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Bilan 2019 de la Danse – Le Top 5 de la rédaction

Comme le veut la tradition, traçons un bilan tout personnel de l’année danse 2019, avec le Top 5 des représentations marquantes des membres de la rédaction de DALP. 

 

Le Top 5  d’Amélie Bertrand

1 – Le duo Dorothée Gilbert et Hugo Marchand dans Le Lac des cygnes et Raymonda de Rudolf Noureev d’après Marius Petipa, avec le Ballet de l’Opéra de Paris

2 – Peer Gynt de Johan Inger par le Ballett Theater Basel

3 – A quiet evening of Dance de William Forsythe

4 – Möbius de la Cie XY et Rachid Ouramdane

5 – Carmen de Mats Ek avec Eleonora Abbagnato et Simon Le Borgne, et le Ballet de l’Opéra de Paris

Le premier choix de ce classement donne un petit goût amer. Dorothée Gilbert est la Prima Ballerina de l’Opéra de Paris, un joyaux de sa génération toutes compagnies confondues. Et le duo qu’elle forme avec Hugo Marchand, si magnifique danseur, est l’un des plus beaux que l’on puisse voir en ce moment dans le monde de la danse. Ils ont en plus le talent d’emmener toute la troupe dans leur excellence. Dans ces moments-là, l’Opéra de Paris peut se targuer d’être l’une des plus grandes troupes du monde, et nous d’avoir un magnifique moment d’émotion. Un goût amer donc, pour le peu d’occasions qu’a finalement ce duo et cette Étoile de briller, et par le gros sentiments de gâchis des grèves de ces dernières semaines, ainsi qu’une direction qui navigue dans le plus grand flou depuis bien trop de temps. 

Johan Inger ne cesse de me surprendre par son talent narratif. Son Peer Gynt est barré, étonnant, étourdissant… et incroyablement bien mené. Un spectacle qui sort des sentiers battus et propose quelque chose de vraiment différent, alors que la danse “Made in NDT” peut vite se ressembler. L’occasion aussi de saluer la belle programmation de la Maison de la Danse de Lyon, éclectique et sachant toujours proposer des spectacles d’une très grande qualité. On y verra en février 2020 Möbius de la Cie XY et Rachid Ouramdane, que j’ai découvert à Circa cet automne, et l’un de mes coups de cœur de la saison. La danse et l’acrobatie se mêlent pour un véritable ballet aérien – et le mot ici n’est pas vain – qui hypnotise par son écriture chorégraphique comme par sa profonde dimension poétique et onirique. 

Place aux vieux enfin pour ce Top 5. Les années passent, mais il restent ! Car ils ne cessent de nous surprendre. Avec A quiet evening of Dance, William Forsythe nous donne une leçon de danse et d’écriture chorégraphique. Un spectacle qui nettoie les yeux, le cœur et l’esprit, qui remet les choses à leur place au milieu de beaucoup de spectacles qui tournent en rond. Et qui prouve une fois de plus que la danse n’a pas besoin de grand-chose pour être inoubliable. Il ne s’agissait enfin pas d’une création mais d’une entrée au répertoire. Et est-ce parce qu’elle est arrivée après une saison bien morne ? Carmen de Mats Ek, un ballet percutant, a réveillé le Palais Garnier et a offert à Eleonora Abbagnato un dernier grand rôle, qu’elle a emporté de sa personnalité et a marqué de son empreinte. 

Peer Gynt de Johan Inger par le Ballett Theater Basel

Le Top 5 de Jean-Frédéric Saumont

1 – Skid De Damien Jalet par le GöteborgsOperans Danskompani

2 – Boléro de Mats EK par le Ballet de l’Opéra de Paris

3 – Winterreise d’Angelin Prelocaj par le Ballet Preljocaj

4 – A Quiet Evening of Dance de William Forsythe

5 – Le Portrait de Merce Cunningham au Festival d’Automne

La numérotation ne correspond à aucune hiérarchie ou classement mais définit simplement l’ordre chronologique dans lequel j’ai vu ces ballets. Et au moment de faire le bilan d’une année, des images persistent quand d’autres se sont déjà effacées. C’est souvent très injuste tant la manière dont on perçoit une œuvre dépend du moment de la représentation. Mais il faut revendiquer une part de subjectivité dans laquelle on retrouve malgré tout une ligne de force : la puissance créatrice des anciens.

Merce Cunningham bien sûr dont l’art multiple s’est décliné avec bonheur lors de ce superbe portrait du Festival d’Automne alternant chefs-d’œuvre et pièces plus rares, confirmant que la Ballet de Lorraine et le Ballet de l’Opéra de Lyon sont les deux plus grandes compagnies au monde à défendre avec talent cet héritage. S’il n’y eut pas beaucoup d’émotions du côté du Palais Garnier, le retour de Mats EK sorti de sa retraite grâce à Aurélie Dupont fut un sommet pour l’entrée au répertoire de Carmen et la création d’un Boléro en tous points réjouissant, offrant une pièce de groupe absolument épatante pour la troupe. Du côté de Montpellier Danse, Jean-Paul Montanari nous offrit deux soirées mémorables. Winterreise d’Angelin Preljocaj d’abord, spectacle total sur le fameux cycle de lieder de Schubert. Puis William Forsythe nous régala avec A quiet Evening of Dance, hommage drôle et génial à l’académisme. Il est bien le plus grand chorégraphe classique vivant !

Les anciens tiennent le coup et sont loin d’avoir dit leur dernier mot. Mais je me souviens encore des plans inclinés imaginés par Damien Jalet pour la GôeteborgsOperans Danskompani. Skid, ballet métaphysique sur la gravité et sommet de beauté interprété avec virtuosité par la grande compagnie suédoise.

A Quiet Evening of Dance de William Forsythe

Le Top 5 de Claudine Colozzi 

1 – Le Lac des cygnes de Rudolf Noureev avec Dorothée Gilbert et Hugo Marchand

2 – Célébration du centenaire de la naissance de Merce Cunningham (journée de célébration à Montpellier Danse et le Portrait au Festival d’automne)

3 – Marie-Antoinette de Thierry Malandain par le Malandain Ballet Biarritz

4 – A quiet evening of Dance de William Forsythe

5 – Hard to be soft, A Belfast prayer de Oona Doherty (20e Biennale de la Danse du Val-de-Marne)

5 bis – L’exposition Degas à l’Opéra au musée d’Orsay

D’emblée, une petite confidence : je me faisais une joie de faire figurer Raymonda dans ce palmarès, mais le climat social en a décidé autrement. Alors, balayons la frustration en laissant remonter à la surface les souvenirs d’un Lac des Cygnes enchanteur avec une distribution de rêve. Les deux Étoiles y formaient un couple ardent et fusionnel à inscrire assurément au palmarès des beaux partenariats artistiques.

Un autre beau partenariat est celui qu’entretient Thierry Malandain avec sa compagnie. Après nous avoir ravis avec son Noé en 2017, le chorégraphe récidive avec un doublé gagnant dans la même saison : un ballet autour de la figure de Marie-Antoinette pour l’Opéra royal de Versailles et La pastorale, une création autour du 250e anniversaire de la naissance de Beethoven.

S’il en est un qui a eu droit à un hommage trois étoiles en 2019, c’est bien Merce Cunningham parti il y a dix ans et légitimement célébré à l’occasion du centenaire de sa naissance. De l’émouvante journée au festival Montpellier danse qu’il affectionnait tant à l’importante mise en lumière durant le Festival d’automne, on a pu savourer tout le génie de ce grand créateur du XXe siècle. Bien vivant et toujours aussi inspiré William Forsythe a mis tout le monde d’accord avec A quiet evening of Dance.

Je croyais bien connaître l’artiste. Je suis restée une nouvelle fois médusée par tant de beauté. “Le peintre des danseuses” Edgar Degas a saisi bien plus qu’une légèreté de tulle et de satin en arpentant les différents espaces de l’Opéra de la rue Le Peletier, puis du Palais Garnier, pendant plus de quarante ans. C’est cette relation passionnelle que s’est employé à mettre en lumière cette exposition remarquable organisée dans le cadre des 350 ans de l’Opéra de Paris.

Le Lac des cygnes de Rudolf Noureev d’après Marius Petipa – Ballet de l’Opéra de Paris, Hugo Marchand et Dorothée Gilbert



 

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