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Les Démonstrations du CNSMDP 2011

Vendredi 8 et samedi 9 avril 2011. Portes ouvertes des classes de danse classique et contemporaine du CNSMDP. 

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Les Démonstrations n’appartiennent pas qu’aux Petits Rats. Le CNSMDP offre aussi la possibilité d’assister à ses classes de danse. Le concept n’est toutefois pas le même. Ces cours publics s’enchaînent pendant deux jours, dans les locaux du Conservatoire, se partageant entre le grand studio Garnier, l’espace M. Fleuret et la salle d’art lyrique. A chacun-e de déambuler dans ces trois salles, au gré de ses envies et de ce qu’il-elle veut voir. 

Le plus dur au début, c’est donc de choisir vers quoi se diriger. Ne pouvant pas y rester les deux jours entiers, je me suis plutôt dirigée vers les classes de classique, ce qui a donné un bon aperçu de leur formation. Et de leur niveau, franchement bon. 

Cours d’adage, troisièmes années classique filles et garçons. Professeur Jean-Yves Lormeau, accompagnement Yorgos Delphis.

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C’est toujours la première chose qui marque lorsque l’on est trop habitué-e à l’Ecole de Nanterre : la disparité physique. Elle se fait surtout sentir chez les filles : des très grandes, des petites, des plus rondes que d’autres, et des anciennes Petits Rats qui se repèrent au moindre coup d’oeil. Le niveau est néanmoins assez homogène. Le professeur n’a pas vraiment donné un véritable cours, mais a fait faire un grand exercice à chacun, ce qui a eu le mérite de mettre tout le monde en valeur, même si pour le public, c’était peut-être un peu moins pédagogique. 

L’exercice est divisé en deux parties. Trois groupes les font l’un après l’autre, avant de le repasser en entier, puis de le faire couple par couple à gauche. Le tout n’est pas évident, multipliant les difficultés et la variété des pas : des portés, des menés, des tours. Le professeur insiste sur le dialogue qu’il doit y avoir entre les deux partenaires, de faire attention à respecter son espace, à la musicalité. Chaque couple se lance avec témérité, ponctué par les conseils du professeur, un appui à changer, une main à placer différemment. L’assurance technique n’est néanmoins pas toujours là, ne serait-ce que par les grimaces des garçons lors des portés périlleux. Mais ces jeunes élèves ne se confrontent à l’adage que depuis quelques mois. 

Junior Ballet classique – répertoire.

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J’arrive un peu sur la fin, pour voir des extraits de chorégraphies dansées par le Junior Ballet cette année en tournée. Le style n’est toutefois pas très classique, mais plus du néo-classique ou du contemporain sur pointe. Le niveau est très bon, et le tout semble bien maîtrisé. Mais, est-ce l’absence de costume ou moi qui suis arrivée en cours de route, j’ai eu un peu de mal à rentrer dedans. A voir dans les conditions du spectacle.

Quatrièmes années contemporain filles et garçons – Répertoire – Professeur Jean Alavi.

Direction la salle d’art lyrique pour voir un peu de quoi sont capables les élèves de contemporain. Et tout de suite, changement de style, avec échauffement sur scène, long pantalon et style vestimentaire et capillaire visiblement très étudiés. Les élèves vont nous présenter deux chorégraphies, une d’aujourd’hui et une des années 1960. Leur bon niveau n’est pas en cause, mais je n’ai pas spécialement accroché. Il faut dire que la première oeuvre était sur la Passacaille de Bach. Et pour moi, cette Passacaille, c’est Le Jeune Homme et la Mort, et puis c’est tout. J’ai donc passé le cours à me superposer dessus la chorégraphie de Roland Petit. Globalement, les ensembles étaient en place, mais ce n’était pas forcément le choix le plus judicieux pour montrer la personnalité des jeunes danseur-se-s. 

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Cours de danse classique – cinquièmes années classique garçons. Professeur Sergueï Soloviev .

Ce cours est à voir aussi pour le prof, un Russe à l’accent à couper au couteau, à la voix qui porte, et qui s’énerve tout le temps même on ne sait pas bien si c’est de l’humour. Gare à ses élèves, s’ils ont le malheur de sortir du mauvais côté, de ne pas se placer assez vite, ou de ne pas rendre leur serviette pliée en quatre. “Danse classique, c’est discipline !“, tonne le professeur Les spectateur-rice-s qui font du bruit sont mi-e-s au même régime. 

Il arrive façon défilé avec les cinq garçons de la classe, sur une musique un peu kitchounette, et au vu de la tête de certains élèves, je ne suis pas la seule à le penser. Le cours dure une bonne heure, avec une barre rapide et beaucoup d’exercices de sauts.Tout s’enchaîne assez vite. Seul moment de répit pour les élèves, entre la barre et le milieu. Sergueï Soloviev se tourne alors vers le public, et d’une voix complètement radoucie, parle de son art et des abrutis qui lui prédisent sa mort. “Danse classique, c’est beauté du corps, c’est beauté de l’esprit… C’est beauté“.

Les exercices au milieu sont un vrai effort d’endurance, avec de nombreux pas de tours et de sauts. S’il faut comparer, ce serait donc avec les premières divisions. Le niveau me semble plus hétérogène, avec trois très bons éléments et deux un peu moins. Néanmoins, ils font moins élèves sur scène, et vraiment pro, ils sont aussi plus âgés. 

18h45, je dois partir en plein milieu pour me rendre à une répétition à Garnier, et j’ai limite peur. Je profite de mon voisin qui se fait aussi la malle pour m’enfuir en courant, sentant un regard réprobateur dans mon dos. 

Cours de danse contemporaine, troisièmes années contemporain filles et garçons. Professeure C. Therrien, accompagnement Michael Kinney.

Je comptais commencer la deuxième journée avec la classe de Carole Lagache, les 2e années filles classique. Mais le studio Garnier est plein à craquer. Même à 10 heures du matin, ces portes ouvertes sont un succès. Direction à la place les troisièmes années contemporains filles et garçon… et je n’ai pas regretté. 

La professeure est une femme fluette bourrée d’énergie, au franglais totalement irrésistible (“Don’t forget the bas du dos !“). L’ambiance semble être très chaleureuse dans le cours, avec une véritable complicité entre les élèves. Et cela se sent sur scènes. La quinzaine d’ados a un évident plaisir à danser, et personne ne ménage ses efforts. Le cours débute avec une série d’exercices et enchaînements techniques, qui montrent une excellent niveau. C. Therrien est dans un coin mais a l’oeil, et multiplie les corrections. La musique, c’est un mix sur iMac, vive la modernité. Les démonstrations se terminent avec une petite chorégraphie, dansée en deux groupes, plutôt longue et qui demande une bonne endurance. Le niveau est très homogène, même si chacun-e essaye de montrer sa personnalité. Cela laisse présager de bon-ne-s danseur-se-s dans un an, une belle promo.

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Cours de danse classique, premières et deuxièmes années classique garçons. Professeur Alain Debrus, accompagnement Patricia Ardiet.

Je ne pensais rester que peu de temps, mais la bonne tenue de cette classe m’a fait rester pendent toute l’heure 1/4. C’est ici un vrai cours. Tout a  été travaillé avant, mais la leçon se déroule normalement, avec chaque exercices effectué à droite et à gauche. La dizaine de garçons est très concentré, l’ambiance est studieuse, et le travail est extrêmement propre. Le professeur a l’oeil acéré, et ne rate rien. Ses nombreuses remarques sont délivrées avec beaucoup de pédagogie (comment placer un pied, une hanche, un bras), avec une pointe de douceur dans la sévérité. Les exercices ne sont pas forcément très brillants, ce n’est pas un spectacle. Mais tout est propre, placé, précis. Mettons les bases avant de se lancer.  Le travail au milieu montre un niveau plus hétérogène, et la différence de taille se fait sentir. Certains éléments sortent du lot, et si l’Opéra continue son habitude de venir faire son marché dans cette classes, on devrait en retrouver deux ou trois à Garnier l’année prochaine (dont un petit aux cheveux bruns et yeux noirs que j’ai beaucoup aimé). 

Cours de danse classique, premières années classique filles. Professeure Anne Salmon, accompagnement Michèle Mérou.

Petite course à travers le hall du CNSMDP pour voir la fin du cours des filles. Elles en sont déjà aux pirouettes. Le niveau me semble globalement plus homogène au milieux que leurs collègues masculins. Il y a six mois, cette dizaine d’ados venaient d’écoles complètement différentes. En finalement peu de temps, elle se sont complètement uniformisées. Concernant le style, même réflexion que pour les autres classes : le travail du bas de jambe est moins vif qu’à Nanterre, les silhouettes moins fines, mais le haut du corps reste plus travaillé, et toutes ont une certaines témérité. Tout n’est pas encore au point, surtout sur pointes, mais elles n’ont pas peur de tenter. Une classe très vive, musicale, à suivre. 

Cours de danse jazz, quatrièmes années classique et contemporain filles et garçons. Professeure Cathy Bisson, accompagnement Déborah Shannon.

Inimaginable de rater cette classe, par la seule présence de Cathy Bisson. Une prof formidable, à la passion communicative, et aux exercices dignes d’un véritable spectacle. le cours a été divisé en deux parties : les classiques d’une part, les contemporains d’autres part. Ce qui permet de voir que, malgré ce que disait le directeur des études l’année dernière dans Danser, il y a une sacrée différence entre les deux filières (et je ne parle même pas du look. Justaux et shorts tirés à quatre épingles pour les premier-ère-s, pantalons larges et cheveux au vent pour les second-e-s). 

Les classiques se livrent plus à des exercices néo-classiques. Le tout est aérien, fluide, et très agréable a regarder. Mais je dois dire que, concernant le jazz, j’ai été plus séduite par les contemporains. Dans ce style, ils-elles ont été beaucoup plus techniques. Le cours est basé sur une mini-choré. Chacun l’a ensuite revisité et transformé en duo, qu’ils-elles nous montrent à tour de rôle. Cela tombe un tout petit peu, parfois, dans la facilité. Mais globalement l’imagination fuse, et il y a eu de belles trouvailles. Leur bon niveau se fait plus ressentir que dans le cours contemporain de la veille en tout cas. Mention spéciale à l’accompagnatrice, qui a joué de trois instruments en même temps (piano+djembé+clochettes aux pieds), parfois rejointe par les élèves.

Cours de danse de caractère, premières et deuxièmes années classique filles et garçons. Professeure Roxana Barbaracu, accompagnement Olga Averianova.

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Cours pris en cours de route. Pas de véritable leçon ici, mais plutôt un aperçu de la variété de ce que peut être la danse de caractère : une danse légère folklorique, une danse tzigane qui demande du jeu, des danses issues des ballets classiques… Les élèves passent par groupe de deux ou trois. Les garçons ont droit à un petit moment de bravoure, avec une variation difficile qui demande de l’engagement. Les mêmes qui se distinguaient en classique sortent du lot.

Cours de danse classique, quatrièmes années classique garçons. Professeur Jocelyn Bosser, accompagnement Rémi Masunaga.

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La classe m’a paru moins propre que les plus jeunes, mais je me demande si ce n’est pas la faute du professeur, qui semblait assez stressé. Cours classique, un peu de barre, un peu de milieu, des beaux sauts. C’est assez vite expédié…

Cours de danse classique, quatrièmes années classique filles. Professeure Marie-Christine Charmolou, accompagnement Patricia Ardiet.

… Et à vrai dire tant mieux, les filles ont eu plus de temps. Classe riquiqui, elles ne sont que cinq, dont une revenant de blessure, mais cela a permis de bien les voir à l’oeuvre pendant une heure. La professeure est d’emblée attachante, à la fois sévère, rigoureuse, et plutôt drôle. Elle semble bien s’amuser des petites surprises qu’elle a réservé à ses élèves, dont un manège à l’envers qui visiblement n’était pas prévu. La barre passe assez vite, le cours se concentre sur le milieu. Et c’est un festival : ça adage, ça tourne, ça re-tourne, ça petits saut et grands sauts, ça pique et ça 32 fouette. Une véritable démonstration technique réalisé avec beaucoup de sourire et d’harmonie. Le niveau est malgré tout disparate. Claire Teisseyre domine clairement sa classe, de part sa technique (la seule à faire des doubles-fouettés), et clairement par son assurance en scène. Les concours internationaux sont passés par là, et elle fait déjà pro, alors que ses camarades, malgré leur bon niveau, semble encore appartenir à la classe des élèves. 

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Claire Teisseyre a été reçue quelques jours plus tôt au Ballet de Bordeaux. J’imagine qu’elle ne va pas résister à l’envie de tenter l’Opéra de Paris. Je suis curieuse de voir son classement, c’est une belle personnalité sur scène. 

Les démonstrations continuent avec le répertoire et des extraits de spectacles, mais sans moi. 

Ces deux journée se sont révélées très intéressantes. Elles permettent de mieux cerner ces classes de danse, qui restent souvent dans l’ombre de Nanterre. Et donne envie de les suivre de plus près, il y a chez certaines classes un sacré niveau. Le niveau classique est à saluer, mais je dois avouer avoir été plus impressionnée globalement par les élèves en contemporain. Il faut dire qu’il existe très peu de formation pro dans ce style, et le CNSMDP semble, là-dessus, être le top.

© Photos de 4 à 8 Sarah Zhiri

Commentaires (2)

  • Libellule

    L’article est daté du 3 avril?!

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  • @Libellule: Tu as l’oeil 😉 Du 3 avril 2012 pour être précise, dû à un petit cafouillage au moment de changer la date (j’avais commencé à écrire l’article la semaine dernière). Et non, je n’écris pas mes critique savant que l’événement ait lieu 😉

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