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Et les Plumes d’or de la saison 2021-2022 sont attribuées à….

Les Plumes d’or sont de retour ! Après une saison trop blanche l’année dernière, nous avons repris nos bonnes habitudes pour cette saison. Coups coeur, découvertes, interprètes, chorégraphes… Voici les Plumes d’or de la saison 2021-2022, décernées par les membres de la rédaction.

 

Les Plumes d’or d’Amélie Bertrand

Plume d’or du spectacle – La Bayadère de Rudolf Noureev d’après Marius Petipa avec François Alu, Dorothée Gilbert et Bianca Scudamore et le Ballet de l’Opéra de Paris. Pour ce trio de feu des grands soirs, pour cette troupe magnifique dans cette série, pour l’ambiance de folie dans le public, pour la nomination tant attendue. Voilà l’Opéra : un spectacle d’une qualité comme on en voit rarement dans le monde et une bonne dose de drama.

Plume d’or du drama dont on se serait passé – la nomination d’Étoile de François Alu. Ça aurait été fait six ans plus tôt, cela aurait épargné bien des coups de chaud, en premier lieu au danseur concerné.

Plume d’or de la création – Daphnis et Chloé de Thierry Malandain au Ballet du Capitole. Une intelligence de la danse et une musicalité qui ne lassent pas. 

Plume d’or de la reprise – Casse-Noisette Compagnie de Jean-Christophe Maillot par les Ballets de Monte-Carlo. Tout est réjouissant dans ce ballet, tout.

Plume d’or de la comédie musicale – West Side Story de Barrie Kosky et Otto Pichler au Ballet du Rhin. Une version scénique très différente, plus sombre, mais tout aussi poignante. 

Plume d’or du seul en scène – Time to Tell de Martin Palisse. Un numéro de jonglage unique, doublé d’un discours intimiste sans jamais tomber dans le voyeurisme, pour une performance doublée de beaucoup d’émotion. Et un remerciement à la science vu en pleine tornade anti-vax, cela fait du bien.  

Plume d’or du spectacle féministe – No Rest for Lady Dragon par la compagnie L’Indécente. Je suis fascinée par la capacité du monde du cirque à s’emparer des sujets sociétaux, alors que la danse contemporaine à tant de mal à le faire. Au-delà de la virtuosité sur un étrange agrès suspendu, place ici à un spectacle aussi poétique, cynique que drôle sur le mansplaining, les violences faites aux femmes, la nouvelle misandrie assumée, non pas contre les hommes mais parce que ce sont eux qui ont attaqué les premiers et qu’il faut bien se défendre. 

Plume d’or de la création qui fait Plouf – Le Rouge et le noir de Pierre Lacotte. Et j’aurais tellement aimé l’adorer.

Plume d’or sur écran – La série L’Opéra de Cécile Ducrocq et Benjamin Adam plus vraie que nature, qu’il est de bon ton d’en parler en faisant la grimace, mais qu’en vrai on a tous et toutes regardé avec gourmandise parce qu’elle est non seulement bien documentée, mais surtout très bien faite. Le pitch de la saison 2 ? Les luttes de pouvoir pour la prochaine Direction de la Danse. Cela va nous mettre dans l’ambiance.

Plume d’or de l’interprète féminine – Sae Eun Park. Sublime dans tout ce qu’elle touche, une Étoile au sommet de son art.

Plume d’or de l’interprète masculin : Philippe Solano au Capitole de Toulouse pour l’ensemble de son oeuvre, spécialement pour le programme Toiles Étoiles qu’il portait sur ses épaules. Nomination en vue la saison prochaine ? 

Plume d’or du corps de ballet – Celui formé par le Ballet de l’Opéra de Bordeaux et le Ballet Preljocaj pour Mythologies d’Angelin Preljocaj

Plume d’or de la révélation – Inès McIntosh au Ballet de l’Opéra de Paris, spécialement dans tous ses seconds rôles dans Giselle, qui laissait voir l’âme d’une artiste sensible. 

Plume d’or de ma révélation internationale – Le Ballet national de Norvège, que je connaissais peu, et que j’ai découvert avec beaucoup de plaisir et d’intérêt cette saison : une belle troupe unie et de qualité, des solistes à la forte personnalité et une superbe Étoile avec Melissa Hough.

Plume d’or de la compagnie à soutenir – La compagnie Illicite de Fábio Lopez à Bayonne. Monter de toutes pièces une compagnie classique en France, pari impossible ? Doucement mais sûrement, Fábio Lopez est en train d’y arriver : une création La Belle au bois dormant ambitieuse et réussie en janvier, plusieurs postes de danseurs et danseuses stabilisés, la possibilité de voir l’effectif s’agrandir. À suivre de près !

Plume d’or du Certes il est génial, mais si on faisait une petite pause – Hofesh Shechter. Vu partout, limite trop. 

Plume d’or du Bon rétablissement – Alice Renavand ! Également nommé : Mathias Heymann qui nous manque beaucoup.

Plume d’or du débat dont on ne veut plus entendre parler la saison prochaine – Les personnages masculins cis-hétéro-blancs des ballets vieillots, dont se plaignent de plus en plus de danseurs – on n’entend pas parler les danseuses d’ailleurs, cela soulève la réflexion. Bref. De un : les hommes machos et lâches, c’est encore tout à fait d’actualité messieurs et rien de tel que de les jouer pour dénoncer ces comportements. De deux : ce n’est pas parce que vous dansez Albrecht que vous le cautionnez, et que nous public nous trouvons sympa ce personnage. De trois : le problème ce ne sont pas les ballets d’hier, mais le cruel manque de créations classiques d’aujourd’hui en France. Je vous assure, dans d’autres pays, il y en a plein, qui sortent des normes et offrent de magnifiques personnages différents à danser – parce que oui, nous avons besoin de nouveaux personnages. Il faut juste que la France s’y mette aussi – ou que l’on donne une vraie visibilité à ceux et celles qui les font. Merci, bisous, bonnes vacances.

 

Les Plumes d’or de Claudine Colozzi

Plume d’or du spectacle – Mal, embriaguez divina de Marlene Monteiro Freitas. Et dire que j’étais passée à côté de cette tornade chorégraphique ! La chorégraphe, futur portrait de l’édition 2022 du Festival d’Automne, signe un pamphlet sur l’ivresse du pouvoir (entre autres) ébouriffant et hyper original.

Plume d’or de l’interprète féminine – Marion Barbeau. Cette saison a vraiment été celle de cette jeune danseuse. Que ce soit dans la reprise de Body and Soul de Crystal Pite ou dans In your rooms de Hofesh Shechter, on n’a vu qu’elle. Son passage de l’autre côté de la caméra dans le film En corps est aussi un essai transformé. Tout sourit à Marion, comment ne pas s’en réjouir pour elle. Hâte de la revoir très vite sur la scène de l’Opéra de Paris ou ailleurs, qui sait, pour de nouveaux projets.

Plume d’or de l’interprète masculin – Paul Marque. Si sa nomination au rang d’Étoile s’était faite en catimini, le danseur explose en pleine lumière depuis à chaque fois qu’il s’empare d’un rôle. On aime son humilité, sa capacité de travail et son addiction très générationnelle aux réseaux sociaux. Paul Marque, notre danseur influenceur ! Plus sérieusement, son partenariat avec l’Étoile Sae Eun Park est en train de s’imposer parmi ceux qui ont marqué l’Opéra de Paris.

Plume d’or du chorégraphe – Hofesh Shechter. Du théâtre du Châtelet à l’Opéra de Paris en passant par les salles obscures, le chorégraphe était partout cette saison. Sa radicalité, son exigence, sa force emportent tout sur son passage à chaque fois.

Plume d’or du documentaire – Allons Enfants de Thierry Demaizière et Alban Teurlai. Entraîner des jeunes issus de quartiers défavorisés dans une spirale vertueuse de réussite scolaire, et d’épanouissement personnel, grâce à la danse hip-hop. C’est l’expérience unique menée par le lycée Turgot, un établissement parisien. Les deux réalisateurs sondent les corps dansants dans une approche très immersive du mouvement. Une réussite.

Plume d’or de la révélation – Leila Ka s’est fait connaître en 2018 avec un premier solo Pode Ser qui a beaucoup tourné et a été primé à de nombreuses reprises. Deux ans plus tard, C’est toi qu’on adore s’imposait comme le deuxième volet d’une
trilogie, qu’elle referme donc avec Se faire la belle. Elle s’y livre dans un mélange de fragilité et de force qui déconcerte.

Plume d’or du panache – Non seulement, Olga Smirnova est une immense ballerine, mais c’est aussi désormais une danseuse qui est entrée dans l’Histoire contemporaine en disant “non”. Non à la guerre en Ukraine. Quitter son ballet, le Bolchoï, sa patrie, la Russie est une décision courageuse qui l’honore. Souhaitons lui le meilleur.

Plume d’or de la série où toute ressemblance avec des personnes ou des situations ayant existé n’est pas fortuite – En plus d’être bien documentée et bien rythmée, L’Opéra de Cécile Ducrocq et Benjamin Adam fourmille de clins d’œil croustillants qui sont autant de pierres semées sur le chemin des balletomanes. Chouette, la saison 2 débarque début septembre.

Plume d’or de la revisite – West Side Story. La tant attendue relecture de West Side Story par Steven Spielberg a mis presque tout le monde d’accord, sauf peut-être le box-office. Sublimés par la caméra virevoltante du réalisateur, les numéros musicaux notamment les plus cultes, sans faire oublier la version d’origine, impressionnent par leur maîtrise. Aucun chef-d’œuvre n’est intouchable, y compris WSS !

 

Les Plumes d’or de Jean-Frédéric Saumont

Plume d’or de meilleur spectacle – L’année fut foisonnante et riche en découvertes. Marlene Monteiro Freitas qui nous avait subjugué dans son travail avec la Batsheva, poursuit son parcours singulier, radical, novateur avec Mal -Embriaguez Divina, spectacle total sur l’ivresse divine du mal décortiqué en saynètes féroces qui sont autant de coups de poing et de pieds de nez. Sa topographie du mal voit grand et embrasse tous les maux et la violence de nos sociétés. C’est puissant et cela ne ressemble à rien de connu. Marlène Monteiro Freitas possède un univers dont on va pouvoir se nourrir puisqu’elle est l’invitée du Festival d’Automne avec pas moins de huit propositions, toutes alléchantes.

Plume d’or du meilleur chorégraphe – À quoi bon distinguer John Neumeier qui a déjà l’une des plus belles carrières de ces 50 dernières années et un répertoire fort d’une centaine de pièces ? Mais le chorégraphe américain – si peu ! – installé à Hambourg depuis 50 ans reste un créateur actif enrichissant sans cesse le vocabulaire néo- classique. La reprise cette saison par le Ballet de Hambourg de Sylvia, créée pour le Ballet de l’Opéra de Paris rappelait son talent pour raconter une histoire et caractériser des personnages. Avec sa dernière création, Ghost Light écrite pour l’ensemble de sa compagnie à la sortie des confinements, John Neumeier offrait un festival de pas académiques et de portés inventifs. On aimerait tant que le maître de Hambourg revienne à Paris.

Plume d’or de la meilleure danseuse – Sae Eun Park enfin nommée Etoile a fait plus qu’honneur à son titre et nous a bluffé tout au long de la saison, enchaînant les prises de rôles. Parfaite technicienne dans Rhapsody de Frederick Ashton, elle endossa le style du chorégraphe britannique avec autorité et finesse d’exécution. Puis ce fut Nikiya dans La Bayadère où elle livre un troisième acte extatique. Enfin, Giselle en fin de saison .On savait depuis son interprétation de Myrtha que Sae Eun Park excellait dans le ballet romantique. Le rôle-titre apporte la confirmation que l’Opéra de Paris tient là une immense ballerine. Seul regret : ne pas avoir vu sa Kitri, écourtée par la Covid.

Plume d’or du meilleur danseur – Il fut absent de l’Opéra de Paris dont il pris un congé sabbatique mais François Alu n’a pas pour autant quitté la scène. Après un passage par Danse avec les stars qui aura accru une notoriété déjà bien établie, il cartonne avec son one man show décapant, un stand-up dansé qui décoiffe, drôle, tendre, cruel et dans lequel il enchaine 12 variations couvrant le spectre de son talent et de ses envies. Il n’aura franchi la scène de l’Opéra de Paris que pour deux soirées mémorables, interprétant magnifiquement Solor de La Bayadère face à un public électrisé par sa performance, réclamant sa nomination. Aurélie Dupont aura finalement cédé et nommé François Alu Etoile. A 28 ans, une nouvelle étape de sa carrière commence dès la rentrée prochaine à Garnier où il sera le Prince Rudolf dans Mayerling de Kenneth MacMillan

Plume d’or du come-back – Ne jamais dire jamais ! Jean-Christophe Maillot a convaincu Bernice Coppieters de chausser à nouveau ses pointes pour sa dernière création Back on Track 61. Elle semble ne les avoir jamais ôté tant sa danse est intacte : fluide, musicale, elle reforme un couple mythique avec Asier Uriagereka dans le second mouvement du Concerto en Sol de Ravel. Ces 2 danseurs qui ont fait l’histoire des Ballets de Monte-Carlo donnent à réfléchir sur le temps qui passe et nous réconcilie avec l’idée très désagréable de vieillir.

 




 

Commentaires (2)

  • Marie

    Personnellement j’ai adoré le Rouge et le Noir et je ne comprends pas que vous disiez que cela a fait un flop. Pourquoi?

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  • Mary

    Ouh la la ! Je ne sais pas si c’est unpopoular opinion que je pensais partager avec la plupart des gens mais Paul Marque et Sae Eun Park c’est toujours la distribution que j’évite : grands techniciens mais aucunes émotions, de vrai robots, j’ai trouvé leur Giselle extrêmement fade et leur Bayadère franchement décevante. À mes yeux d’autres danseurs comme la merveilleuse Hannah O’Neill ou Pablo Legasa (si on lui laissait sa chance) auraient bien plus méritée leur place parmi les étoiles. Enfin bon on espère une nomination sur Mayerling pour Hannah, on a bien espéré sur François Alu et sans l’abominable Aurelie Dupont (reine du copinage) les choses changeront peut-être.

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