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Décès du chorégraphe et danseur Pierre Lacotte

Pierre Lacotte, grande figure de la danse classique française, est décédé le 10 avril 2023 à La Seyne-sur-Mer, à l’âge de 91 ans. Danseur au Ballet de l’Opéra de Paris, puis chorégraphe, il avait dédié une large partie de sa carrière à remonter des ballets oubliés du répertoire. On lui doit ainsi La Sylphide d’après Philippe Taglioni ou Paquita, remontée en 2001. Pierre Lacotte avait aussi chorégraphié quelques ballets complètement originaux. Dont sa dernière oeuvre, Le Rouge et le Noir, créée en 2021 à l’Opéra de Paris. 

Pierre Lacotte

C’est une immense figure de la danse classique, et plus précisément de la danse classique française, qui s’en est allé. Pierre Lacotte, danseur puis chorégraphe, reconstructeur de ballets oubliés du XIXe siècle, est décédé le 10 avril 2023. C’est son épouse Ghislaine Thesmar, qui fut l’une de ses grandes interprètes, qui a annoncé sa mort, des suites d’une septicémie, à l’AFP. “Notre Pierre nous a abandonnés à 4 heures du matin“, a-t-elle ainsi indiqué.

Né le 4 avril 1932 à Chatou, Pierre Lacotte entre à l’âge de 10 ans à l’École de Danse de l’Opéra de Paris, puis dans le Ballet en 1946. Il gravit les échelons de la compagnie jusqu’à devenir Premier danseur en 1953, tout en se lançant dans la chorégraphie avec un certain succès. En 1954, il quitte la compagnie pour fonder sa propre troupe deux ans plus tard : les Ballets de la Tour Eiffel, puis dirige en 1963 les Ballet des Jeunesses musicales de France, tout en dansant et chorégraphiant un peu partout dans le monde. Il est ainsi une figure de son temps du monde chorégraphique, protagoniste aussi de la fuite de Rudolf Noureev à l’Ouest en 1961.

À la fin des années 1960, victime d’une blessure, il arrête de danser et se consacre à la chorégraphie. Et plus précisément aux ballets romantiques du XIXe siècle, qu’il a commencé à étudier quelques années plus tôt. En 1972, il signe ainsi son ballet emblématique de sa carrière : La Sylphide, d’après Philippe Taglioni. Il ne reste rien, ou si peu, de la chorégraphie originale. Pierre Lacotte se plonge alors dans les archives, aussi bien de l’œuvre que de la danse du XIXe siècle, pour remonter le ballet “à la manière de”. Ghislaine Thesmar, immense ballerine qu’il a épousée quelques années plus tôt, y tient le rôle-titre, aux côtés de Michaël Denard.

La Sylphide de Pierre Lacotte – Josua Hoffalt et Ludmila Pagliero

Et c’est ce travail aussi bien historique que de répertoire qui fait la renommée de Pierre Lacotte. Il exhume un ballet oublié ou si peu dansé du répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris et le relit à sa manière, mêlant les notes de l’époque, la façon de danser de l’époque, les spécificités de l’école française de danse. En 1973, il propose ainsi Coppélia, aujourd’hui au répertoire de l’École de Danse de l’Opéra de Paris, puis le pas de six de La Vivandière (1844) ou le pas de deux du Papillon d’après Marie Taglioni.

Puis en 1991, il dirige le Ballet de Nancy-Lorraine pendant dix ans, avant de revenir à la chorégraphie d’anciens ballets du répertoire avec deux grosses productions : La Fille du pharaon en 2000 pour le Ballet du Bolchoï et Paquita pour le Ballet de l’Opéra de Paris (“sa seule et unique maison” selon Ghislaine Thesmar) en 2001. Dans les deux cas, ces ballets furent des succès, qui s’inscrivirent dans le répertoire de ces deux institutions. Pierre Lacotte revient ensuite au Bolchoï en 2013 et y monte Marco Spada, qu’il avait créé en 1981 pour le Ballet de l’Opéra de Rome, pour la fabuleuse génération de solistes occupant alors le devant de la scène du théâtre russe.

Paquita de Pierre Lacotte – Hannah O’Neill et Mathias Heymann

Pierre Lacotte continua de chorégraphier des ballets originaux. Comme Les Trois mousquetaires en 2010 pour des solistes de l’Opéra de Paris et Evguenia Obraztsova, l’une de ses muses des dernières années de sa carrière, à l’étranger. Ou Le Rouge et le Noir en 2021 au Ballet de l’Opéra de Paris. Mais c’est bien ce travail mêlant à la fois celui de chorégraphe que d’archéologue de la danse qui reste de la carrière de Pierre Lacotte. Et de tous ces ballets du répertoire à qui il a donné une nouvelle vie. Alors qu’il a fêté ses 91 ans le 4 avril dernier, il multipliait encore les projets : “Il était plein d’énergie et avait des projets pour des compagnies, était en train d’écrire un livre“, indique ainsi Ghislaine Thesmar. Pierre Lacotte est finalement décédé des suites d’une septicémie, le lundi de Pâques. Et reste derrière lui une œuvre singulière et riche. “Le ballet classique doit beaucoup à ce maître à danser. Nous sommes les dépositaires d’un précieux héritage que nous devons préserver pour les générations futures“, résume ainsi le Directeur de la Danse de l’Opéra de Paris José Martinez.

 



Commentaires (1)

  • DARTOIS-LAPEYRE Françoise

    J’ai beaucoup d’admiration pour le danseur et le chorégraphe, pour l’homme rayonnant et entreprenant, pour son goût de l’archive chorégraphique et pour son implication dans la transmission. Il a tant apporté aux amateurs de ballets et à l’histoire de la danse ! Ses spectacles m’ont procuré des joies intenses. Alors c’est avec émotion que je lui dis merci et adieu, en lui adressant un grand coup de chapeau. Triste qu’il ait tiré sa révérence, je pense fort à Ghislaine, à qui j’adresse mes chaleureuses condoléances et ma très profonde sympathie.

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