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Saison 2022-2023 – Le Ballet de l’Opéra de Paris

Continuons les présentations des prochaines saisons avec la saison 2022-2023 du Ballet de l’Opéra de Paris. La programmation de la grande institution est toujours attendue et scrutée. D’autant plus après deux ans de pandémie et une saison actuelle préparée dans de mauvaises conditions. Pas de surprise cependant : la Directrice de la Danse Aurélie Dupont a continué dans sa lignée de mettre en avant des créations contemporaines, avec peu de répertoire (seulement un ballet classique notamment). Les noms proposés sont en soi intéressants, mais l’on cherche toujours du sens à tout ça. Et quelle est la ligne artistique de la troupe, vers quoi elle tend. L’on note cependant, parmi les bons points, une grosse création néo-classique ambitieuse, deux belles entrées au répertoire de George Balanchine ainsi qu’un vrai programme hommage à Patrick Dupond.

 

La saison 2022-2023 en quelques mots

C’est à peu près le même scénario qui se répète à chaque présentation sous la direction d’Aurélie Dupont : un discours insistant sur la “programmation équilibrée entre répertoire et création“, mais des faits qui ne suivent pas vraiment. Sur les douze séries de cette saison 2022-2023 (sans compter l’École de Danse), l’on compte ainsi :
– 1 (oui, un seul) ballet classique du répertoire
– 1 soirée mixte classique de répertoire
– 1 soirée mixte néo-classique de répertoire
– 1 création néo-classique
– 1 soirée hommage
– 2 ballets néo-classiques (répertoire et entrée au répertoire)
– 1 soirée contemporaine de répertoire
– 3 créations contemporaines
– 1 troupe contemporaine invitée

Ce qui fait donc un déficit flagrant pour les ballets du répertoire, censé être au coeur de la programmation d’une compagnie comme l’Opéra de Paris, à la formation classique (et ce n’est pas un gros mot), comprenant 154 artistes (un bon tiers de plus des compagnies équivalentes européennes, qui sont plutôt autour de 100 artistes). Comment peut-on se dire compagnie classique en ne consacrant qu’une seule série à un ballet du répertoire ? Comment peut-on souligner un hommage à Rudolf Noureev en ne programmant qu’un seul de ses ballets ?

C’est en fait le problème de la plupart des saisons d’Aurélie Dupont : l’équilibre. En soi, chaque proposition de cette saison est intéressante. La question n’est pas là. La question est : pourquoi au Ballet de l’Opéra de Paris et pourquoi maintenant ? Au lieu d’avoir une direction, une idée de vers quoi tend la compagnie, on a une succession de noms – très prestigieux pour la plupart, audacieux, intéressants. Mais une succession de noms ne fait pas une programmation cohérente, ni une ligne artistique. L’Histoire de Manon de Kenneth MacMillan est un très beau ballet néo-classique. Mais pourquoi le reprendre cette saison alors que Mayerling du même chorégraphe est déjà là ? Pourquoi Kontakthof de Pina Bausch, œuvre si particulière ? Et pourquoi dans une saison qui compte déjà deux créations contemporaines de danse-théâtre ? Se pose aussi la question du nombre d’artistes en scène : la troupe compte 154 danseurs et danseuses, ce n’est pas avec des programmes demandant une vingtaine d’artistes que tout le monde aura de quoi danser, d’autant plus pour les Étoiles. Mais ces questionnements se posent depuis longtemps.

Est-ce une question de moyens ? Cela serait étonnant. Même si elles demandent souvent l’engagement de surnuméraires, les productions classiques maisons coûtent moins cher que les MacMillan, sans compter que les créations demandent aussi un certain budget. Aurélie Dupont a souvent dit qu’elle programmait d’abord ce qu’elle aimait. Et c’est bien le problème. Car elle ne dirige pas sa propre compagnie, elle dirige le Ballet de l’Opéra de Paris. Et ce qu’elle aime, et ce que peuvent aimer les danseurs et danseuses – n’est pas ce qui compte le plus. Ce qui compte, c’est plutôt le répertoire de l’institution, comment le valoriser, le mettre en avant, le travailler (on parle tout de même de plus de 150 ans de répertoire… Il y a de quoi faire !). Comment aborder ce répertoire avec les artistes d’aujourd’hui, comment les questionner au regard du XXIe siècle. Pour réfléchir à ces questions, il faut d’abord danser ce répertoire. Ce qui n’empêche pas bien sûr les créations, elles sont indispensables à toute compagnie et pour tout artiste. Mais la question de la création classique, sur laquelle se penchent toutes les grandes compagnies de ballets dans le monde, semble échapper à l’institution parisienne. Et plus le temps passe, plus c’est un problème.

L’on note aussi que Alexander Neef, le directeur de l’Opéra, a beaucoup insisté lors de son lancement de saison sur le répertoire de la Maison. Cela peut se faire dans le lyrique, mais visiblement pas dans la danse.

Comme à chaque fois finalement, chaque programme pris séparément a son intérêt. Mais c’est l’ensemble de la saison qui désarçonne et ne montre que peu d’intérêt. Parmi les bons points cependant : un hommage comme il se doit à Patrick Dupond, avec le retour du Défilé pour tout le public, la co-production de Wayne McGregor vraiment ambitieuse, la soirée Balanchine avec deux belles entrées au répertoire ou la curiosité Mayerling (l’on attend les distributions !).

 

Soirée Forsythe/Hans Van Manen et Crystal Pite

La saison démarre par une bonne nouvelle : une tournée en province, toujours un peu compliquée à mettre en place, mais la bienvenue. La compagnie propose un beau programme néo-classique avec des “tubes” séduisants : le réussi Blake Works de William Forsythe mâtiné de battles hip hop, le duo sur le fil Trois Gnossiennes de Hans Van Manen et l’enthousiasmant The Season’s Canon de Crystal Pite. Une soirée riche avec beaucoup de monde en scène, l’effort est à souligner.

Du 22 au 24 septembre 2022, cinq représentations au Grand Théâtre de Provence. Musiques enregistrées.

Un peu plus tôt, la compagnie sera en tournée au Hollywood Bowl de Los Angeles (15.000 places) les 20 et 21 juillet 2022, avec un programme très riche sous forme de gala.

The Season’s Canon de Crystal Pite – Ballet de l’Opéra de Paris

Création – Alan Lucien Øyen

Attendue lors de la saison de pandémie, donc supprimée et reportée, la création d’Alan Lucien Øyen ouvre cette saison 2022-2023. Ce chorégraphe norvégien, aussi vidéaste, navigue entre la danse-théâtre rappelant Pina Bausch ou la trivialité du quotidien à la Mats Ek. Résolument contemporain, il connaît néanmoins le travail des grandes maisons avec une collaboration de longue avec le Ballet National de Norvège. Un extrait vu lors des Ballets du XXIe siècle à Mulhouse nous avait plutôt séduits. Cette partition contemporaine, où les danseurs et danseuses feront aussi appel à la voix, devrait séduire les artistes de la troupe tournés vers l’expérimentation.

Du 20 septembre au 13 octobre 2022, dix-huit représentations au Palais Garnier. Musiques enregistrées

 

Mayerling de Kenneth MacMillan – Entrée au répertoire

Attendu depuis là encore plusieurs saisons, décalé pour des raisons financières après les grèves et la crise, Mayerling de Kenneth MacMillan arrive au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris. Voilà une grande fresque historique néo-classique, comme sait si bien le faire le chorégraphe anglais. Tout part du suicide de l’archiduc Rodolphe, héritier du trône d’Autriche, avec sa maîtresse la baronne Marie Vetsera, dans un pavillon de chasse de Mayerling en 1889. Le ballet retrace le fil de ces personnalités, leurs pressions sociales, politiques et personnelles. Le tout porté par une mise en scène grandiose sur la musique de Liszt et des personnages puissants et variés, dont certains artistes de la compagnie pourraient y être particulièrement percutants. En soi, c’est un magnifique ballet avec de très beaux rôles. Mais l’on peut s’interroger sur le sens de le faire entrer au répertoire de la troupe parisienne, qui n’est pas forcément tournée – et à vrai dire, pas la plus à l’aise – dans ce répertoire anglais. Les distributions devraient faire beaucoup.

Du 22 octobre au 12 novembre 2022, dix-sept représentations au Palais Garnier. Orchestre de l’Opéra national de Paris, direction musicale Martin Yates.

 

Kontakthof de Pina Bausch – Entrée au répertoire

Voilà le programme qui nous laisse le plus perplexe de cette saison. Kontakthof, c’est une œuvre-phare de Pina Bausch. Trois heures de danse-théâtre dans une salle de bal, cruelle et tendre sur le genre humain, nos faiblesses. Une œuvre âpre et puissante, qui a connu plusieurs vies : par le Tanztheater Wuppertal, puis par des personnes de plus 65 ans, enfin par des adolescents et adolescentes. Une quatrième vie à l’Opéra de Paris ? L’on a en fait du mal à voir ce que la compagnie pourrait apporter à cette pièce, la transcender, surtout arriver à pleinement s’en emparer. Et si l’on sortait du mythe que ces danseurs et danseuses – formidables au demeurant – ne peuvent pas tout danser ? Cela sera pour certains, sans aucun doute, une expérience incroyable. Mais quel sens cela a-t-il, à part un gros coup marketing ? L’on ne demande qu’à être séduit, ceci dit !

Du 2 décembre 2022 au 1er janvier 2023, vingt-deux représentations au Palais Garnier. Musiques enregistrées.

Kontakthof de Pina Bausch – Tanztheater Wuppertal

Démonstrations de l’École de Danse

Rendez-vous immuable depuis 1977, les Démonstrations de l’École de Danse font toujours le plein. Par les parents, les familles, mais aussi tous les amateurs et amatrices de danse, de multiples professeur-e-s de danse et leurs élèves. Venant voir le symbole de l’école française de danse et comment l’apprentissage se construit, division par division. Toutes les classes montent ainsi en scène pour montrer un peu de leur travail au quotidien, mais aussi leurs cours de danse complémentaires, comme l’expression musicale ou la danse de caractère. L’occasion pour eux et elles de faire leurs premiers pas en scène, et pour le public de voir à l’œuvre de jeunes talents.

Du 3 au 18 décembre 2022, six représentations (trois pour les petites classes et trois pour les grandes) au Palais Garnier.

 

Le Lac des cygnes de Rudolf Noureev

L’on ne se lasse pas du Lac des cygnes, ballet classique emblématique aux multiples facettes. Notamment dans la production de Rudolf Noureev qui a bien résisté au temps (malgré des danses de caractère toujours peu inspirées), offrant de magnifiques personnages et un sublime quatrième acte. Une reprise régulière permet aux artistes de peaufiner leurs interprétations, et à d’autres plus jeunes de se lancer aussi. En soi, c’est un plaisir de voir et revoir ce ballet. Mais dommage que Le Lac des cygnes soit le seul ballet classique à avoir ce traitement à l’Opéra de Paris. Et qu’il soit le seul ballet classique, tout court de cette saison. Avec une programmation pour les Fêtes, il sonne plus comme le tiroir-caisse, ou l’argument pour affirmer que l’Opéra de pPris travaille son répertoire – que comme une véritable passion pour la danse classique.

Du 10 décembre 2022 au 1er janvier 2023, seize représentations à l’Opéra Bastille

Le Lac des cygnes de Rudolf Noureev – Ballet de l’Opéra de Paris – Hugo Marchand et Dorothée Gilbert

Soirée George Balanchine – Entrée au répertoire

Voilà l’un des beaux programmes de la saison ! La soirée propose deux entrées au répertoire qui font sens : Ballet Impérial et Who Cares?. Le premier est un véritable hommage aux ballets classiques, avec une virtuosité musicale constante, demandant à la fois de brillant-e-s solistes et un corps de ballet à l’excellence. Le second est dans une veine très différente, à l’esprit teinté de comédie musicale de Broadway, mêlant folle énergie et beaucoup d’humour. Peut-être manquerait-il un troisième ballet, un black & white un peu court ou un pas de deux. Mais ce programme reste riche, proposant des entrées au répertoire qui font sens pour le public et qui donnent à danser comme à découvrir pour les artistes.

Du 6 février au 10 mars 2023, dix-neuf représentations au Palais Garnier. Orchestre de l’Opéra national de Paris, direction musicale Mikhaïl Agrest.

 

Hommage à Patrick Dupond

Le voilà enfin, l’hommage tant attendu à Patrick Dupond décédé en 2021. Étoile emblématique de la maison, ancien directeur, il était impossible de ne pas imaginer un spectacle lui rendant hommage. Chose faite avec un plutôt beau programme : Vaslaw de John Neumeier (rôle emblématique de Patrick Dupond), le superbe duo Le Chant du compagnon errant de Maurice Béjart et le réjouissant Études de Harald Lander. Le tout précédé, pour les trois soirs, du Défilé du Ballet, enfin à nouveau visible par tout le monde et non plus réservé au Gala Arop (même si les prix restent élevés). Hormis le Défilé, l’on aurait bien aimé que cette soirée soit proposée sur une série complète, et non pas que sur trois dates. Études notamment demande beaucoup de travail, dommage de ne le montrer que pour trois dates (et ce n’est pas comme si les ballets classiques étaient présents en nombre cette saison).

Du 21 au 23 février 2023, trois représentations au Palais Garnier. Orchestre de l’Opéra national de Paris, direction musicale Mikhaïl Agrest.

Patrick Dupond

Création – Bobbi Jene Smith

C’est un peu la surprise de cette saison, car qui connaît Bobbi Jene Smith ? Jeune chorégraphe américaine, ancienne interprète de la Batsheva (en soi un gage de ses qualités d’artiste), Bobbi Jene Smith aime visiblement mélanger sa danse tribale à la théâtralité – décidément le maître-mot cette saison, et ici sur la musique de Ravel. En soi, la découverte de son travail peut être passionnante, il est toujours agréable et intéressant de découvrir de nouveaux noms. Mais encore une fois, pourquoi à l’Opéra de Paris, qui aurait peut-être besoin d’autre chose ? Ou pourquoi cette création contemporaine au milieu d’une saison qui en compte déjà beaucoup ? Quel est l’intérêt de proposer une soirée d’une heure de danse, que l’on pourrait retrouver au Théâtre de la Ville, mais à des prix bien plus élevés ? La question n’est pas de l’intérêt de Bobbi Jene Smith, qui a sûrement plein de choses à dire et danser, mais de sa raison dans cette institution.

Du 10 au 30 mars 2023, onze représentations au Palais Garnier. Orchestre de l’Opéra national de Paris, direction musicale Joana Carneiro.

 

Spectacle de l’École de Danse

Si l’on cherche du répertoire classique et de la création sur le langage classique, c’est du côté de l’École de Danse, comme souvent, qu’il faut désormais chercher. Le programme de cette saison est ambitieux et brillant. D’abord Concerto en ré de Claude Bessy, sorte de Démonstrations chorégraphiées, qui permet de voir toutes les divisions en scène du plus simple des exercices au plus brillant. Ensuite l’acte III de Raymonda de Rudolf Noureev, partition virtuose pour marquer les 30 ans de la disparition du danseur et chorégraphe. Enfin une création séduisante : Ma Mère l’Oye par Martin Chaix. Ancien élève de l’École, il a dansé quelques années dans le Ballet avant de devenir soliste du Ballett am Rhein de Düsseldorf pendant plusieurs années. Depuis 2015, il est chorégraphe, travaillant avec talent surtout pour des compagnies allemandes, mais aussi pour le Ballet du Rhin.

Du 15 au 18 avril 2023, trois représentations au Palais Garnier. Orchestre de l’Opéra national de Paris, direction musicale Christian Vásquez.

Concerto en ré de Claude Bessy – École de Danse de l’Opéra de Paris

Soirée exceptionnelle en l’honneur de Claude Bessy

Claude Bessy, directrice emblématique de l’École de Danse de 1973 à 2004, fête en 2023 ses 90 ans. L’occasion pour l’École de Nanterre de préparer une soirée unique et spéciale. L’on n’en sait pas encore plus sur ce programme, qui devrait sans aucun doute proposer Concerto en ré évoquer ci-dessus. Une soirée avait déjà été consacrée à Claude Bessy, en 2004 pour son départ, avec un programme exceptionnel. L’on peut donc s’attendre à quelques surprises.

Le 19 avril 2023, une unique représentation au Palais Garnier. Orchestre de l’Opéra national de Paris, direction musicale Christian Vásquez.

 

Soirée Maurice Béjart

Voilà une belle soirée de répertoire autour de Maurice Béjart. Les pièces sont certes connues du public d’habitué-e-s, mais cela fait finalement longtemps qu’elles n’ont été vues, et toute une nouvelle génération d’interprètes est là pour nous les faire redécouvrir. Place d’abord à sa relecture de L’Oiseau de feu, porté par une magnifique dualité entre deux danseurs. Puis le très beau duo Le Chant du compagnon errant, joli cadeau pour les Étoiles qui seront dessus. Enfin le mythique Boléro, permettant là aussi à un ou une soliste d’y montrer toute sa force, entouré-e d’un magnifique corps de ballet masculin.

Du 20 avril au 28 mai 2023, 21 représentations à l’Opéra Bastille. Orchestre de l’Opéra national de Paris, direction musicale Patrick Lange

L’Oiseau de Feu de Maurice Béjart – Ballet de l’Opéra de Paris

The Dante Project de Wayne McGregor – Création

Voilà l’un des gros projets de cette saison, et l’un des programmes les plus excitants. Co-produite avec le Royal Ballet, la pièce a été créée cette saison à Londres, avec un accueil très favorable. Le chorégraphe anglais, qui va bien à l’Opéra de Paris, propose un grand ballet en trois actes inspiré par La Divine Comédie. Une chorégraphie riche, proposant des rôles forts et beaucoup de monde en scène, s’appuyant sur le langage néo-classique pour créer une œuvre de son temps. À l’Opéra de Paris, l’on a trop tendance à voir l’équation création = langage contemporain. La création par le langage classique est pourtant au cœur du travail des ballets d’aujourd’hui. À la traîne sur ce sujet, l’institution parisienne propose ici un vrai travail ambitieux.

Du 29 avril au 31 mai 2023, dix-neuf représentations au Palais Garnier. Orchestre et chœur de l’Opéra national de Paris, direction musicale Gustavo Dudamel (3, 4, 5, 6 mai 2023) et Thomas Adès (le compositeur de la partition).

 

Triptych – Peeping Tom – Compagnie invitée

Avec sa danse-théâtre burlesque, étonnante et puissante, la compagnie belge Peeping Tom propose un travail passionnant. La compagnie propose ici son triptyque Triptych, composé des pièces The missing door, The lost room et The hidden floor, menant ses personnages dans des souvenirs réels ou fantasmés. Le travail de cette compagnie est à découvrir absolument. Mais attendez plutôt qu’elle passe au Théâtre de la Ville ou dans une autre institution parisienne – ce qu’elle fait quasiment tous les ans : les prix seront bien plus doux. L’on peut se questionner d’ailleurs sur l’intérêt du Ballet de l’Opéra de Paris d’inviter une compagnie qui va partout ailleurs, alors qu’elle est la seule à pouvoir inviter des compagnies classiques (l’on se doute que les grandes tournées ne sont pas à l’ordre du jour en ces temps de restrictions, mais d’autres choses étaient à trouver).

Du 7 au 11 juin 2023, cinq représentations au Palais Garnier. Musique enregistrée.

 

Signes de Carolyn Carlson

Inspirée par l’œuvre d’Olivier Debré, qui signe d’ailleurs les décors, Signes avait été l’un des beaux succès du Ballet de l’Opéra de Paris à la fin des années 1990. Puis un peu oublié. Lors de sa dernière reprise il y a dix ans, la pièce avait montré qu’elle avait plutôt bien vieilli, apportant comme un vent de fraîcheur et d’humour en fin de saison, avec des artistes heureux de s’emparer de cette agréable partition chorégraphique. À noter que la Danseuse Étoile Émilie Cozette y fera ses adieux.

Du 19 juin au 16 juillet 2023, treize représentations à l’Opéra Bastille. Musique enregistrée.

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Signes de Carolyn Carlson – Ballet de l’Opéra de Paris

L’Histoire de Manon de Kenneth MacMillan

L’Histoire de Manon de Kenneth MacMillan est un incontournable de toute compagnie classique. Grande fresque néo-classique, elle offre des rôles passionnants, aussi bien pour les Étoiles que pour les personnages secondaires. La chorégraphie aux grands pas de deux emporte le public, et permet aux personnalités de tragédien-ne de s’y exprimer pleinement. Même si ce n’est pas dans ce genre de répertoire très théâtral où la compagnie parisienne est la plus à l’aise, l’on comprend pourquoi ce ballet est repris régulièrement. Mais pourquoi le programmer cette saison alors que Kenneth MacMillan est déjà présent avec Mayerling ? L’on cherche désespérément la logique.

Du 19 juin au 15 juillet 2023, Vingt-et-une représentations au Palais Garnier. Orchestre de l’Opéra national de Paris, direction musicale Pierre Dumoussaud.

 

Informations pratiques

Plusieurs abonnements sont proposés, permettant de (petites) réductions. Cela peut être intéressant pour s’assurer une place pour l’hommage à Patrick Dupond ou à Claude Bessy. Pour les autres programmes, mieux vaut attendre les distributions.
Toutes les informations pratiques et formulaires d’abonnement, ainsi que la saison lyrique, sont à retrouver sur le site de l’Opéra de Paris.

 



Commentaires (7)

  • Merci pour cette présentation détaillée qui va bien m’aider à composer mon abonnement, et tout à fait d’accord avec vos commentaires:
    – “Le Lac”, encore et toujours, seul ballet du répertoire classique. Si l’on voulait remplir le tiroir-caisse à Noël pourquoi ne pas programmer “La Belle au bois dormant”, pas vu depuis longtemps. Et quand va-t-on nous reproposer un “Coppélia” (autre que celui de Patrice Bart, peu lisible)?
    – Pourquoi si peu de créations classiques ou néo-classiques ? (bon, on a eu “Le Rouge et le Noir” cette saison, mais en dehors de Lacotte de nombreux chorégraphes en Europe ou en province créent des ballets très intéressants )
    – Deux MacMillan la même saison ? Si l’on a envie de découvrir “Mayerling”, on a déjà beaucoup vu “Manon” !
    – Créations contemporaines qui pourraient trouver un autre cadre plus à leur mesure
    – Surtout un manque de réflexion globale sur la raison d’être d’une compagnie comme celle de l’ONP et les choix de programmation que cela devrait entraîner.

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  • phil

    bel article sur la saison à venir de l’ONP,je mets une nuance concernant la programmation néo-classique car il me semble que l’ Etoile Marie Agnés Gilot,lors d’un reportage,disait que ce répertoire connaissait des difficultés d’évolution.Ceci dit pour le reste de l’article DALP a tout à fait raison(un seul ballet classique et Raymonda encore aux oubliettes!).

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  • A.

    A noter qu’il y aura le fameux défilé des anciennes étoiles lors hommage à Patrick Dupont ( soirée Arop ) 🙂
    Saison quand même assez décevante, j’adore le lac et je pense qu’il est très important de le danser au moins tous les deux ans. Mais pourquoi ne pas avoir programmé également Raymonda? Les costumes et les décors sont là ! Ou la Belle par exemple ?
    La soirée Balanchine est intéressante, j’irai vers également Mayerling et Signes.
    Côté contemporain, les extraits présentés hier ne m’ont vraiment pas donné envie…
    Côté lyrique, ils sont largement plus gâtés comme d’habitude …

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  • Anne So

    Le retour du défilé accessible à tous… ou presque. D’après ce que je vois sur le site il ne sera disponible qu’en abonnement. Ce n’est pas que la saison soit mauvaise. Mais par exemple pour moi qui n’habite pas à Paris, je suis de moins en moins motivée à faire le déplacement. Soit ce sont des ballets vus et revus, et non je ne vais pas me payer un week-end à Paris pour un 150eme lac des cygnes, soit ce sont de belles choses en contempo ou en néoclassique mais ça j’en ai aussi dans le sud où j’habite. Il y a quelques années quand la saison sortait je savais même pas quoi choisir, maintenant je passe mon tour sans trop de regret. Quel dommage.

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  • BA

    Je trouve la saison très intéressante. Si classique = tutu, je suis d´accord avec vous il n´y a que le Lac, mais l´histoire de Manon et Mayerling…..reposent quand même sur une base de ballet classique. Et même Balanchine je
    le mettrais davantage côté classique que moderne!
    Les créations et compagnies invitées, on verra bien si elles méritent d’être a l’OdP ou ailleurs, mais pourquoi en priver les danseurs.

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  • ELISABETH

    Saison décevante mais c’est devenu une habitude. The dante project pour voir ce que la compagnie va en faire. Idem Mayerling. Le lac oui toujours, il tient la route sauf pour les danses de caractère ( mais on sait que l’ONP fait très peu cas de la danse de caractère). Il faut juste espérer avoir une belle Odette/Odile.

    Bien plus intéressant côté lyrique même si des questions continuent de se poser sur certaines productions.

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  • Anne

    Je suis tout à fait d’accord avec ce que je lis. Le Lac est un plaisir mais on se lasse un peu de le voir, le revoir et le rerevoir !!! Et le chant du compagnon errant que j’aime beaucoup est dans l’hommage à P. Dupont et dans le spectacle dédié à Bejart !!! Manon + Mayerling = saturation !!! En principe je vais voir tous les ballets « classiques » mais là…

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