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Gros plan sur la 20e Biennale de la Danse de Lyon – 9 au 30 septembre 2023

Enfin ! Après une édition 2020 décalée à 2021 et mise à mal par la crise du Covid, la Biennale de la Danse de Lyon est de retour dans sa pleine et grande forme, cinq ans après sa dernière véritable édition 2018. Et cette vingtième formule marque un tournant, avec la prise de direction de Tiago Guedes, arrivé à la tête de l’institution, et de celle de la Maison de la Danse, en septembre dernier. Le nouveau directeur a tenu à marquer le coup pour sa première édition : avec 21 créations, tous les grands noms de la danse contemporaine et des premières très attendues, cette Biennale de la Danse de Lyon 2023 crée l’événement. Avec à côté de nombreux événements organisés pour le public, notamment aux Usines Fagor. Tour d’horizon de cette Biennale qui ouvrira en fanfare la prochaine saison, du 9 au 30 septembre.

Une Biennale de transition

Une année, c’est trop court pour monter une Biennale du début à la fin. Cette édition 2023 a donc été balisée par Dominique Hervieu, l’ancienne directrice, qui avait lancé quelques projets comme la venue de Boris Charmatz ou Anne Teresa de Keersmaeker. La moitié de la programmation est de son fait. Tiago Guedes a continué cette lancée, en veillant toutefois à une plus grande diversité des formes et à la parité dans la programmation – l’on compte ainsi 19 femmes et 19 hommes chorégraphes programmés, ainsi que huit collectifs. Tout ce qui a trait aux Usine Fagor a aussi été monté par la nouvelle direction.

L’on retrouve aussi à travers cette programmation les 9 nouveaux artistes associés de la Maison de la Danse, dont les spectacles vont rythmer les trois prochaines années de spectacles de l’institution, l’actuelle comme la prochaine Biennale de la Danse : Lia Rodrigues, Jan Martens, Marco da Silva Ferreira, François Chaignaud, Dorothée Munyaneza, Nach, Phia Ménard, Vincent Dupont et le Collectif ÈS.

Cette vingtième Biennale regarde aussi vers le futur, et la prochaine de 2025. Alors que l’événement est avant tout un projet européen, Tiago Guedes veut lui donner une tonalité plus mondiale. Cette édition 2023 verra ainsi le lancement d’un forum d’expérimentation et de production, pour amener à la création de cinq spectacles venus d’Amérique du Sud ou d’Afrique pour la Biennale 2025. Place aussi au comité artistique de la jeunesse “À toi”, lancé en juillet 2023 pour initier le jeune public à la programmation, qui verra échos dans la prochaine Biennale.

 

Une Biennale de création

La Biennale de la Danse 2023 se positionne pleinement comme une “Biennale de création, avec 21 créations et premières françaises sur 48 spectacles, dont la plupart sont coproduites par le festival “pour marquer notre engagement dans la production d’œuvres“. Selon Tiago Guedes, cette Biennale se veut être “un terrain d’exploration et de découverte de la danse contemporaine, avec des spectacles qui questionnent la réalité et les tourments de la société“. Dommage cependant que la Biennale ne voit la création qu’à travers le langage contemporain, excluant de fait la technique classique comme vecteur de créations et de possibilités de questionnements sur notre monde. C’est ainsi en France.

L’affiche n’en reste pas moins prestigieuse et spécialement dense, avec de nombreuses pièces très attendues. En premier lieu ? Peut-être Liberté Cathédrale de Boris Charmatz pour le Tanztheater Wuppertal Pina Bausch. Directeur de la troupe depuis janvier, le chorégraphe français signe ici sa première pièce pour la compagnie. Trois jours après sa création en Allemagne, dans une église, elle sera à Lyon, aux Usines Fagor. L’on guettera aussi la création de Christos Papadopoulous pour le Ballet de l’Opéra de Lyon, qui ouvrira cette Biennale, ou Nos matin intérieurs du Collectif lyonnais Petit Travers, une troupe de jonglage inventive et surprenante. Phia Ménard orchestrera une rencontre-combat entre une femme et un jardin à la française, Silvia Gribaudi interrogera la figure du grand jeté. La puissante Nach, les incontournables Fouad Boussouf et Dimitris Papaioannou, le circassien détonnant Alexander Vantournhout, le surprenant Pepping Tom ou le toujours excellent Ballet du Grand Théâtre de Genève, avec une pièce de Sidi Larbi Cherkaoui, seront aussi de la partie. Cette 20e Biennale de la Danse a déjà réussi son coup avec une programmation excitante, laissant présager trois semaines de danse de haute volée.

Ukiyo-e de Sidi Larbi Cherkaoui – Ballet du Grand Théâtre de Genève

Les spectacles en diffusion

Même si l’on ne parle pas ici de création ou de nouveautés, de belles têtes d’affiche viennent présenter leur pièce en cours. Anne Teresa de Keersmaeker fait ainsi son retour à la Biennale de la Danse, avec Exit Above qui sera passé un peu plus tôt au Festival d’Avignon. Certaines artistes présentant une création lors de cette Biennale reviennent aussi avec d’autres programmes, permettant de creuser un peu plus leur univers. C’est le cas du Collectif Petit travers avec des œuvres de 2015 et 2020, ou Phia Ménard et son tube L‘Après-midi d’un foehn. François Chaignaud, Marlene Monteiro Freitas ou Lia Rodrigues complètent une belle programmation qui mérite tout autant de s’y pencher que les créations.

 

Le Défilé

À chaque Biennale, 4.000 amateurs et amatrices se retrouvent autour de chorégraphes fédérateurs pour une grande parade chorégraphique dans la ville, devenant l’un des événements emblématiques du festival. Un moment festif cependant bien mis à mal ces dernières années, avec une édition dans un stade en 2016 pour des raisons de sécurité et celle de 2021 à l’Amphithéâtre de Fourvière pour des questions sanitaires. Pas de catastrophe en vue pour 2023 ! La parade retrouvera donc toute sa place rue de la République, l’une des grandes artères du cœur de la Presqu’île de Lyon, le dimanche 10 septembre pour ouvrir cette vingtième Biennale. Avec un thème comme une évidence : la danse et le sport, en clin d’œil aux Jeux Olympiques de Paris 2024 (dont quelques épreuves auront lieu à Lyon). Le Collectif ÈS ouvrira le Défilé, mêlant dans un spectacle des danseurs et danseuses professionnelles aux élèves du CNSMDL. Rachid Ouramdane le terminera par une performance mêlant danse et acrobatie, comme le veut la tradition sur la Place Bellecour. La plus grande (et la plus belle) place piétonnière d’Europe devient ainsi une immense salle de spectacle pour tous et toutes. Et démarre comme il se doit ces trois semaines de danse.

Le Défilé de la Biennale de la Danse 2018

Immersion aux Usines Fagor

C’est un peu le pari de ces grands festivals répartis sur de multiples salles : investir un lieu et en faire un point de rencontre incontournable pour les festivaliers et professionnels. Longtemps cantonnée à un petit café de la Presqu’île (devenu depuis pour l’anecdote un magasin de jouets), la Biennale de la Danse de Lyon investit en 2023 les Usines Fagor. Cet ancien fleuron de l’industrie a fermé ses portes en 2015, avant de les rouvrir en 2017 pour des événements culturels (et de les refermer l’année prochaine). La Biennale de la Danse de Lyon en fait son hub pour cette édition 2023. Et c’est un vrai défi que de transformer cette vaste ancienne usine de 29.000 m2 en un lieu convivial pour la danse ! Un peu excentrées vers le quartier de Gerland (néanmoins facilement accessible en transport), les Usines Fagor restent néanmoins ancrées dans le paysage lyonnais, accueillant notamment le festival Les Nuits sonores ou le Lyon Street Food Festival. Une occasion ainsi d’amener vers la danse un nouveau public.

Et la programmation a été faite avec soin. Accueil du public, billetterie, librairies et food truck y prendront place tous les jours du festival, ainsi que l’exposition Still Bodies, en entrée libre, ou un espace pour la pratique et des compagnies en résidence. Cinq spectacles y seront programmés, dont la création de Boris Charmatz pour le Tanztheater Wuppertal Pina Bausch évoquée plus haut. Place enfin à deux journées “Immersion” – une Immersion Ballroom et une Immersion Hip Hop – proposant ateliers, conférences, master-class et performances de 11h à 22h, avec prolongation clubbing jusqu’à 2h du matin.

 

Informations pratiques

La 20e Biennale de la Danse de Lyon se tient du 9 au 30 septembre 2023, proposant 181 représentations – 48 spectacles différents – réparties sur 51 lieux de la ville de Lyon, la Métropole et la région Auralpe.

Les tarifs vont de 5 à 45 euros la place, ainsi que 21 propositions gratuites. Un système de pass (sorte de mini-abonnement) permet des réductions jusqu’à 30 %. De nombreuses rencontres avec les artistes et ateliers sont aussi organisées tout au long de cette Biennale. Les détails complets sont à retrouver sur le site du festival.

 



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