TOP

Décès de la Danseuse Étoile et pédagogue Liane Daydé

Liane Daydé, Danseuse Étoile du Ballet de l’Opéra de Paris ou du Ballet du marquis de Cuevas, est décédée le 22 mars dernier. Nommée Étoile à seulement 17 ans, elle avait ensuite quitté l’institution parisienne pour d’autres compagnies. À la fin de sa carrière, elle s’est dirigée vers l’enseignement, en dirigeant notamment les classes de danse du CNR (actuel CRR) de Paris, découvrant Aurélie Dupont ou Laura Hecquet. Liane Daydé s’en est allée à l’âge de 90 ans.

La danseuse Liane Daydé

Grande danseuse de Serge Lifar, partenaire à la scène de Michel Renault, puis pédagogue influente, Liane Daydé a marqué toute une génération de spectateurs et spectatrices de danse, mais aussi des Étoile d’aujourd’hui en les repérant et les préparant pour intégrer l’École de Danse de l’Opéra de Paris.

Née en 1932 à Paris, Liane Daydé connaît un parcours rapide en rentrant à l’École de Danse de l’Opéra de Paris à 8 an. Au début, elle n’aimait pas la danse“, se souvient le fils de Liane Dayé, Alain Giraud. Poussée par sa mère, elle prend des cours particuliers dès 7h du matin avant les cours de l’École, et jusqu’à 22h après sa journée de travail. “C’est vers 12-13 ans qu’elle change. Elle veut arriver en tête de sa classe et en s’en donne les moyens“. La danseuse rejoint la compagnie à 14 ans, en 1946. C’est à cet âge qu’elle commence à prendre des cours avec Alexandre Volinine, “mon professeur privé et ce, jusqu’à sa mort“, comme l’a expliqué la danseuse il y a quelques années à la Société Auguste Vestris. Et à 17 ans, Liane Daydé est nommée Danseuse Étoile. “Ce soir-là, elle ne devait pas danser“, raconte Alain Giraud. “Mais aucune des cinq Étoiles pour le rôle n’était disponibles, blessées ou malades. Liane Daydé, qui apprenait tous les rôles en coulisse, a levé la main en disant qu’elle était prête“. Et Serge Lifar l’autorise à danser. Pendant une dizaine d’années, elle danse ainsi tous les grands rôles des ballets du répertoire, notamment ceux de Serge Lifar – Roméo et Juliette, Blanche-Neige – mais aussi Le Lac des cygnes.

Son allure juvénile mêlée à sa danse percutante marque le regard du public et des critiques. “Danseuse menue, au physique éternellement enfantin, elle est révélée dans la Blanche-Neige de Lifar en 1951 qui légitime sa nomination d’Étoile“, explique l’historienne de la Danse Sylvie Jacq-Mioche. “La critique du Monde la décrit ainsi : ‘Blanche-Neige ne pouvait être mieux interprétée que par Mlle Liane Daydé. Cette toute jeune étoile, à la fois si frêle, si jolie et si gracieuse, incarnation de la touchante héroïne de Grimm, triomphe avec une virtuosité surprenante – qui la fait applaudir de ses camarades aux répétitions à la Rotonde ! – des mille difficultés techniques, acrobatiques, dont Lifar a échenillé ses variations‘”. Liane Daydé a notamment pour partenaire le danseur Michel Renault. “Elle forme avec lui l’un des couples phares de l’Opéra“, continue Sylvie Jacq-Mioche. “En 1957 ils font ainsi tous les deux parties des artistes invités en URSS dans le cadre d’un jeu réciproque de séduction diplomatique. Ils y dansent en particulier Giselle, au Kirov et au Bolchoï, mais aussi dans un grand stade où ils sont ovationnés“.


 

Malgré son statut d’Étoile et tous les rôles qui s’offrent à elle, Liane Daydé ne reste cependant pas à l’Opéra de Paris. En 1960, elle quitte en effet l’institution parisienne pour rejoindre le Ballet du marquis de Cuevas. C’est là qu’elle rencontre son mari, Claude Giraud, producteur de ballets. Ancien Résistant, c’est lui qui a fait venir à Monaco le marquis de Cuevas. Liane Daydé y danse notamment La Belle au bois dormant avec Rudolf Noureev, tout juste passé à l’Ouest. Mais le marquis de Cuevas décès peu de temps après. En 1962, Claude Giraud et Liane Daydé transforment la compagnie en Grand ballet classique de France. La troupe est tournée vers la province pour faire connaître les grandes œuvres du répertoire à tous les publics. “Elle tourne avec cette petite troupe partout en région pour faire découvrir les grands classiques, en particulier Coppélia où elle excelle“, explique Sylvie Jacq-Mioche. La compagnie est aussi envoyée à l’étranger, Liane Daydé danse ainsi en Chine ou en Espagne. 

Au cours de sa carrière, Liane Daydé a aussi fait quelques apparitions au cinéma. On la voit ainsi danser un extrait de Giselle dans l’un des trois films de la trilogie Sissi d’Ernst Marischka, dans les années 1950, portée par l’actrice
avec

En 1979, Liane Daydé met fin à sa carrière de danseuse et se consacre à l’enseignement. Elle s’illustre notamment en dirigeant les classes de danse du CRR de Paris (à l’époque CNR de Paris) dans les années 1980 et 1990. Les cours ont lieu à la Salle Pleyel entre autres, avant d’avoir leurs propres locaux aux Abbesses – Liane Daydé les inaugurera juste avant de prendre sa retraite.

 

 
 
 
 
 
Voir cette publication sur Instagram
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

Une publication partagée par @juliettegernez

 

C’est dans ce cadre de pédagogue que la danseuse repère plusieurs danseuses et futures Étoiles, les préparant à intégrer l’École de Danse de l’Opéra de Paris. En 1980, elle découvre Aurélie Dupont. “Liane Daydé m’a découverte à l’âge de 9 ans, je n’avais jamais dansé. Elle m’a tout appris, je lui dois beaucoup“, a ainsi écrit la Directrice de la Danse sur son compte Instagram. Même souvenir pour la danseuse Juliette Gernez : “Merci de m’avoir transmis votre amour pour la danse et la musique. Sans vous rien n’aurait été possible“. Quelques années plus tard, Liane Daydé forme aussi Myriam Ould-Braham ou Laura Hecquet. “Liane Daydé m’a énormément apporté“, avait ainsi raconté à DALP l’Étoile juste après sa nomination. “Elle a été ma professeure particulière pendant toutes mes années de conservatoire, jusqu’à ma première année de ballet. Elle m’a tout appris. C’était un peu l’ancienne méthode : on faisait énormément de technique très jeune, dès 10-12 ans, même très mal, et on nettoyait ensuite. Cela permettait de dédramatiser très vite la grande technique, qui devenait un jeu et un défi plutôt qu’une grande appréhension. J’ai vécu l’enseignement là-bas comme un grand épanouissement. Je suis heureuse d’avoir appris la danse dans ces conditions du bonheur de danser, de plaisir, sans stress“.

Liane Daydé est décédée le 22 mars 2022, à l’âge de 90 ans.

Pour celles et ceux qui souhaiteraient rendre hommage à Liane Daydé, son corps est exposé à la Maison funéraire des Batignolles jusqu’au dimanche 3 avril. Sa messe d’enterrement a lieu à l’Église Saint-Philippe-du-Roule le mardi 5 avril à 10h. Elle sera enterrée au cimetière de Chauvigny ce même jour à 17h30.

Le public y est le bienvenu.

Fleures blanches uniquement.

 

 




Poster un commentaire