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Concours interne de promotion 2012 du Ballet de l’Opéra de Paris : résultats des danseurs

Le Concours Interne de promotion 2012 du Ballet de l’Opéra de Paris s’est tenu pour les danseurs le vendredi 9 novembre. Voici les résultats et commentaires tout personnels. A LIRE AUSSI : les résultats des danseuses.

Le jury est composé cette année de Laurent Hilaire (Maître de ballet associé à la direction de la danse), Clotilde Vayer (Maîtresse de ballet), Karen Kain (directrice artistique du Ballet National du Canada), Christian Spuck (directeur du Ballet de Zurich), en suppléant Fabrice Bourgeois (assistant-maître de ballet), et de danseurs et danseuses choisi-e-s par le Ballet : Dorothée Gilbert, Ludmila Pagliero, Nolwenn Daniel, Céline Palacio et Ghyslaine Reichert (suppléant Karl Paquette). Le jury est présidé de Brigitte Lefèvre, Directrice de la Danse.

Contrairement aux danseuses, les résultats des hommes n’ont pas fait spécialement de vague, jury et public étant globalement d’accord. A noter, une très belle classe des Coryphées, et une un peu plus moyenne des Sujets. Et François Alu, vraiment (mais vraiment) très au-dessus de tout le monde.

Résultats des Quadrilles variation imposée : La Sylphide, acte II, première variation de James (Pierre Lacotte)

1 – Jeremy-Loup Quer, promu

2 – Mathieu Contat, promu

3 – Germain Louvet

4 – Hugo Marchand

5 – Alexandre Labrot

6 – Florent Melac

Jeremy-Loup-Quer_Marco-Spada.png
J’étais très curieuse des Qadrilles, pour voir à l’œuvre les quatre nouvelles recrues arrivées il y a un peu plus d’un an. J’avais été très impressionnée par leur Première division à l’époque, et il me tardait de les revoir sur scène en soliste. Je n’ai pas été déçue, les quatre arrivent en tête du classement, même si tout personnellement je ne les aurais pas mis dans cet ordre.

J’ai en fait beaucoup apprécié Germain Louvet, que j’ai trouvé très élégant dans ces deux variations, avec un travail très propre et un certain panache. Jérémy-Loup Quer faisait aussi partie de mes deux favoris, avec une variation libre (Marco Spada) très bien exécutée. Mathieu Contat n’a pas volé sa place toutefois (je l’avais mis troisième). Il a dansé l’une des meilleures variations imposées, et sa libre était très bien choisie, mettant en valeur ses belles qualités de sauts. Mes réserves venaient que je le trouvais un petit peu trop scolaire. Mais sa promotion lui permettra sûrement de progresser là-dessus.

Mathieu-Contat_Siegfried.png
Hugo Marchand
n’a pas démérité non plus, avec une très belle danse, déjà un certain sens du style, mais un stress un peu trop visible. C’est dommage, mais ce n’est que partie remise pour lui et Germain Louvet, qui ont tout pour monter. Florent Melac est à mon sens un peu passé à côté de son concours. Dommage, car son choix de libre était plutôt courageux (Frollo) et assumée. Le reste des candidats étaient un peu en-dessous, même si presque personne n’a fait de gros plantage dans l’imposée, pas évidente et longue. Je citerais tout de même Takeru Coste, qui n’a pas fait un travail assez propre pour passer, mais dont j’aime la personnalité tranchante sur scène. Pour passer Coryphée, il faut jouer le jeu des variations virtuoses, et j’ai l’impression qu’il n’a pas très envie d’y jouer.


Résultats des Coryphées
variation imposée : Etudes, la Mazurka (Harald Lander)

1 – François Alu, promu

2 – Yann Chailloux, promu

3 – Maxime Thomas

4 – Axel Ibot

5 – Alexandre Gasse

6 – Mathieu Botto

“Mickaël Lafon a su après son accident reprendre courage et confiance. A ce titre et pour la qualité de sa prestation, le jury tient à le féliciter particulièrement” (ndlr : ce danseur a en effet été absent de la scène depuis plusieurs années suite à un accident, il est de retour depuis peu et ce Concours était son premier depuis bien longtemps. Un joli geste de la part du jury).

Alors, comment décrire le petit murmure qui a parcouru la salle à la fin de la Mazurka de François Alu… Le mot n’est pas faible, ce danseur est exceptionnel. Sa variation était un pur régal, tout simplement. Techniquement, ce n’était pas qu’il n’y avait rien à redire, c’est qu’il s’envolait à chaque pas. Et que cette incroyable aisance est porté par un charisme flamboyant, un vrai sens de la musique et une joie de danser irrésistible. Concours ou pas concours, la place de ce garçon est sur scène, et dès qu’il y est, ça rayonne. Il n’a pas peur en plus d’en mettre plein la vue au public (ouai, cinq tours, pas de problème, je peux même en faire six les doigts dans les nez), sans jamais que cela viennent gâcher le mouvement et la musicalité. Ce poste lui ouvre maintenant plein de possibilités de rôle. Alors guettez ces représentations, allez découvrir ce danseur, c’est lui la future grande Etoile de l’Opéra de Paris.

Francois-Alu_Etudes_Mazurka.png
S’il n’y avait qu’un petit reproche à faire à François Alu, ce serait le choix de sa variation libre. Son Solor était magistral, personne ne dira le contraire, mais cela manquait peut-être un peu de personnalité face aux choix plus engagés de ses collègues, surtout celui d’avant et celui d’après. A savoir Hugo Vigliotti et Sébastien Bertaud, les deux grands oubliés de ce classement. Le premier s’est lancé à fond la caisse dans son imposée, quitte à cafouiller un peu. Mais disons que je préfère la prise de risque à une propreté pépère. Sa libre (Push comes to shove) était par contre envoyée avec une superbe énergie, marquante, surprenante, l’une des meilleurs de ce concours. Est-ce donc vraiment sa taille qui empêche toute promotion ? Quel dommage, car c’est un artiste qui a vraiment des choses à dire, et qui possède une vraie belle technique.

Sébastien Bertaud a pour sa part réalisé la meilleure Mazurka après François Alu, avec un véritable effort de style. Son Don José était dansé avec beaucoup de panache également, même si la deuxième partie manquait de souffle. Même si c’est un danseur que j’apprécie énormément, je ne l’aurais pas forcément mis, à cause de cela, dans la case des promus. Mais de la à l’exclure du classement, c’est quelque chose que je ne comprends pas. Voilà un véritable artiste, jouant ses rôles avec beaucoup d’intelligence, bloquée à un stade où il n’a plus sa place. C’est tous les ans pareils il parait, et c’est dommage.

La promotion de Yann Chailloux n’est pourtant pas scandaleuse. Il a dansé l’une des meilleures Mazurka et a fait preuve de beaucoup de musicalité dans sa variation lente de Siegfried. C’est, de façon globale, une classe que j’ai eu beaucoup de plaisir à voir évoluer. Il y avait des prises de risques, aussi bien techniquement que dans les choix des variations, de la personnalité, de l’engagement… Je citerais, entre autres, la très belle Nouvelle Lune de Maxime Thomas, l’intéressante variation d’Orion d’Yvon Demol ou les Sept danses grecques de Grégory Dominiak (qui a, avec ce passage, remporté le très officieux prix du Sexy Boy ce de concours).

 

Résultats des Sujets variation imposée : La Belle au Bois Dormant, acte III, troisième variation du Prince Désiré (Rudolf Noureev).

1 – Audric Bezard, promu

2 – Pierre-Arthur Raveau

3 – Fabien Révillion

4 – Allister Madin

5 – Yannick Bittencourt

6 – Marc Moreau

Audric-Bezard_Carmen.png
Pour être très honnête, cette classe m’a semblé dans l’ensemble assez moyenne. Autant il y avait un fossé entre les Quadrilles et les Coryphées, autant la différence de niveau entre les Coryphées et les Sujets n’étaient pas si évidente.

En fait, je n’aurais choisi personne. Il y a beaucoup de danseurs que j’apprécie dans cette classe. J’aime beaucoup les voir sur scène, ils ont de la personnalité, ils assurent, et c’est grâce à leur présence dans les secondes-rôles et demi-solistes que les ballets ont du relief. Ils sont très bien… et très bien à leur place. Pour moi, un Premier danseur est possiblement une future Étoile, quelqu’un qui a quelque chose en plus. Et, toujours selon ma sensibilité, aucun dans cette classe n’a ce petit quelque chose, ou n’est pas encore prêt.

A la vue des variations, Audric Bezard n’a de toute façon pas volé sa place, c’est lui qui a réussi le meilleur concours. Sa variation imposée était sans conteste la meilleure, il a passé les fautes techniques avec beaucoup d’élégance et de musicalité. Sa variation libre, Don José, a comme pour Sébastien Bertaud souffert d’un manque de souffle, mais il a su y mettre sa personnalité. Pierre-Arthur Raveau était peut-être un peu en-dessous de quand il est sur scène, et a surtout montré aujourd’hui qu’il avait besoin de murir, mais nul doute que le poste sera un jour pour lui. Pour le reste, J’ai plutôt bien aimé le parcours de Marc Moreau et Julien Meyzindi. J’ai fait un total rejet sur l’interprétation d’Arépo d’Allister Madin, mais c’est peut-être le seul qui a pris des risques sur ce point.

En guise de conclusion, bravo à toutes les danseuses et tous les danseurs qui sont monté-e-s sur scène durant ces deux jours, promu-e-s ou non. J’imagine que cela ne doit pas être évident de se livrer ainsi au public, dans les conditions difficiles d’un concours, et alors que les répétitions pour les ballets de Noël battent leur plein. Pour le public, c’est en tout cas un moment unique, la possibilité de vraiment découvrir ce qui fait la richesse de cette compagnie : ses artistes du corps de ballet. Merci pour ces beaux moments, et il y a en a eu durant ce Concours.

 

Pour info, voici les variations libres choisies par les candidats

Classe des Quadrilles

Alexandre Carniato : Genus (Wayne McGregor).

Jean-Baptiste Chavignier : Raymonda, acte II, deuxième variation d’Abderam (Rudolf Noureev).

Cyril Chokroum : Marco Spada, acte I, première variation (Pierre Lacotte).

Mathieu Contat : Le Lac des Cygnes, acte III, variation du Prince Siegfried (Rudolf Noureev).

Takeru Coste : Approximate Sonata (William Forsythe).

Alexandre Labrot : Giselle, acte I, variation du Pas de deux des paysans (Jean Coralli).

Germain Louvet : La Fille mal gardée, acte I, variation de Colas (Heinz Spoerli).

Hugo Marchand : Suite en Blanc, Mazurka (Serge Lifar).

Florent Mélac : Notre-Dame de Paris, acte I, variation de Frollo (Roland Petit).

Antonin Monie : Le Lac des Cygnes, acte III, variation de Rothbart (Rudolf Noureev).

Jérémy-Loup Quer : Marco Spada, acte I, première variation (Pierre Lacotte).

Pierre Rétif : L’Arlésienne, dernière variation de Frédéri (Roland Petit).

Alexis Saramite : Raymonda, acte II, première variation d’Abderam (Rudolf Noureev).

Classe des Coryphées

Hugo Vigliotti : Push comes to shove (Twyla Tharp).

François Alu : La Bayadère, acte III, variation de Solor (Rudolf Noureev).

Sébastien Bertaud : Carmen, variation de Don José (Roland Petit).

Matthieu Botto : L’Arlésienne, dernière variation de Frédéri (Roland Petit).

Yann Chailloux : Le Lac des Cygnes, acte I, variation lente du Prince Siegfried (Rudolf Noureev).

Adrien Couvez : Appartement, variation du pas de deux de la cuisine (Mats Ek).

Julien Cozette : L’Arlésienne, dernière variation de Frédéri (Roland Petit).

Yvon Demol : Sylvia, acte II, variation d’Orion (John Neumeier).

Grégory Dominiak : Sept danses grecques (Maurice Béjart).

Alexandre Gasse : Notre-Dame de Paris, acte I, variation de Frollo (Roland Petit).

Axel Ibot : Arépo (Maurice Béjart).

Mickaël Lafon : Arépo (Maurice Béjart).

Maxime Thomas : Nouvelle lune (Andy Degroat).

Classe des Sujets

Simon Valastro : Rhapsody (Frederick Ashton).

Audric Bezard : Carmen, variation de Don José (Roland Petit).

Yannick Bittencourt : Other Dances, première variations (Jerome Robbins).

Florimond Lorieux : Le Lac des Cygnes, acte III, variation de Rothbart (Rudolf Noureev).

Allister Madin : Arépo (Maurice Béjart).

Julien Meyzindi : Le Lac des Cygnes, acte I, variation lente du Prince Siegfried (Rudolf Noureev).

Marc Moreau : The Four seasons, variation du Printemps (Jerome Robbins).

Pierre-Arthur Raveau : L’Oiseau de Feu, première variation de l’Oiseau de Feu (Maurice Béjart).

Fabien Révillion : La Belle au Bois Dormant, acte II, variation du Prince Désiré (Rosella Hightower).

Daniel Stokes : Other Dances, deuxième variations (Jerome Robbins).

Commentaires (7)

  • Genoveva

    De beaux moments oui, il y en a eu beaucoup ! mais deux moments exceptionnels !

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  • elendae

    Grégory Dominak prix du Sexy Boy, j’adore !!! 😆 Il manque décidément une cérémonie-bis de remise de prix par le public, pour ce concours…

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  • Estelle

    Moi je dis : “Vive François Alu” !

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  • Aymeric

    Je n’y étais malheureusement pas, mais suis content des personnes promues! Pour la classe des sujets, visiblement moins impressionnante que ce à quoi on aurait pu s’attendre, il y avait quand même de très bons danseurs, et ce n’était donc pas le même stress ̀que pour les femmes où une certaine personne méritait clairement de se détacher du reste, surtout compte tenu de son parcours extra-concours. Sinon je trouve dommage que Coste ne soit pas classé!

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  • Bayadere

    Moi je dis bravo à tous les danseurs !!!

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  • @ Genoveva : C’est encore plus une chance d’ avoir assisté 🙂

    @ Elendade : Cette prestation a fait l’unanimité auprès du public féminin j’ai l’impression. 😉

    @ Estelle : En croisant les doigts pour qu’aucune vilaine blessure ne l’interrompe.

    @ Aymeric : Avec son concours, c’est normal que Takeru Coste ne soit pas classé. J’aime beaucoup sa personnalité, mais je ne sais pas s’il joue assez le jeu du concours.

    @ Bayadère : Et vous avez bien raison ! Il faut un certain courage pour se présenter ainsi devant un jury et le public. Bravo à eux !

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  • Miam23

    En tout cas on peut encore dire bravo au site de l’Opéra qui n’est toujours pas à jour suite aux concours … : http://www.operadeparis.fr/L_Opera/

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