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Giselle par le Ballet de l’Opéra de Paris – Qui voir danser sur scène

Giselle de Jean Coralli et Jules Perrot, dans l’adaptation de Patrice Bart et Eugène Polyakov, est donnée par le Ballet de l’Opéra de Paris pour une série express, du 31 janvier au 15 février au Palais Garnier. Un retour attendu après plus d’un mois de grève, et une série qui s’annonce perturbée après une première annulée. Mais ne transigeons pas à nos habitudes de faire un point sur les distributions. Avec des duos et trios parfois très intéressants, même si l’on regrette l’absence de Paul Marque en Albrecht, qui a pourtant montré qu’il avait gagné la maturité de ce rôle, tout comme, toujours, François Alu. L’on aurait aussi aimé que plus de Premières danseuse aient leurs chances, mais la série est courte et le rôle principal est toujours très demandé par les Étoiles.

 

La distribution “S’il n’en fallait qu’une”

Dorothée Gilbert (Giselle), Mathieu Ganio (Albrecht), Valentine Colasante (Myrtha) et Audric Bezard (Hilarion) : les 2 (matinée), 4, 6 et 11 février. Avec Hannah O’Neill (Myrtha) : le 31 janvier.

Avec Myriam Ould-Braham (en congé maternité), Dorothée Gilbert est incontestablement la grande Giselle de l’Opéra de Paris, et l’une des grandes Giselle à voir en ce moment sur la scène internationale. Son interprétation lors de la dernière reprise avait laissé un souvenir très fort, entre un premier acte explosif et un deuxième dans le grand accomplissement d’une ballerine classique. Son association avec Mathieu Ganio sur ce ballet est très attendue. D’abord parce que lui est une Étoile qui manque, au sommet de son art mais peu distribué. Albrecht est l’un de ses grands rôles. Et puis si ces deux artistes dansent peu ensemble, ils sont pourtant très bien assortis pour les ballets classiques. C’est donc un vrai plaisir de les voir de nouveau associés, d’autant plus dans des rôles où ils excellent. Valentine Colasante n’est toujours pas notre ballerine préférée pour les rôles romantiques, mais son autorité sur scène et sa technicité devrait donner un beau contre-temps au couple principal. Tout comme Audric Bezard, toujours très investi dans le jeu, à qui ces personnages secondaires vont bien.

On note aussi de très jolies distributions dans les rôles secondaires, notamment un duo Marine Ganio/Francesco Mura qui promet d’être brillant dans le pas de deux des Paysans (les 4, 6 et 11 février), ou les deux Willis de luxe -Marine Ganio et Eleonore Guérineau le 11 février.

Giselle de Jean Coralli et Jules Perrot – Dorothée Gilbert en répétition

 

La distributions “De belles retrouvailles”

Ludmila Pagliero (Giselle), Mathias Heymann (Albrecht), Sae Eun Park (Myrtha) et Jérémy-Loup Quer (Hilarion) : les 8, 12 et 14 février.

Plus d’un an sans voir danser Mathias Heymann, voilà qui commençait sérieusement à devenir long. Quel plaisir de le retrouver, d’autant plus en Albrecht où sa poésie et son lyrisme font des merveilles. Il est en général associé à Myriam-Ould-Braham sur ce ballet, Giselle irremplaçable à l’Opéra. En son absence, il danse avec Ludmila Pagliero. Leur partenariat est en général formé pour des ballets pétillants, comme Don Quichotte, où leur énergie communicative se marie très bien. Les voir ensemble sur Giselle, une toute autre atmosphère, est un vrai pari. Mais qui a tout pour fonctionner et pourrait bien surprendre le public. Ludmila Pagliero est pour sa part une ballerine accomplie, qui étonne dans ce genre de rôle où on ne l’imagine pas forcément (on se souvient encore de sa Sylphide !). Bref, un duo qui a beaucoup de charme. Et qui forme un très beau quatuor avec Sae Eun Park, magnifique danseuse qui devrait être impériale en Myrtha, ainsi que Jérémy-Loup Quer en Hilarion, que l’on aime toujours dans ce genre de second rôle.

Pour les rôles mineurs, on ne manquera pas les 12 et 14 février l’adorable distribution de jeunes talents dans le pas de deux des paysans, avec l’irrésistible Bianca Scudamore et le prometteur Thomas Docquir.

Giselle de Jean Coralli et Jules Perrot – Ludmila Pagliero en répétition

 

La distribution Surprise

Léonore Baulac (Giselle), Germain Louvet (Albrecht), Hannah O’Neill (Myrtha) et François Alu (Hilarion) : le 1er, 2, 5 et 7 février.

Oui, le duo Léonore Baulac/Germain Louvet  dans un ballet classique, cela n’arrive toujours pas à nous convaincre. Pas assez de technique chez elle, trop peu de jeu et d’engagement chez lui, et une complicité que l’on a du mal à ressentir, on a toujours une impression de bancal. Et si Giselle était – enfin – le ballet de la révélation ? Si Léonore Baulac n’est pas la grande technicienne classique, le rôle de Giselle – la jeune fille toute fraîche et rayonnante cassée par le drame – a tout pour bien lui aller. Quant à Germain Louvet, sa technique brillante et très école française n’aura pas mieux qu’Albrecht pour se déployer. Le couple aura en face de lui deux fortes personnalités pour les booster, avec la merveilleuse Myrtha de Hannah O’Neill et François Alu toujours très engagé sur scène.

Pour les rôles secondaires, on ne manquera pas ce qui promet d’être un irrésistible pas de deux des Paysans les 1et et 2 février avec Éléonore Guérineau et Pablo Legasa, avec le 1er février, les deux jeunes Bianca Scudamore et Naïs Duboscq dans les deux Willis.

Giselle de Jean Coralli et Jules Perrot – Léonore Baulac en répétition

 

La distribution À voir

Amandine Albisson (Giselle), Hugo Marchand (Albrecht), Hannah O’Neill (Myrtha) et Audric Bezard (Hilarion) : les 8 (matinée), 9, 13, 15

Si Amandine Albisson et Hugo Marchand se marient plutôt bien chez Jerome Robbins ou George Balanchine, on n’a toujours beaucoup de mal à y croire dans un long ballet narratif. Entre elle qui a un jeu plutôt en retrait et lui qui peut vite aller parfois un peu dans l’excès, on a en général l’impression assez tenace qu’ils ne racontent jamais la même histoire et dansent côte à côte au lieu de danser ensemble. Et si l’Abrecht de Hugo Marchand fait diablement envie, la Giselle d’Amandine Albisson manquait encore de contours, et ce n’est pas non plus forcément dans les longs ballets narratifs qu’elle est à son meilleur. Mais à voir sur scène, bien entendu.

Les rôles secondaires sont là encore soignés, avec Éleonore Guérineau et Marine Ganio se partageant le pas de deux des Paysans, ou Bianca Scudamore et Naïs Duboscq dans les deux Willis.

Giselle de Jean Coralli et Jules Perrot -Hugo Marchand en répétition

Et vous, quelle distribution allez-vous voir ? Laquelle vous tente le plus ? Venez nous raconter en commentaires vos impression sur celle que vous avez pu voir. 

 



 

Commentaires (7)

  • Mon abonnement me fera voir Léonore et Germain Louvet. Ce n’est pas celle que j’aurais choisie, je crains de n’être guère émue par l’Albrecht de Germain Louvet, que j’ai jusqu’ici trouvé assez inexpressif. Mais une bonne surprise est toujours possible, et il aura François Alu en Hilarion ! Et puis je vais tâcher d’aller le lendemain au cinéma pour la retransmission en direct… si la grève le permet.

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  • Senga

    Pascale, oui la grève le permettra vraisemblablement puisque le spectacle a été intégralement filmé hier. J’imagine qu’ils ne reproduiront pas les huées qu’a provoqué la lecture du texte syndical, et qu’ils rajouteront des applaudissements pour masquer la mollesse du public au 1er acte….

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  • Dimanche 9 février, soirée de retrouvailles, j’ai hâte! Si Hugo Marchand est excellent dans sa pantomime, on ne peut pas en dire autant d’ Amandine Albisson. Bon, les amies de Giselle sont beaucoup plus convaincantes qu’elle! Bravo en passant à Eléonore Guérineau et Francesco Mura dans le pas des deux paysans. Mais on sent bien que cette Giselle est fragile ce soir: équilibres hésitants, fins de pirouettes escamotées, diagonale commencée, ratée et carrément supprimée. Quelque chose ne va pas… Mais avec la puissance et la maîtrise d’Hugo Marchand au deuxième acte, notre Giselle reprend vie. les Willis toujours aussi émouvantes, Hannah O’Neill est Willis mais pas assez reine inquisitrice (tout d’un coup, je me souviens trop de Marie-Agnès Gillot dans ce rôle). Bianca Scudamore attire inexorablement mon regard. Je n’ai pas été transcendée ce soir…

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  • Jean

    Vous racontez toujours la même chose sur votre blog… et votre distribution s’il n’en fallait qu’une : Mathieu Gainiot ne fait meme pas les 32 entrechats six du deuxième acte…

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  • Léa

    Giselle plutôt réussie mais avec un incident technique le 13. Et surtout une Amandine Albisson qui a sciemment escamoté la diagonale sur pointes, est-elle blessée? C’est une danseuse habituellement infaillible sur la technique. Pour le reste, j’ai beaucoup aimé l’Albrecht du magnifique Hugo Marchand, et quand il s”élève au 2e acte, enfin ça détonne !!
    Ganio / Mura pas exceptionnels dans le pas de deux des paysans. En revanche, un corps de ballet au top.
    Le très gros problème de cette soirée, c’est l’orchestre. Comment peut-on danser avec la légèreté d’une fête champêtre ou d’un fantôme, avec un orchestre qui sonne comme une charge de cavalerie et quelques coins coins du violon? Ca sentait la fin….

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  • Léa

    Ah, et une impériale Hannah O’Neil dans la Reine des Willis, et une Bianca Scudamore fascinante en willis…. Je viens de comprendre l’enthousiasme qu’elle soulève.

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  • Marylène

    J’ai eu la chance de voir Léonore et Germain. Ils ont réussi à m’embarquer dans leur histoire. C’était une Giselle entière dans son amour pour Albert au premier acte, généreuse et douce dans le second acte, en contrepoint de Myrtha.
    Germain était intéressant en Albert, il avait quelque chose d’Onéguine, on avait l’impression que derrière ses sentiments pour Giselle il y avait une quête personnelle d’un idéal qui allait au-delà de sa relation avec la jeune fille.
    Et sinon j’ai beaucoup aimé le corps de ballet que j’ai trouvé au premier acte plutôt motivé pour jouer les paysannes insouciantes, mais très romantique dans le second acte.
    J’ai ri au premier acte, eu la larme à l’œil au second, bref ça a plutôt bien marché avec moi.

    A noter que l’ambiance était très particulière le 7 février : la veille le spectacle avait été annulé et au moins un quart des sièges était vide. les gens ont-il jugé inutile de se déplacer? Du coup, l’ambiance à Garnier avait un certain côté sépulcral, sans parler de la lecture du texte par les syndicats, mais qui du coup mettait bien dans l’ambiance du ballet.

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