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Prix de Lausanne 2018 – Jour 4

Quatrième de concours au Prix de Lausanne, les sélections sont le lendemain. La tension est à son comble ? Et bien pas forcément. Entre les coachings des variations classiques et contemporaines ou les cours de danse, les élèves ont une journée bien chargée et n’ont pas forcément le temps de penser au stress. L’ambiance de travail est concentrée mais bonne, chez les filles que nous avons suivies en ce quatrième jour pendant leurs différentes séances de coaching

Des vidéos et photos en coulisse, des interviews des candidat.e.s et bien d’autres choses sur ce Prix de Lausanne 2018 sont à retrouver sur le compte Instagram de DALP

Il y a des immuables au Prix de Lausanne. Comme les coachings des variations classiques par Monique Loudières, présente au Prix de Lausanne depuis 2000. Malgré parfois les mêmes variations qui s’enchainent de nombreuses fois – dix troisièmes Ombres et un certain nombre de Cupidon cette année – l’Étoile de l’Opéra de Paris n’est jamais fatiguée, toujours généreuse et en empathie avec les candidates, toujours de bonne humeur et souriante. Souvent, la régisseuse doit lui faire signe quand la séance déborde sur le temps. 

La matinée de travail démarre avec des Aurore. Monique Loudières insiste beaucoup auprès des candidates sur le travail du pied, de raffinement, de la précision du bas de jambe. “Longues jambes ! Et voyage !“. La norvégienne Helena Byrt (311) se remarque dans cette variation très bien choisies pour ses qualités. Elle propose un travail délicat et rayonne en scène. “C’est tout ton haut du corps qui bouge à ce moment-là, tes yeux, ta tête, tout“. Paquita vient ensuite. “Qu’est-ce qui est important dans cette diagonale ? La qualité du mouvement. Va jusqu’au bout de la fin des mouvements“, souligne la coach. Minji Nam (313) se démarque une fois de plus dans cette variation, dès son entrée en scène. Place ensuite au périlleux Grand pas classique. Les quelques candidates qui ont pris cette variation butent en général sur les mêmes choses : la fatigue lors de la terrible série de relevés et le style, pas évident à appréhender. Monique Loudières travaille beaucoup sur les bras (qui se placent par rapport au tutu), sur la tête, le sens des choses. “Ta tête est trop de fois tournée vers le public. Regarde ta main, suis ton bras, tes directions. Tout est très logique dans cette variation“, dit-elle à une candidate. “Et là, tes bras veulent dire : ‘Hello Darling’. Et non pas : ‘Heyy, comment ça va ?’. C’est comme une conversation“. Et de se rappeler les coachings d’Yvette Chauviré dans cette même variation qui traînent sur Youtube. Cette séance des candidates plus âgées est intéressante, les filles se démarquent plus que pendant leur cours. 

Place ensuite aux filles de 14-16 ans, qui ont souvent pris les mêmes variations. La séance commence d’ailleurs pas de très nombreux pas de trois de PaquitaDjie Oiwa (116) est charmante dans cette variation, elle danse grand. Pour chacune des danseuses, Monique Loudières insiste beaucoup sur la direction des bras, et la connexion dans le haut du corps entre la main, la tête, le regard… Tout doit faire sens. Une flopée de Cupidon entre ensuite en scène. Yuiko Honda (103) est adorable comme tout, cette jeune fille se remarque. Elle a du tempérament, mais doit parfois calmer ses ardeurs quand elle balance un peu trop fort ses attitudes, comme lui souligne la professeure. Certaines candidates sont un peu maniérées, d’autres misent un peu trop sur les extensions. Les fautes de style se retrouvent aux quatre coins du monde. Quelques-unes ont une danse plus simple mais apparaissent un peu justes techniquement. Cette variation est souvent choisie par les plus jeunes, comme la toute mignonne australienne Primrose Kern (114), qui a pris de l’assurance au fil de la semaine. 

L’incontournable Odalisque prend la suite, souvent choisie par des candidates asiatiques. “Tu dois faire comme si le public ne connaissait pas cette variation. Il faut le surprendre. Et hop, l’arabesque !“, dit-elle à une candidate. “Et plus simple dans les mains“. Les directions et les regards sont là encore un point important : “Sois concentrée sur tes directions et ce sur quoi tu veux aller“, conseille-t-elle à une jeune candidate un peu perdue en scène. La japonaise Miku Uda (113) propose une jolie présence, même si tout semble un peu brouillon. À l’inverse, la sud-coréenne Yoon Jung Seo (129) montre une danse plus mature que les autres, plus aboutie. “Et ouvreeeeeeeeeee-toi“, lance Monique Loudières à la suivante un peu timide. Le Royaume des Ombres prend le dessus pour finir la séance de coaching des variations classiques des filles. La plus jeune des candidates, l’australienne Layla Kluss (101), assure en deuxième Ombre, plus épanouie qu’au début de la semaine. Dix troisième Ombres enchaînent pour finir, mais aucune lassitude ne se lit dans le travail de Monique Loudières, toujours aussi passionnée (et passionnante) par l’élève qu’elle a en face d’elle. Parmi toutes les ballerines, la sud-coréenne Jimin Kim (132) propose quelque chose de très expressif, avec du lyrisme et une belle qualité du haut du corps. 

 

#Pdl2018 Le Royaume des Ombres.

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Les garçons, moins nombreux, ont fini leur journée vers 16h. Pour les filles, cela continue jusqu’à 19h avec le tout dernier coaching des variations contemporainesRonger Teng (125) est très belle dans Furia Corporis de Mauro Bigonzetti. Elle y met beaucoup d’intensité. Quelques filles se sont risquées au difficile Sacre du Printemps. Beaucoup ont pris le tube A Solo for Diego (oui, avouez-le, cette musique vous avait manqué l’année dernière). La coach fait travailler l’entrée des candidates, et le “Hey” final qui doit claquer. Yuiko Honda (103) se remarque dans son interprétation, où elle y met un certain humour appréciable. Chloé Misseldine (126) se remarque aussi avec ses jambes interminables et un joli tempérament. La sud-coréenne Yoon Jung Seo (129) s’y montre volontaire et expressive, les filles se défendent globalement bien dans cette variation déjà vue et revue lors des précédentes éditions chez les garçons. 

Tout se termine avec Touch, Feel, Sense de Louise Deleur, prise par de très nombreuses candidates. La coach les fait passer une à une, en restant sur le plateau, tournant autour d’elle. Au moment des corrections individuelles, elle fait venir toutes les autres sur scène, que chacune profite ainsi des corrections. La sud-coréenne Hanna Park (112) se démarque, apparaît investie dans cette variation. Beaucoup jouent un peu trop dans les extensions, montrant aussi que la danse contemporaine peut être quelque chose de nouveau pour elle. Pendant ce temps, l’arrière-scène se vide petit à petit. À 19h, tout le monde a plié ses pointes et son tutu. La journée des sélections du lendemain sera longue, et le stress beaucoup plus présent, même si comme nous l’a raconté la chinoise Jingyi Xu (301) : “J’ai plus l’impression d’être à une Ballet Party qu’à une compétition !“. 

 

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