TOP

Programme Ashton/Eyal/​Nijinski par le Ballet de l’Opéra de Paris – Qui voir danser sur scène

​​Alors que le public a les yeux rivés sur Don Quichotte à venir à l’Opéra Bastille, commençons par nous tourner sur le programme Ashton/Eyal/Nijinski, l’autre proposition du Ballet de l’Opéra de Paris pour les Fêtes, à venir du 29 novembre (avant-première jeune) au 2 janvier au Palais Garnier. Une création, une re-entrée au répertoire et un moment d’histoire de la danse : cette soirée est pour le moins disparate mais diablement intéressante. Et servi par de jolies distributions qui font sens. Petit tour sur ces trois ballets – Rhapsody, Faunes et Le Sacre du printemps – par ses différents interprètes qui se succèderont en scène.

À noter : ces distributions restent incertaines (quand elles sont indiquées) et devraient évoluer au fil de la série, nous les mettrons à jour dès que possible.

 

Rhapsody de Frederick Ashton

Sae Eun Park et Marc Moreau : le 29 novembre, les 1er, 4, 9, 12, 14 et 16 décembre.

Ludmila Pagliero et Pablo Legasa : les 2, 3, 5, 7, 10 et 11 décembre.

Laura Hecquet et Marc Moreau : les 18, 22, 24 et 31 décembre, le 2 janvier.

Myriam Ould-Braham et Francesco Mura : les 20, 23, 25, 27 et 29 décembre, le 1er janvier.

Créé en 1980 à Londres pour les 80 ans de la Reine-Mère, Rhapsody de Frederick Ashton a fait un rapide tour au Palais Garnier en 1996 avant de disparaître aussi sec du répertoire parisien. Sa reprise est une belle surprise. Car ce ballet est un petit bijou de virtuosité, de générosité et de fête. Il est d’une terrible difficulté – créée sur mesure pour Mikhail Baryshnikov, c’est tout dire – et ne laisse pas la place à l’approximation. Mais quand les interprètes sont à la hauteur, quel régal ! C’est d’ailleurs un peu dommage que Rhapsody soit programmé en parallèle à Don Quichotte, ces deux œuvres demandant des artistes aux mêmes qualités. Et si l’Opéra de Paris ne manque plus de solistes femmes virtuoses, cela pêche un peu chez les garçons – François Alu, où es-tu ? Et seuls trois danseurs pour assurer ce si difficile ballet, c’est tout de même bien peu.

Mais revenons à nos distributions. Chacune, à vrai dire, paraît attrayante. Sae Eun Park, peut-être la plus grande technicienne actuelle et si brillante dans les ballets abstraits, semble toute indiquée pour ce morceau de bravoure musicale. Car il n’est pas ici question que de brio, mais aussi d’esprit, de sens et même un peu d’humour. Marc Moreau, bon partenaire, a là enfin un rôle de choix depuis sa montée en tant que Premier danseur. Le duo Ludmila Pagliero et Pablo Legasa promet d’être explosif, plus porté sur l’énergie. Ils ont une belle alchimie et un sens de la technique qui se ressemble. Myriam Ould-Braham et Francesco Mura, cela devrait être plus romantique, d’une autre sensibilité. Myriam Ould-Braham n’a pas l’explosivité de Sae Eun Park, mais elle a pour elle un sens du style, de la nuance, de l’élégance qui devrait faire merveille dans ce ballet, et l’on se réjouit vraiment de cette distribution. Enfin il y a là le retour de Laura Hecquet, pas vue depuis très longtemps dans un rôle d’ampleur, et qui excelle elle aussi dans le néo-classique abstrait par son sens de la musique. Bref, si tout tient la route du côté des distributions, voilà quatre couples très bien choisis et assortis pour nous faire découvrir Rhapsody comme il se doit.

Rhapsody de Frederick Ashton – Marc Moreau en répétition

 

Faunes de Sharon Eyal

Marion Barbeau, Caroline Osmont, Nine Seropian, Marion Gautier de Charnacé, Héloïse Jocqueviel, Simon Le Borgne, Yvon Demol et Antonin Monié : sur toutes les dates.

Passée par l’illustre Batsheva Dance Company, dont elle fut chorégraphe résidente de 2005 à 2012, Sharon Eyal est désormais demandée partout. Les compagnies classiques aiment son langage, qui se plaît à s’appuyer sur les bases académiques pour partir dans un tout autre travail. DALP suit son parcours depuis quelques années déjà et reste séduit par ses différentes créations, originales et percutantes. Sa collaboration avec le Ballet de l’Opéra de Paris est donc très attendue. Pour cette création, la chorégraphe revisite L’Après-midi d’un Faune, une version plus collective s’appuyant sur une unique distribution. L’on y retrouve huit personnalités, pour la plupart habituées des rencontres contemporaines, Marion Barbeau et Simon Le Borgne en tête, qui semblent être comme les solistes de cette création. Si l’ensemble séduit et donne vraiment envie de voir le résultat, l’on peut cependant regretter que cette création, arrivant en même temps que Rhapsody et Don Quichotte, empêche de fait les Étoiles d’y participer. C’est peut-être le choix de Sharon Eyal – on l’imagine bien séduite par la personnalité singulière de Marion Barbeau – mais l’on aurait aimé voir ce que cette chorégraphe de talent aurait fait avec les grandes Étoiles actuelles.

Faunes de Sharon Eyal – Marion Barbeau en répétition

 

Le Sacre du printemps de Vaslav Nijinski recréé par Dominique Brun

Alice Renavand (l’Élue) : le 29 novembre, les 1, 3, 7, 11, 14, 16 et 25 décembre.

Émilie Cozette (l’Élue) : les 2, 4, 9, 18, 23 et 31 décembre.

Letizia Galloni : les 5, 10, 20 et 27 décembre, le 2 janvier.

Juliette Hilaire : les 11, 22, 24 et 29 décembre, le 1er janvier.

C’est à la fois un morceau d’histoire de la danse et une véritable curiosité que propose cette soirée, avec la reprise du Sacre du printemps. Ce chef-d’œuvre et pièce fondamentale est présenté dans la version de Vaslav Nijinski, grâce au très beau travail de re-création de Dominique Brun. Car de notes ou d’images de ce ballet, il ne reste rien. La chorégraphe a donc fait un véritable travail d’historienne, reconstruisant cette pièce d’après les témoignages de l’époque. Le résultat, d’une force et d’une animalité intacte malgré le siècle passé, avait été présenté en 2016. Les distributions semblent copier celle d’un autre Sacre, celui de Pina Bausch. L’on n’est pourtant pas dans le même travail de corps, même s’il faut la même force d’interprétation. L’on ne manquera pas ainsi Alice Renavand, dont ce sera l’une des dernières apparitions avant ses adieux en juillet prochain, Étoile iconoclaste qui sait s’accaparer comme personne ces œuvres un peu à part. L’on guettera aussi les performances de Letizia Galloni et Juliette Hilaire, deux personnalités toujours très artistes et affirmées. Émilie Cozette n’avait malheureusement pas montré une grande forme lors de ses dernières prestations, ni de réel bonheur de danser. Mais ce rôle si spécial, bien moins dans la technique que dans l’interprétation, pourrait lui permettre de trouver un nouveau chemin.

Le Sacre du printemps de Vaslav Nijinski recréé par Dominique Brun – Alice Renavand en répétition

Et vous, quelles distributions allez-vous voir ? Lesquelles vous tentent le plus ?

 



Commentaires (3)

  • Brizar MY

    Merci pour votre analyse de ce spectacle que j’ai vu ce soir. La pièce de Sharon Eyal est à couper le souffle. Sa lecture de L’après midi est fine immensément engageante physiquement pour les danseurs et élégante. Je pourrais en dire encore beaucoup mais mon commentaire porte plutôt sur la fin de votre article concernant l’annonce de cette pièce. Je vous cite :”on l’imagine bien séduite par la personnalité singulière de Marion Barbeau – mais l’on aurait aimé voir ce que cette chorégraphe de talent aurait fait avec les grandes Étoiles actuelles.” Je souhaite faire un rappel on ne peut plus nécessaire sur le fait que beaucoup des danseurs de l’Opera, même s’ils n’ont pas le titre d’étoile, ( le nombre de postes reste limité) en ont l’envergure, le talent, la virtuosité et offre une interprétation toujours personnelle, audacieuse, une technique sans faille, une capacité à se vêtir d’un style chorégraphique. Bien souvent, ces danseurs et danseuses offrent des interprétations plus généreuses que certaines étoiles. Marion Barbeau en fait partie. En quoi serait-il plus intéressant de voir les étoiles partout, tout le temps, dans toutes les pièces ? Le POB regorge de talents incroyables qui, certains ne sont”que” quadrilles.

    Répondre
    • BA

      Je suis absolument d’accord avec vous. N’étant pas sur place je n´ai pas toujours pas la possibilité de choisir une distribution, j’ai eu l´occasion plusieurs fois de voir des spectacles sans étoiles.Je l´ai rarement regretté.

      Répondre
  • Anne B

    J’ai été voir la distribution avec Emilie Cozette, le 2 décembre et j’avais quelques appréhensions. Même si elle n’était pas vraiment en grande forme (et c’est un euphémisme), la chorégraphie un peu spéciale du Sacre du printemps lui a permis de ne pas trop se démarquer des autres danseurs de manière négative.
    Rien de transcendant (ou de digne d’une étoile), mais rien de trop choquant non plus.
    Cela dit, je me pose l’intérêt de programmer le Sacre du printemps dans une version aussi vieillotte. Les costumes et les décors semblent ne pas avoir changé depuis la 1ère et je n’ai personnellement aucune affinité avec la musique. La seule chose qui conserve un certain intérêt est la chorégraphie, mais on a depuis vu bien mieux en matière de danse contemporaine.
    C’est un peu le souci avec les œuvres conçues pour choquer : avec le temps disparaissent le choc et la nouveauté, et ne reste que la valeur intrinsèque de l’œuvre, ici assez limitée.
    Dommage, car le début du programme était très sympa (Ashton, notamment, avec un Pablo Legasa en grande forme ; l’ONP manquant d’étoiles masculines, croisons les doigts pour lui !).

    Répondre

Poster une réponse Annuler la réponse