasiment plus personne. Pourtant, le Concours l’année dernière était vraiment plein de promesses dans cette classe : on sentait beaucoup de talents, qui n’avaient pas encore eu le temps de mûrir avec le Covid, mais vraiment intéressants. La programmation a fait que l’on n’a franchement pas pu les voir en scène. Aurélien Gay a toutefois clairement gagné sa place : que ce soit dans La Bayadère ou Le Songe d’une nuit d’été, il a toujours montré beaucoup d’engagement et de sens théâtral, je suis vraiment curieuse de le voir évoluer. Pour la deuxième place, j’ai toujours beaucoup aimé les prestations de Giorgio Fourès, toujours très artiste, tout comme Keita Bellali ou Alexandre Boccara.

Aurélien Gay lors du Concours de promotion 2020 (avril 2021)

Classe des Coryphées femme

Deux postes de Sujet à pourvoir. Variation imposée : Raymonda de Rudolf Noureev d’après Marius Petipa, acte II, variation d’Henriette.

Les pronostics

Camille – Euh… Hohyun Kang ? Sa distribution dans Mayerling représente une sacrée mise en avant. Elle travaille comme une soliste et a toujours brillé en concours même si elle n’était pas promue. Ces distributions se fichant des grades interrogent toujours sur la pertinence du concours. Si l’on est sur scène en Marie Vetsera, Solor ou autre un soir mais pas jugée au niveau pour passer Sujet le lendemain, quelle logique ? En deuxième place, Clara Mousseigne, danseuse très prometteuse, un gros potentiel.

Maïa – Une très belle variation pour les filles qui demande de la technique mais aussi un vrai jeu d’interprétation pour sortir du lot ! Au vu des distributions un poste sera forcément pris par Hohyun Kang. Pas moins de trois dates d’un rôle d’étoile dans cette entrée au répertoire de Mayerling ! Attention cependant cela fait une double charge de travail qui peut s’avérer difficile à gérer. Un deuxième post qui me semble difficile à prédire.

Allison – La grande favorite est bien sûr Hohyun Kang, très bien distribuée, remarquée aussi bien en Cupidon qu’en superbe troisième Ombre de La Bayadère. Sauf accident de parcours, sa promotion semble être une évidence si elle parvient à tenir le rythme entre représentations de Mayerling et préparation du concours – pas si évident. La promotion de Célia Drouy me semble également crédible. Clara Mousseigne, qui avait survolé la classe des Quadrilles l’année dernière, risque de pâtir du manque d’expérience sur scène, mais vues ses qualités elle sera sans doute une concurrente

Amélie – On ne peut pas faire mieux que Hohyun Kang cette année, qui tient l’un des rôles principaux dans Mayerling aux côtés d’Étoiles. Sauf catastrophe au Concours (ce que je ne lui souhaite pas !), je ne vois pas comment l’une des deux places peut lui échapper. La deuxième place pourrait enfin aller à Célia Drouy, qui a eu de jolies distributions dans des rôles qui comptent, surtout Hyppolyte dans Le Songe d’une nuit d’été, où elle a montré beaucoup d’aplomb.  La variation imposée ne me semble pas très excitante, la variation libre devrait beaucoup compter.

 

Les favorites

Camille – J’ai toujours aimé Katherine Higgins, une personnalité singulière doublée d’une technicienne redoutable. Elle envoie toujours lourd en concours et a été distribuée dans La Bayadère donc pourquoi pas (enfin) elle ? Ensuite Clara Mousseigne qui propose toujours de belles choses sur scène.

Maïa – Mon coup de cœur de la rentrée : Laurène Lévy qui a su me captiver dans Cri de Coeur ! Sinon j’aimerais beaucoup voir monter Jennifer Visocchi qui transmet toujours une belle énergie sur scène et qui m’avait marquée dans les pièces de William Forsythe.

Allison – Célia Drouy est une très belle artiste, et son Hyppolyte était remarquable dans Le Songe d’une nuit d’été. Sa variation libre au concours de l’année dernière était déjà joliment habitée, elle sait apporter un petit quelque chose de plus, une délicatesse dans sa danse. Et comme je n’ai jamais rien vu d’aussi beau qu’Hohyun Kang dans La Bayadère, elle est ma seconde favorite… sérieuse !

Amélie – Il y a beaucoup de talents dans cette classe. J’aime beaucoup Clara Mousseigne qui m’a franchement épatée au Concours l’année dernière et qui a l’âme d’une soliste. Célia Drouy qui apporte beaucoup de choses, Katherine Higgins tellement ébouriffante… Trop de monde pour pas assez de postes ! Je ne cite pas Hohyun Kang parce que je la connais très mal, mais je ne demande pas mieux que d’être éblouie, sa prise de rôle dans Mayerling a a priori convaincu.

Hohyun Kang – La Bayadère, variation de la Manou.

Classe des Coryphées hommes

Deux postes de Sujet à pourvoir. Variation imposée : Marco Spada de Pierre Lacotte, acte II, variation de Marco Spada. 

Les pronostics

Camille – La variation imposée va permettre un premier tri. Les danseurs n’ont pas l’habitude de la voir, ni de la danser, elle peut s’avérer redoutable. Bien évidemment, la première place semble réservée à Guillaume Diop. À moins d’une chute ou d’un Covid (on ne lui souhaite surtout pas !), comment laisser Coryphée un danseur qui a déjà abordé Roméo, Basilio et Solor ? Il doit progresser dans la hiérarchie pour bénéficier de prises de rôles plus sereines. Derrière lui, la classe semble un peu vide. Peut-être enfin la bonne pour Antonio Conforti, danseur charismatique mais peu chanceux en concours.

Maïa – Une variation issue d’un ballet de Pierre Lacotte jamais vu pour ma part (dernière reprise en 1983). Mais grâce à Florimond Lorieux, elle est sur YouTube ! Les pronostics me semblent plus durs à établir pour les classes d’hommes : n’ayant que peu d’opportunités de rôle de demi-soliste, c’est le moment pour eux de révéler leur talent et leur travail. Seul un pronostic semble évident : la promotion de Guillaume Diop ! Sinon à quoi bon lui donner des rôles d’Étoiles ? Pour la seconde place je miserai sur Antonio Conforti ou Chun-Wing Lam. Le premier semble, au vu des classements, très stressé par cette épreuve et le second est parfois restreint par une blessure… Cette année pourrait être la leur !

Allison – Guillaume Diop va-t-il continuer son ascension ? Je l’ai peu vu danser mais c’est plutôt probable, vu d’une part son talent et d’autre part les opportunités de soliste qu’il a continué à avoir de temps à autre et qui lui auront sans aucun doute permis d’affirmer sa danse. Le changement de direction bénéficiera peut-être à Hugo Vigliotti, pour qui une promotion serait tout à fait méritée. Mais surtout, Chung-Wing Lam, blessé l’année dernière alors qu’il était le grand favori, pourrait être de retour cette année !

Amélie – Si l’on en juge par les distributions des six premiers mois de l’année : Guillaume Diop sans aucune hésitation, titulaire de Solor. Si l’on en juge des six derniers mois, il est à peine remplaçant dans Le Lac des cygnes et semble reparti dans les tréfonds du corps de ballet. Néanmoins la variation imposée devrait le mettre en valeur, et ce n’est pas le genre de danseur qui perd ses moyens en Concours. Les autres danseurs ne me semblent pas avoir été mis spécialement en avant, si ce n’est Mathieu Contat, qui a sauté dans le grand bain de Basilio en décembre dernier. Et si un ancien avait droit à la deuxième place cette année ? La classe semble peut-être un peu plus en attente en ce moment, ça peut être l’occasion de récompenser un ancien.

 

Les favoris

Camille – Tant qu’il passe le concours (mais le passe-t-il encore ?), je continue de le pronostiquer : Hugo Vigliotti ! Voilà un danseur à la personnalité à part et à la technique brillante qui a sa place parmi les sujets depuis bien des années déjà. Comme pour les pronostics, difficile de ne pas choisir Guillaume Diop. Tout jeune et déjà plus expérimenté que certains Sujets (voir Premiers danseurs) sur des rôles de premier plan. Certes, il est vert. C’est normal, il est jeune. Mais brillant ! En débutant si tôt, il a de quoi se préparer à être la future grande étoile de demain.

Maïa – Mes favoris sont là aussi faciles à deviner. Guillaume Diop (prix de l’Arop et très présent sur les réseaux sociaux) et ensuite Mickaël Lafon qui offre un beau travail dans le corps de ballet (en ce moment dans Mayerling et notamment dans la scène dans la taverne)

Allison – Antonio Conforti est un artiste remarquable. Sur scène cette année il a campé un chef des gitans particulièrement énergique dans Don Quichotte, et ses choix de variation libre sont souvent audacieux. Peut-être trop : la même variation de Marco Spada, qu’il retrouvera en imposée cette année, l’avait mis en difficulté l’année passée – nul doute qu’il l’aura apprivoisée depuis.

Amélie – Comment ne pas citer Guillaume Diop ? Même si ses prises de rôle ont montré encore le chemin à parcourir et qu’elles ont été faites bien trop tôt – mais ce n’est pas de sa faute – le danseur a montré tellement de belles choses qu’il serait injuste de ne pas le récompenser. Et le Concours a tout pour le mettre en valeur. Pour la deuxième place, mon cœur balance entre Antonio Conforti, tellement poète, et Hugo Vigliotti, tellement original dans sa danse. De vrais artistes !

Guillaume Diop lors d’un Concours de promotion

Classe des Sujets femme

Un poste de Première danseuse à pourvoir. Variation imposée : Études de Harald Lander, variation de l’Étoile.

Les pronostics

Camille – Chaque année, la classe qui déchaîne les passions ! Et cette année ne devrait pas faire exception avec pléthore de jeunes danseuses très talentueuses. Les Étoiles de demain. Globalement, je pense que cela se jouera entre Bianca Scudamore, Bleuenn Battistoni et Inès Mcintosh. Camille Bon est aussi bien distribuée mais semble moins faire parler. Bianca n’en est pas à son premier essai. Elle est mal distribuée. Difficile de la voir comme une favorite même si je suis sûre qu’elle va encore une fois briller (la variation imposée est faite pour elle !). Inès est très jeune, elle n’a pas de vrai rôle à son actif. Elle risque de tomber dans la case “Elle peut attendre”. Par défaut je dirais Bleuenn Battistoni. Bien distribuée, prise de rôle ultra-risquée dans Giselle lors d’une soirée très particulière. Même si elle suscite moins d’enthousiasme, elle peut créer le consensus. Faute d’accord, on peut aussi tomber sur un choix plus tiède (le fameux “Elle est bien brave et elle ne fera pas d’ombre”) type Naïs Duboscq.

Maïa – Si on se réfère aux distributions, toutes ont leur chance : Bleuenn Battistoni a remplacé Alice Renavand le soir de ses adieux, Bianca Scudamore était une excellente Gamzatti face à Dorothée Gilbert et François Alu, de belles opportunités aussi pour Naïs Duboscq ou Camille Bon… Bref en regardant les distributions on ne peut rien prévoir. Alors on se tourne vers la variation, celle-ci semble être bien difficile et donnera l’unique place de Première danseuse à celle qui réussira à l’exécuter avec brio ! Une façon de les départager sur la performance du jour J. Je miserai sur les qualités de technicienne de Bianca Scudamore qui semble oubliée des distributions de Mayerling (peut être un moyen de ne pas la surcharger). 

Allison – Que de danseuses talentueuses dans cette classe ! Et que cette unique place est cruelle ! Malgré sa jeunesse, il semble tout à fait possible qu’elle revienne à Inès McIntosh, qui excelle en concours. La variation imposée est parfaite pour cette travailleuse acharnée, et elle sait choisir une variation libre la mettant en valeur. Mais elle manque encore d’une certaine maturité scénique qu’elle a encore largement le temps d’acquérir. Bleuenn Battistoni, elle aussi promue sujet au dernier Concours, a été depuis une remarquable Gamzatti. Elle aussi a fait preuve d’une solidité et d’un aplomb impressionnants lors de sa prise de rôle surprise au deuxième acte de Giselle, qui présagent du meilleur pour la suite.

Amélie – Ah, la classe de tous les dramas, année après année, ça ne change pas. Si l’on s’en tient aux distributions, je dirai Bleuenn Battistoni : elle a montré une grande classe dans Gamzatti, a sauvé une représentation de Giselle, est titulaire de Mitzi Caspar dans Mayerling et a de jolis petits rôles dans Le Lac des cygnes. Sur toute la saison, c’est elle qui semble le mieux partie. Si l’on s’en tient à la variation, Études de Harald Lander, la plus dure du répertoire, je dirai Bianca Scudamore. Au-delà de la technique superlative, elle a le culot qu’il faut pour aborder cette variation. On dirait que le choix a été fait pour elle ! Face au nouveau directeur, où la prestation du jour J devrait beaucoup compter, elle a tout pour plaire. Et puis elle a aussi été titulaire sur Gamzatti, remplaçante d’Odette/Odile… Elle n’a pas non plus été oubliée. Sans oublier Ines McIntosh, vraiment formidable au dernier Concours et qui a tout elle aussi pour casser la baraque dans cette variation. La variation libre devrait aussi avoir toute son importance, pour montrer une personnalité différente, une façon de prendre la scène… Le Concours semble assez ouvert avec plusieurs danseuses qui peuvent prétendre sans rougir au poste : Éléonore Guérineau ou Naïs Duboscq ont aussi eu droit à leur chance en scène. 

 

Les favorites

Camille – Bianca ! Vous avez vu sa Gamzatti ? Donnez-lui le titre, donnez-lui les rôles. Sinon elle risque de ne pas rester bien longtemps (et on ne pourrait pas l’en blâmer). 

Maïa – Je suis fan de Bianca Scudamore qui fait preuve d’un brio technique au service de son interprétation ! Je réitère mon adoration pour Éléonore Guérineau, toujours investie dans ses rôles de demi-solistes, on ne voit qu’elle par son jeu et sa technique toujours irréprochable. J’apprécie également Inès Mcintosh découverte par les réseaux sociaux où elle ne cesse de montrer sans fard son travail acharné ! Bref, quel que soit le choix du jury, je serai ravie. 

Allison – Bianca Scudamore bien sûr, qui rayonne chaque fois qu’elle entre en scène, même si elle semble atteinte de la malédiction qui bloque certaines danseuses au grade de sujet ! Mais aussi Éléonore Guérineau, sans plus trop y croire, mais quel lyrisme, quelle finesse dans son travail ! Et si l’on récompensait ce style si français, tout en subtilité ? Enfin, je n’oublie pas Camille Bon, qui sur scène sait aussi se faire remarquer dans un style plus sobre mais avec talent.

Amélie – Que les autres me pardonnent mais… Bianca Scudamore ! Cette danseuse a tellement de talent, de charisme, d’intelligence en scène, elle a été tellement sous-distribuée sous Aurélie Dupont, une promotion de Première danseuse ne serait que logique. Une promotion de Bleuenn Battistoni ou Ines McIntosh ne serait en rien indécente, mais comparées à Bianca Scudamore, elles peuvent encore attendre un an ou deux, alors que l’australienne est déjà Sujet depuis quelques années.  Ce sont en tout cas, pour moi, les trois danseuses qui sortent du lot dans cette classe – même si je garde toujours une place spéciale pour Éléonore Guérineau.

La Bayadère – Bianca Scudamore (Gamzatti)

Classe des Sujets hommes

Un poste de Premier danseur à pourvoir. Variation imposée : Casse-Noisette de Rudolf Noureev d’après Marius Petipa, acte II, variation du Prince.

Les pronostics

Camille – Andrea Sarri semble être le mieux distribué. Il est sur une bonne dynamique et très talentueux. 

Maïa – Une variation qui nous rappelle à quel point ce ballet nous manque ! Pour les pronostics cela semble compliqué : on a l’impression que tous ceux qui devaient monter y sont parvenus. Pourquoi pas une place pour Thomas Docquir qui a eu des rôles intéressants ces dernières années, sinon je mise sur Simon le Borgne, véritable star contemporaine de l’Opéra, sa promotion démontrerait une réelle ouverture.

Allison – La classe des Sujets est moins éclatante chez les hommes, avec beaucoup de danseurs très prometteurs mais souvent encore un peu verts. Il me semble que Thomas Docquir est celui qui a acquis le plus de maturité récemment. Son Don José lors du dernier Concours était remarquablement travaillé, et il a pu également montrer son charisme sur scène en abbé Castanède lors de la série du Rouge et le Noir. Il a a priori tous les atouts pour réussir le concours cette année. Florent Melac peut aussi capitaliser sur sa plus grande expérience et la poésie de sa danse, surtout dans cette classe qui manque un peu de maturité, pour se démarquer.

Amélie – C’est peut-être la classe où cela semble le plus ouvert. Beaucoup ont été distribués cette saison sans que l’un se détache spécialement du lot. Là encore, il a manqué des ballets de grande ampleur où chacun aurait pu un peu plus faire ses preuves. Jack Gasztowtt a été énormément distribué la saison dernière mais sans non plus s’imposer fondamentalement dans ses rôles. Thomas Docquir a été plus fiable avec de belles distributions régulières. Andrea Sarri ou Axel Magliano, un temps oubliés, reviennent sur le devant de la scène. Pensons aussi à Florent Melac très bon dans le contemporain ou Antoine Kirscher toujours bien à sa place en scène. Pas sûr que la variation imposée un peu poussive permette de se décider, la variation libre devrait là encore faire beaucoup.

 

Les favoris

Camille – Au risque d’être un peu dure… personne. Aucun ne semble sortir du lot et s’imposer comme LA future grande Étoile. Peu ont dansé des rôles titres. Alors pourquoi “bloquer” un poste ? Ou promouvoir juste pour promouvoir ? 

Maïa – Quelques figures remarquables dans cette classe mais aucune qui a des opportunités régulières, ainsi on n’a pas eu le temps de s’attacher… Je pense tout de même à Thomas Docquir (l’abbé Castanède dans Le Rouge et le Noir), également Andrea Sarri que j’avais adoré en Puck dans Le Songe d’une nuit d’été, Antoine Kirscher aussi m’avait fait très bonne impression dans le pas de deux des paysans. 

Allison – J’apprécie beaucoup les interprétations de Florimond Lorieux, et je croise les doigts pour qu’il soit plus chanceux cette année qu’au dernier concours qui ne s’était pas bien déroulé pour lui ! Mon deuxième favori est Andrea Sarri, qui fait preuve d’une réelle présence scénique.

Amélie – Je trouve cela difficile de citer un nom. Il y a eu trop peu de ballets classiques pour vraiment voir une personnalité s’affirmer, même si les talents ne manquent pas. Je n’en trouve pas en fait qui, à ce stade, paraissent assez mûrs pour devenir soliste à part entière, même s’il y a beaucoup de potentiel. Peut-être que je n’en ferais passer aucun. Pour choisir tout de même, je dirai  Andrea Sarri qui marque toujours la scène de sa présence, ou Thomas Docquir qui semble avoir le travail le plus abouti.

Concours de promotion 2019 – Thomas Docquir dans sa variation libre, promu Sujet

 




 

Commentaires (4)

  • Lou

    Concernant la classe des sujets hommes, Axel Magliano est selon moi un danseur avec un avenir prometteur. Ayant été blessé l’an dernier il n’a malheureusement pas pu participer au concours, ni beaucoup danser sur scene, mais il est bel et bien de retour et ses interpretations au cours de cette saison l’ont bien prouvés. Il a tout d’un danseur étoile: la passion, l’allure, le talent, le mental et je me languis de le voir être enfin à sa place, c’est-a-dire à l’avant de la scène entouré des étoiles!
    Bonne chance à tous les danseurs et toutes les danseuses pour ce concours de l’an 2022!

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  • phil

    dans la classe des Coryphéee hommes,je ne vois pas comment on ne pourrait pas dégager trois ultra favoris (pour deux postes!) à savoir messieurs Diop,Vigliotti et surtout monsieur Contat qui rate ses concours mais vous emballe un role d’ Etoile en moins de temps qu’il faut pour l’écrire avec les félicitations d un critique des B**** sévère et rigoureux dans ses analyses
    Pour les Sujets femmes la concurrence sera trés présente….comme d’habitude!

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  • Pierre Orthaz

    Bleuenn est Favorite.
    Toï toï toï ⭐️⭐️⭐️

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  • Françoise Asso Poncet

    Pour moi, le premier de la classe de quadrilles hommes était Enzo Saugar, aussi bien dans la variation imposée totalement maîtrisée que dans sa variation libre envoutante. Pour moi c’est le grand oublié du concours hommes!

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