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Classes de danse du CNSMSL – Ateliers d’hiver 2020

Alors que le Jeune Ballet du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon (CNSMDL) propose un beau programme Femmes chorégraphes en tournée (chronique à venir sur DALP), les trois premières années (AP, DNSP1 et DNSP2) danse classique et danse contemporaine sont montées en scène pour leur spectacle annuel, comme il est de tradition en février. Un programme qui va d’Auguste Bournonville à Claude Brumachon, en passant par la création d’un élève, et souvent avec la belle complicité des instrumentistes et compositeur-rice-s du Conservatoire. Une soirée bien construite et très bien portée par de jeunes élèves talentueux, montrant à la fois cohésion de groupe et forte personnalité.

Le CNSMDL fête en 2020 ses 40 ans d’existence. Et marque l’événement avec une semaine de festivité du 18 au 21 février. La danse y a toute sa place, en proposant notamment lors de la soirée anniversaire du 18 février la pièce Bon Voyage, Gute Reise… d’Anne Martin, professeure de danse contemporaine, sur une musique de l’ancien directeur de l’établissement Henry Fourès. Élèves danseur-se-s et instrumentistes sont ensemble sur scène, montrant les liens solides qui existent entre les deux départements et dont on voit régulièrement les collaborations (notamment lors des examens de fin d’étude des danseurs et danseuses et des classes de composition).

C’est cette même pièce qui a ouvert les Ateliers d’hiver 2020, qui regroupe en scène les classes de danse AP, DNSP1 et DNSP2 (les DNSP3 formant le Jeune ballet). Place ici aux plus âgés des classes de danse contemporaine, pour une pièce qui flirte avec la danse-théâtre. En écoutant la musique, les élèves ont créé des questionnements, auxquels ils ont répondu par des phrases chorégraphiques ou des petites situations du quotidien. Tout s’est ensuite mis en place petit à petit, mélangeant les rencontres, les espaces, quelques saynètes qui prennent avant de se transformer par l’arrivée en scène de nouveaux interprètes. Le tout porté par une gestuelle chorégraphique précise et engagée, qui ne laisse pas la place à l’approximation. Les élèves y montrent à la fois leur savoir-faire et leur personnalité, avec un groupe cohérent et des danseurs et danseuses semblant prêt à faire le saut vers le monde professionnel.

Mais même si cette classe était de très bonne tenue, ce sont la génération du dessous, les DNSP1, qui ont le plus impressionné. La classe a repris des extraits de la difficile pièce D’Indicibles violences de Claude Brumachon. On sait le chorégraphe et Benjamin Lamarche très attachés à la transmission et la pédagogie, leur travail avec les écoles est en général une très bonne surprise.  On ne peut néanmoins qu’être soufflé par le formidable travail de cette classe, prenant corps et faisant sienne une chorégraphie difficile, virtuose, et demandant un engagement total comme une certaine mise en danger. La violence dans la danse comme dans les émotions est prise à bras-le-corps par tous les élèves. Les corps et les esprits se heurtent, luttent, retombent et recommencent, dans une totale confiance dans la chorégraphie comme dans leurs camarades, ou dans leurs propres capacités. Le souffle collectif est bluffant, tout comme la sensibilité de chaque interprète sur le plateau, où chacun y trouve sa place. Une promotion étonnante, que l’on a déjà hâte de voir en Jeune ballet dans deux ans.

Les premières années (AP) Danse contemporaine proposent pour leur part À tous ! de Juliette Beauviche, leur professeure. L’on est ici plus dans une pièce de classe, d’apprentissage, qui est là pour mettre en place des clés techniques et artistiques pour des élèves au début de leur formation. Moins marquant en soi que les deux pièces précédentes, l’ensemble montre toutefois un travail abouti et sérieux, qui ne demande qu’à s’épanouir. À tous ! est là encore un travail en collaboration avec les classes de composition du CNSMDL, puisque la musique a été composée par Clovis Schneider, élève du département Musique à l’image (classe d’auteur-rice de musique de film et musique de scène – danse, théâtre, etc.).

Les DNSP2 Danse classique avaient un vrai challenge, avec des extraits de Napoli d’Auguste Bournonville. Un choix ambitieux, surtout que ces classes sont fondamentalement plus néo-classique que profondément académique – même si Anaëlle Mariat, élève en DNSP2 l’année dernière, a été engagée au Ballet de l’Opéra de Bordeaux. Mais les élèves n’ont cependant pas eu à rougir de leur prestation. Bien au contraire, Ils ont donné une démonstration du style Bourninville, dont toutes les écoles professionnelles ne peuvent pas forcément se vanter. Même si le travail de pieds n’était pas toujours fini chez certains, les élèves ont montré une vraie qualité du travail du haut du corps, avec la recherche de ces ports de bras et ports de tête si particuliers et la musicalité inhérence à l’école danoise. Du beau travail fait intelligence, soigné, et qui fait plaisir à voir. La classe est ensuite revenu avec La Source de Stéphane Elizabé, leur professeur de danse, qui n’a rien à voir avec le ballet de Jean-Guillaume Bart. L’inspiration est ici plutôt des Années Folles, la partition des airs chantés de Poulenc – une chanteuse en scène se fondait aux danseurs et danseuses. Tout en conservant une base académique, la danse se veut ici un peu plus néo-classique, un genre où les garçons notamment semblait plus à l’aise. L’ensemble est efficace et pétillant, permet à tout le monde de briller et au public de passer un agréable moment. Manquait peut-être un brin de folie dans l’interprétation, que la légèreté des années 1920 ne soit pas seulement dans les costumes.

Les plus jeunes élèves des classes de danse classique, les AP et DNSP1, se sont retrouvés en scène pour la dernière pièce, la création Panta Rei d’Anatole Hossenlopp, étudiant DNSP2. En 30 minutes de danse, il donne l’impression d’avoir voulu montrer dix pièces, défaut classique des chorégraphes en herbe. La pièce démarre ainsi façon Yondering avec un couple primesautier sur du folk, avant de zapper entre Mendelssohn, du néo-classique en noir, du pas de deux, du groupe, sans que l’on sache vraiment où l’on met les pieds. Mais l’étudiant sait faire danser ses camarades, mettre en espace un groupe. Et nous cueille parfois dans l’émotion comme cette scène finale qui nous happe sans que l’on s’y attende. Un talent à suivre ? Peut-être un peu tôt pour le dire, mais l’on a tout de même hâte de voir son travail de composition en fin d’année, tout comme la suite de son parcours. 

Si les AP et DNSP1 n’auront pas de franche occasion de remonter sur scène d’ici à la fin de l’année, l’on suivra avec attention les DNSP2, année charnière dans le cursus du CNSMDL. Les contemporains seront ainsi de la soirée anniversaire des 40 ans, le 18 février. Tous seront sur scène pour leur examen, un temps fort où chacun présente plusieurs variations, un travail de duo/pas de deux et une création. Le Junior Ballet continue pour sa part sa tournée avec un riche programme et clôturera, comme il est de tradition, la saison à la Maison de la Dansez les 17 et 18 juin. L’une de ces soirées devrait être un peu particulière, avec la venue d’anciens élèves pour marquer les 40 ans du Conservatoire. À suivre…

PS : Nous n’avons eu aucune photo de ces représentations. Si des élèves en ont de libre de droit, qu’ils n’hésitent pas à nous contacter.

 

Les Ateliers d’hiver 2020 par les classes de danse classique et contemporaine du CNSMDL. Bon Voyage, Gute Reise… d’Anne Martin avec la participation des étudiant-e-s, avec les élèves de DNSP2 contemporain ; Napoli, extraits, d’Auguste Bournonville, avec les élèves DNSP2 classique ; À tous ! de Juliette Beauviche avec la complicité des étudiant-e-s, avec les élèves AP contemporain ; La Source de Stéphane Elizabé avec les élèves DNSP2 classique ; D’indicibles violence, extrait revisité, de Claude Brumachon, avec les élèves DNSP1 contemporain ; Tan Rei d’Anatole Hossenlopp avec les élèves AP et DNSP1 classique. Mardi 11 février.

 




 

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