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Ballet Impérial et Who Cares? de George Balanchine par le Ballet de l’Opéra de Paris – Qui voir danser sur scène

C’est un beau programme d’hiver que propose le Ballet de l’Opéra de Paris, autour du chorégraphe américain George Balanchine, à voir jusqu’au 10 mars au Palais Garnier. Avec deux intéressantes – même si parfois surprenantes – entrées au répertoire. Tout d’abord Ballet Impérial sur le superbe deuxième Concerto pour piano de Tchaïkovski. Un ballet créé en 1941, véritable hommage à Marius Petipa, où le chorégraphe montre toute sa maestria à créer une danse profondément ancrée dans la musique, s’en inspirant et jouant avec elle. Une œuvre donc se basant profondément sur la technique académique, dansée en tutu, et demandant une musicalité et une virtuosité à toute épreuve, saupoudrées d’un esprit pétillant et festif. La voir rejoindre le répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris semble une évidence. Who Cares?, la deuxième entrée au répertoire de cette soirée, l’est un peu moins. Place ici à une suite de chansons de George et Ira Gershwin, pour une ambiance très new-yorkaise imprégnée de music-hall. Mais quoi de mieux que cette pièce pour révéler différentes personnalités ?

Cette soirée George Balanchine laisse sur le papier ambivalent. Voilà deux pièces en soi magnifiques, mais une soirée somme toute bien courte. Un duo ou/et un ballet “black and white” pour compléter le tout n’aurait tout de même pas été du luxe. Ensuite les distributions ne savent pas forcément sur quel pied danser, emmêlées à celle de Giselle en tournée en Corée du Sud au même moment, sans oublier la pénurie d’Étoiles masculines. Une superposition qui se voit aussi dans le corps de ballet, composé en grande partie de surnuméraire pour cette soirée Balanchine. Ce qui de fait rend compliqué une certaine harmonie. Rajoutons à cela une série éclatée sur plus d’un mois. Mais il serait dommage toutefois de bouder ce beau programme, composé de pièces fortes. Alors petit tour habituel des distributions.

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Ballet Impérial de George Balanchine – Ballet de l’Opéra de Paris en répétition

Ballet Impérial de George Balanchine

Héloïse Bourdon, Audric Bezard et Silvia Saint-Martin : le 6 février, le 8 mars.

Héloïse Bourdon, Audric Bezard et Hannah O’Neill : les 9, 15, 25 et 28 février, le 3 mars.

Ludmila Pagliero, Paul Marque et Silvia Saint-Martin : les 8, 10 et 16 février.

Ludmila Pagliero, Paul Marque et Hannah O’Neill : le 13 février.

Ludmila Pagliero, Paul Marque et Bianca Scudamore : le 18 février.

Valentine Colasante, Pablo Legasa et Hannah O’Neill : le 26 février, les 9 et 10 mars.

Valentine Colasante, Pablo Legasa et Bianca Scudamore : les 1er et 2 mars.

Valentine Colasante, Pablo Legasa et Silvia Saint-Martin : les 4 et 7 mars.

Pas moins de huit combinaisons possibles pour un seul ballet, c’est un peu beaucoup pour prendre ses marques sur une entrée au répertoire. L’on a néanmoins affaire à des solistes aguerris, qui ont l’abattage technique que requiert ce redoutable ballet. Très subjectivement, l’on aime beaucoup le trio Valentine Colasante, Pablo Legasa et Bianca Scudamore. La première a cette force de caractère pour porter le ballet à bout de bras, tout comme la joie contagieuse de danser, qui fait aussi partie intégrante de Ballet Impérial. Et elle avait épaté il y a quelques années dans Thème et variations, où on ne l’attendait pas forcément. Associé à Pablo Legasa, une forte personnalité à la danse plus fine, cela peut être enthousiasmant. Et si l’on rajoute la danse pétillante et charismatique de Bianca Scudamore, voilà un beau trio.

Ludmila Pagliero et Paul Marque sont une belle association d’artistes à la magnifique danse, mais peut-être ensemble un peu trop sages pour faire complètement faire s’envoler ce ballet. Héloïse Bourdon et Audric Bezard forment peut-être un duo un peu moins équilibré, elle brillante et qui revient enfin à des rôles de premier plan, lui très bon partenaire mais soliste en soi peut-être moins virtuose. En deuxième soliste, l’on se réjouit de retrouver Hannah O’Neill, un peu à l’arrêt ces dernières années. Quant à Silvia Saint-Martin, sa musicalité et sa danse moelleuse, qui font merveille dans Balanchine, ne sont plus à prouver. Mais depuis son statut de Première danseuse, on a du mal à voir en scène une danseuse pleinement épanouie et radieuse. Peut-être l’occasion de le redevenir avec ce ballet.

Who Cares? de George Balanchine – Jérémy-Loup Quer et Dorothée Gilbert en répétition

Who Cares? de George Balanchine

Léonore Baulac (Man I Love), Valentine Colasante (Embraceable You), Hannah O’Neill (Who Cares) et Germain Louvet (Soliste Homme) : les 6, 8, 10 et 18 février.

Léonore Baulac (Man I Love), Valentine Colasante (Embraceable You), Célia Drouy (Who Cares) et Germain Louvet (Soliste Homme) : le 15 février.

Dorothée Gilbert (Man I Love), Roxane Stojanov (Embraceable You), Bianca Scudamore (Who Cares) et Jérémy-Loup Quer (Soliste Homme) : les 9, 13, 16, 25 et 26 février.

Ludmila Pagliero (Man I Love), Laura Hecquet (Embraceable You), Célia Drouy (Who Cares) et Mathieu Ganio (Soliste Homme) : le 28 février, le 3 mars.

Ludmila Pagliero (Man I Love), Laura Hecquet (Embraceable You), Hannah O’Neill (Who Cares) et Mathieu Ganio (Soliste Homme) : les 4, 7 et 8 mars.

Amandine Albisson (Man I Love), Silvia Saint-Martin (Embraceable You), Héloïse Bourdon (Who Cares) et Marc Moreau (Soliste Homme) : les 1er, 2, 9 et 10 mars.

Who Cares?, c’est tout un monde ! Et a priori un peu loin de celui du Ballet de l’Opéra de Paris. Il y a dans cette pièce une ambiance gouailleuse, très music-hall, du lyrisme aussi parfois. Et l’on a un peu peur que l’élégance inhérente à la compagnie ait un peu de mal à se glisser dans les costumes et les accents jazzy de la partition chorégraphique. Sans compter là encore un important travail de corps de ballet, qui peut être rendu plus difficile par le manque de titulaires. 

Sur le papier, le quatuor Dorothée Gilbert/Roxane Stojanov/Bianca Scudamore/Jérémy-Loup Quer a tout pour enthousiasmer, et c’est peut-être vers celui-là qu’il faut aller s’il n’y a qu’une seule distribution à voir. L’Étoile Dorothée Gilbert a toute la gouaille et le charisme pour porter ce ballet savoureux. L’on y imagine parfaitement Bianca Scudamore, tout comme Roxane Stojanov qui pourrait enfin y montrer sa forte personnalité, un peu mise en berne par ses distributions depuis sa promotion de Première danseuse. Jérémy-Loup Quer peut aussi avoir l’esprit canaille, et ses belles qualités de partenaire peuvent être un bon support pour ce séduisant trio féminin. L’on aime les quatuor menés par Ludmila Pagliero, qui peut apporter tout le glamour dont ont besoin les ballets de George Balanchine. Laura Hecquet porte toujours avec finesse ce répertoire américain, Mathieu Ganio ne déçoit jamais, et l’on se réjouit d’y voir Hannah O’Neill dans un répertoire un peu différent. Idem pour la présence de Célia Drouy, jeune artiste au beau tempérament qui n’a pas de chance au Concours de promotion, et qui a là une belle opportunité. Les deux autres quatuors semblent peut-être un peu trop sages, presque un peu trop élégants pour amener ce côté clinquant, presque show off, à ce ballet. Mais à voir sur scène.

 



Commentaires (1)

  • Il y a longtemps qu’on n’avait pas vu Léonore Baulac sur scène, non ? Contente pour ma part de lire votre commentaire sur Valentine Colassante que j’ai boudée dans “Le lac”: j’espère que je saurai l’apprécier dans ce ballet. J’aurais aimé voir le quatuor mené par Dorothée Gilbert, mais j’aime bien aussi Ludmila Pagliero et Mathieu Ganio. Quant à Laura Hecquet, je n’ai eu l’occasion de la voir qu’une seule fois dans un pas de deux catastrophique lors d’une soirée sur l’avant-scène post Covid et j’espère avoir une meilleure impression cette fois. Sa nomination tardive n’a pas été suivie de beaucoup de rôles. Merci pour cette présentation des distributions, tellement plus pratique à consulter que le site de l’Opéra pour savoir qui danse quand !

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