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Qui dit Noël dit Démonstrations

Noël apporte toutes sortes de rituels : les vitrines décorées des Grands Magasins, des guirlandes lumineuses dans les rues, des pub outrageusement intensives pour les jouets… Et pour les addicts de la Danse, la période de Noël signifie aussi celle des Démonstrations de l’Ecole de Danse de l’Opéra de Paris.

J’ai donc passé ma journée du 13 décembre au Palais Garnier, à voir les différentes classes de l’Ecole de danse de l’Opéra dans leurs cours de classique, mime, caractère, folklore, contemporain, adage et expression musicale. La même formule depuis déjà pas mal de temps. J’avoue que, comme c’était la troisième année d’affilée où j’y assistais, j’avais un peu peur de la lassitude. Mais les profs ont su faire preuve d’imagination, et les élèves de motivation, parce que je n’ai pas vu passer la journée. 
Places d’abord aux petites classes le matin.

– 6ème division garçons (Bertrand Barena/Tristan Lofficial). Encore et toujours, je suis impressionnée chaque année par cette classe. 9 garçons hauts comme trois pommes, mais avec déjà un sérieux, une assurance sur scène et une propreté du travail impressionnante. Certains n’ont même pas une année entière à l’Ecole, et claquent déjà une double pirouette. Au delà du potentiel des jeunes danseurs, on sent aussi toute la pédagogie du professeur, qui sait faire travailler sa classe ensemble et mettre en confiance chaque élève.

– 6ème division filles (Véronique Doisneau/Yuko Tsuchiya). Après les ensembles millimétriques des garçons, difficile de passer après. Surtout qu’il est forcément plus dur d’être homogène à 14 qu’à 9. Les exercices faisaient la part belle aux ports de bras, ce qui laissaient les filles danser, mais accentuaient par moment l’effet fouillis du groupe. Belle classe au niveau assez différent entre les filles, l’écrémage à l’examen de fin d’année risque d’être cruel. 

– 5ème division garçons (Marc Du Bouaÿs/Tadeusz Gieysztor). Un peu sadique le professeur ! Les exercices étaient très difficiles, et montraient clairement la différence de niveau avec la 6ème division. On était ici plus dans le travail, l’apprentissage, que dans la démonstration de pas maîtrisés. Cela donnait un bon aperçu du travail physique intense que doivent fournir les élèves, mais ne les permettaient pas vraiment de s’exprimer artistiquement. C’était une classe intéressante pour le public, mais ça n’a pas dû être évident pour les apprentis danseurs, qui ne semblaient pas tout le temps très confiants.

– 5ème division filles (Marie-José Redont/isabelle Van Brabant). Très belle classe, très musicale. Encore une fois, on sent le poids du professeur qui sait guider tout ce petit monde dans le bon sens. Le niveau me semblait plus homogène que pour la classe du dessous, avec déjà des exercices montrant une certaine virtuosité de la part des jeunes élèves.

– 4ème division garçons (Wilfried Romoli/Masako Shimura). Première remarque, le professeur semble beaucoup moins stressé que l’année dernière qui marquait ses premières démos en tant qu’enseignant. Deuxième remarque, le niveau m’a semblé encore ici beaucoup plus homogène que l’an passé, où c’était très disparate. Place ici aux grands sauts, avec parfois une belle amplitude et quelques prises de risques, toujours appréciables.

– 4ème division filles (Fanny Gaïda/Anna Simon). Encore une classe très agréable à regarder. C’est à ce niveau que l’on commence vraiment à se rendre compte de ce que peut être un physique Opéra de Paris : coup de pied, allure longiligne et développés presque à l’oreille. Une nuée de filles très souriantes, avec une véritable envie de danser, ce qui change d’autres classes parfois un peu tristounettes. J’aime beaucoup d’année en année le travail de Fanny Gaïda, tout en musicalité et féminité.

– 6ème division filles et garçons, folklore (Marie Blaise). Voila le cours où je m’inquiétais le plus de m’y ennuyer, ayant un peu peur de la répétition au fil des années. Et au final, j’ai trouvé cela très intéressant. J’étais placée un peu en hauteur par rapport aux autres années, et j’ai bien apprécié les dessins de la chorégraphie sur scène. Un exercice de mémorisation plus difficile qu’il n’y paraît.

– 2èm division filles et garçons, contemporain (Claire Baulieu/Tristan Lofficial). J’ai eu un peu peur au début du cours avec le discours de la prof, plutôt caricatural dans l’idée qu’on a du contemporain. C’est finalement très bien passé, avec des chorégraphies très fluides et bien interprétées. Je me répète, mais j’aime beaucoup ce style de danse. Niveau pédagogique, rien de nouveau par rapport aux autres années, heureusement que tout ça ne dure pas plus d’une dizaine de minutes. Pourquoi ne pas montrer, pour changer un peu, le cours de jazz l’année prochaine ?

– 5ème division filles et garçons, mime (Yasmine Piletta). Comme toujours, cette classe remporte un vrai succès et fait beaucoup rire le public. On sent qu’il s’agit d’un vrai moment de détente pour les Petits Rats, après le stress du cours de danse classique. Rien de bien nouveau là encore par rapport aux autres années, mais une fraîcheur et une imagination de la part des élèves qui fait plaisir à voir. 

– 4ème division filles et garçons, caractère (Isabelle Hérouard/Michel Myron Mytrowytch). La prof a décidé cette année de s’attaquer aux danses espagnoles. Les élèves ont tous montré beaucoup d’enthousiasme, mais je me demande s’ils n’étaient pas un peu trop jeunes pour le style. Il faut beaucoup de féminité et de séduction, et les filles, qui avaient toutes moins de 14 ans, surjouaient le tout sans vraiment rendre l’état d’esprit de ces danses. Mais de beaux ensembles tout de même. Parfois même plus que dans le corps de ballet, me souffle une petite voix.

– 6ème et 5ème divisions filles et garçons, expression musicale (Scott Alan Prouty/Tristan Lofficial). Décidément, on ne se lasse pas de la classe de Scott ! Une arrivée très poétique cette année, où chacun arrivait sur scène tout doucement. Et puis ça se réveille, ça chante, ça s’amuse. Et quand tous les élèves reprennent en chœur C’est la fête de La Belle et la Bête, aux remix spécial Petits Rats, c’est totalement irrésistible.

Une  jolie matinée donc pour ces Démonstrations. Pour le résumé des grandes classes, il va falloir attendre l’année prochaine (c’est fous comme l’adore répéter cette phrase tout le temps à l’approche du 31).

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