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2019, bilan d’une année danse

Après les Top 5 des spectacles 2019 de la rédaction, poursuivons notre retour sur l’année Danse 2019 avec les temps forts qui ont marqué ces douze derniers mois.

 

Ils et elles ont marqué 2019

À défaut d’avoir eu des adieux, Eleonora Abbagnato a brillé en scène, notamment avec sa superbe prise de rôle de Carmen de Mats Ek. L’Étoile assure aussi du côté de la direction du Ballet de l’Opéra de Rome, en étant reconduite jusqu’en 2021 et en dévoilant une nouvelle saison ambitieuse et riche de répertoire. Autre Étoile que l’on n’a presque jamais autant vu sur scène que depuis sa retraite : Marie-Agnès Gillot qui multiplie les projets, aussi bien en tant que danseuse ou chorégraphe, et qui entre autres investit la Seine musicale durant toute la saison.

Carmen de Mats Ek – Eleonora Abbagnato et Simon Le Borgne

L’automne fut marqué par le magnifique portrait Merce Cunningham du Festival d’Automne, avec de nombreux spectacles permettant de replonger dans la riche carrière du chorégraphe, dont on fêtait en 2019 le centenaire de sa naissance. L’une des manifestations a eu lieu au Théâtre du Châtelet, qui a rouvert ses portes après plusieurs années de travaux sur une magnifique saison. Pour les anniversaires, le Royal Ballet a fêté comme il se doit le centenaire de naissance de l’immense ballerine Margot Fonteyn. John Neumeier a soufflé ses 80 bougies à Hambourg lors d’un grand gala réunissant des Étoiles du monde entier. Guillaume Côté a fêté ses 20 ans de carrière au Ballet National du Canada et le Northern Ballet a fêté ses 50 ans d’existence.

Côté chorégraphe, l’année fut définitivement marquée par les anciens, entre le superbe spectacle du toujours jeune William Forsythe, le retour très inspiré de Mats Ek ou Jiří Kylian, premier chorégraphe à entrer à l’Académie des beaux-arts.
Parmi les jeunes talents, 2019 fut l’année de Mackenzie Brown, lauréate du Prix de Lausanne et élève de la décidément incontournable Académie Princesse Grace. À suivre aussi, Julia Conway et Rhys Antoni Yeomans, qui ont remporté l’édition 2019 de l’Emerging Dancer Award, le concours de jeunes talents de l’English National Ballet. La troupe, toujours dirigée par l’ambitieuse charismatique Tamara Rojo, a par ailleurs investi ses nouveaux et très beaux locaux, avant de fêter ses 70 ans en 2020.

La danse était aussi au cinéma cette année. Le film Les Chatouilles d’Andréa Bescond et Eric Métayer, l’histoire d’une enfant passionnée de danse et victimes d’abus sexuels, a remporté le César de la meilleure adaptation. Dilili à Paris de Michel Ocelot, a eu le César du meilleur long-métrage d’animation, avec des chorégraphies signées de Pablo Legasa.

Enfin, on les cite année après année mais on ne s’en lasse pas : bravo à Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron, sacrés pour la quatrième fois champions du monde de danse sur glace.

Les Chatouilles d’Andréa Bescond et Eric Métayer

 

Des adieux à la scène…

On en parlait plus haut : Eleonora Abbagnato reste quelques mois de plus pour faire ses adieux, suite aux grèves. Mais d’autres artistes de l’Opéra de Paris sont partis cette saison, comme les Premiers danseurs Alessio Carbone et Muriel Zusperreguy, ou des piliers du corps de ballet comme Julien Meyzindi ou Caroline Bance. Côté coulisse, Viviane Descoutures, Sujet puis Assistante Maîtresse de Ballet à l’Opéra de Paris, a pris sa retraite après 58 ans dans l’institution. À Bordeaux, l’Étoile Roman Mikhalev a fait ses adieux à la scène en mai, suivi en décembre par Kase Craig.

Côté stars internationales, Roberto Bolle a fait ses adieux à l’ABT, avant de probables adieux à la scène définitifs dans les prochaines années. Igone de Jongh, Principal star du Het Nationale Ballet, a fait ses adieux à la scène le 31 octobre après 24 ans de carrière dans la troupe néerlandaise. Le danseur français Fabrice Calmels, pilier du Joffrey Ballet, a quitté la troupe en décembre après 18 ans de carrière. Après neuf ans en tant que Principal au Royal Ballet, Nehemiah Kish fait ses adieux à la scène en juillet.

Carsten Jung, Karen Azatyan et Carolina Agüero, Principals au Ballet de Hambourg, ont fait leurs adieux à la scène à la fin du mois de juin. Tout comme la Principal Kathleen Breen du Boston Ballet. Jonathan Porretta a quitté le Pacific Northwest Ballet. Enfin l’Étoile japonaise Miyako Yoshida a définitivement fait ses adieux à la scène en août. Elle prendra par la suite la direction du Ballet National du Japon en septembre 2020.

Roman Mikhalev

… Et de nouvelles Étoiles

Il n’y a pas eu de nouvelles Étoiles en France cette année, à Paris ou ailleurs, mais de nombreuses promotions de Principals sont à noter un peu partout dans le monde. À commencer par le jeune et talentueux Marcelino Sambé, devenu Principal du Royal Ballet de Londres. Il est rejoint par l’expérimenté David Hallberg, régulièrement invité dans la compagnie londonienne et officiellement Principal Guest Artist depuis cette saison.

En Allemagne, la brillante Prisca Zeisel est devenue Principal du Ballet de Bavière, tout comme Kristina Lind, Emilio Pavan, Alexey Popov, Virna Toppi (ancienne Soliste à la Scala) et Maria Baranova (auparavant Première soliste au Boston Ballet). Madoka Sugai et Jacopo Bellussi sont passé.e.s Principal du Ballet de Hambourg. En Autriche, Jakob Feyferlik a été nommé Principal du Ballet de l’Opéra de Vienne, six ans après être entré dans la compagnie. Antoinette Brooks-Daw a été promue Première danseuse (le plus haut grade de la compagnie) du Northern Ballet et Andrei Yermako a été promu Principal du Ballet du Mariinsky. Pour terminer le tour de l’Europe, Haruka Sassa a été nommée Principal du Ballet Royal de Suède à l’issue de la première de Giselle, en ouverture de saison.

Outre-Atlantique, Esteban Hernandez, WanTing Zhao et Benjamin Freemantle ont été promu.e.s Principal du San Francisco Ballet. Ils sont rejoints par la brillante Misa Kuranaga, qui a quitté le Boston Ballet pour la troupe californienne. En Floride, Alexander Peters a été nommé Principal du Miami City Ballet. Enfin plus au nord, Brendan Saye est devenu Principal du Ballet National du Canada.

 

Les départs à jamais

Elle était l’une des dernières grandes légendes de la danse du XXe siècle : la cubaine Alicia Alonso s’est éteinte le 17 octobre, à 98 ans, laissant son île, son ballet et son école en deuil. Moins connues en France mais adulées dans leur pays, la princesse Norodom Bopha Devi du Cambodge, l’une des figures du Ballet royal du Cambodge, est décédée le 18 novembre, et Christine DuBoulay, une légende du ballet classique anglais, est morte le 9 novembre à l’âge de 96 ans.

Autre grande disparition, bien plus brutale et inattendue, celle d’Eva Kleinitz, la formidable directrice de l’Opéra du Rhin, décédée le 30 mai à l’âge de 46 ans, des suites d’une longue maladie. Tout comme Aniko Rehviashvili, directrice du Ballet National d’Ukraine, morte à 56 ans.

Le chorégraphe Andy Degroat est parti le 10 janvier à l’âge de 71 ans, sa consoeur Mié Coquempot est décédée le 5 octobre, à l’âge de 48 ans. Didier Michel, fondateur du Festival Uzès Danse, est décédé au début du mois d’octobre.

Il y a aussi ceux qui n’étaient pas danseurs mais qui ont contribué, à leur manière, à la faire rayonner. Le grand compositeur de comédies musicales, Michel Legrand, est ainsi parti le 26 janvier à l’âge de 86 ans, alors que Stanley Donen, réalisateur du film Chantons sous la pluie en 1952 est mort ce jeudi 21 février à 94 ans. Le producteur Richard Stéphant est décédé le 21 juin, il avait notamment monté le Gala des Etoiles des XXème et XXIème Siècle ainsi que les Saisons Russes au Théâtre des Champs-Élysées. Alberto Testa, journaliste et historien de la danse, qui avait fondé le Prix Massine de Positano, est décédé le 4 octobre, à l’âge de 96 ans. Enfin Jeffery Taylor, danseur et journaliste danse pendant plus de 30 ans au Royaume-Uni, est décédé le 25 septembre.

Alicia Alonso

De nouvelles directions

Ça a bougé en France à la tête des grandes institutions. Et d’abord à l’Opéra de Paris, avec – enfin – la nomination d’Alexander Neef à sa direction. Il ne devrait arriver qu’en 2021, mais espérons qu’il s’impose avant. Car de l’“affaire Sergueï Polounine” en janvier au mois de grèves de décembre, l’Opéra de Paris n’aura pas connu une année glorieuse. Pourtant les talents sont là, preuve en est de la belle série du Lac des cygnes, de la prometteuse Raymonda, le tout porté par le magnifique duo Dorothée Gilbert/Hugo Marchand. Mais la Maison semble tourner à vide sans personne pour tenir les rênes.

À Lyon, Richard Brunel a pris la direction de l’Opéra de Lyon. On attend toujours le changement à la direction de la danse, qui aurait déjà dû arriver cette année. L’actuel directeur du Ballet Yorgos Loukos a été condamné en appel à une amende de 1.500 euros avec sursis pour discrimination envers une danseuse enceinte, et 5.000 euros de dommages et intérêts. Mathieu Ferey a pris les rênes du CNSM de Lyon, suivie par Kylie Walters qui a pris en mains les études chorégraphiques. Elle a pris la succession de Davy Brun, qui est parti diriger le CND de Lyon, tandis que Catherine Tsekenis a pris la tête de celui de Pantin. Stéphane Malfettes est pour sa part le nouveau directeur des Subsistances.

Ailleurs en France,  l’incontournable Noé Soulier a été nommé directeur du Centre national de danse contemporaine d’Angers. Et le tout aussi incontournable collectif (La)Horde a pris la direction du Ballet de Marseille. Bruno Bouché a été renouvelé jusqu’en 2023 à la direction du Ballet du Rhin, et Brigitte Lefèvre est prolongée à la tête du Festival de Danse Cannes jusqu’en 2021.

Viengsay Valdès a pris la direction du Ballet national de Cuba. Saburo Teshigawara a été nommé Directeur artistique du Aichi Arts Theatre. Blanca Li est la nouvelle directrice du Theaters del Canal de Madrid. Emily Molnar est la nouvelle directrice artistique du Nederlands Dans Theater, elle prendra ses fonctions en août 2020. Enfin, une triste nouvelle, Víctor Ullate annonce avec une grande tristesse la fermeture de sa compagnie en Espagne, pour des raisons économiques.

Le New York City Ballet sort la tête de l’eau après une année de scandales, avec une nouvelle direction menée par Jonathan Stafford et Wendy Wheelan, en collaboration avec le chorégraphe Justin Peck. Le chorégraphe Demis Volpi devient Directeur principal et chorégraphe principal du Ballett am Rhein dès la saison 2020/2021. Il prend la succession de Martin Schläpfer, qui lui-même part diriger le Ballet de l’Opéra de Vienne en remplacement de Manuel Legris… Qui ne sait toujours pas où il va. En lice pour le Ballet de l’Opéra de Paris, il pourrait bien finalement aller à La Scala. Dominique Meyer, son directeur à Vienne, a en effet pris les rênes de la maison milanaise, mais les Étoiles italiennes qui comptent beaucoup, comme Massimo Murru ou Roberto Bolle, pourraient aussi être intéressés. De quoi alimenter l’année 2020.

 




 

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