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Journal de Russie – Noël au balcon

De jolies choses se sont déployées sur les scènes françaises ce mois-ci ; les balletomanes ont profité de Noël au balcon. Pour autant, le torrent du ballet russe a lui aussi irrigué les terres gelées de Russie, débordant même sur nos contrées d’Europe occidentale. Retour sur le dernier mois de l’année pour un final en beauté !

 

La première du mois – Une nouvelle Cendrillon à Perm

Plus discret à l’étranger que ses homologues moscovite et pétersbourgeois, le Ballet de Perm frémit d’une créativité croissante, portée par le directeur de la troupe. Une Cendrillon ambitieuse a éclos sous la direction d’Alexeï Miroshnichenko, qui a rappelé son attachement à l’héritage du ballet soviétique. L’action se déroule dans les années 1950, à l’époque du fameux “dégel” artistique qui a suivi la mort de Staline, et ponctue le ballet de clins d’oeil satyriques aux dirigeants de l’époque. C’est une Cendrillon pour adultes, précise le chorégraphe. Exit la citrouille et le prince charmant. L’argument a été replacé dans l’environnement d’un théâtre, où une danseuse travaille dur pour atteindre le bonheur, face à deux prétendants. Vous voulez briller à l’entracte ? Voilà comment prononcer Cendrillon en russe : zo-louch-ka. L’esthétique travaillée du ballet transparait dans ce diaporama.

Cendrillon – Ballet de Perm

Les talents moscovites du mois

Au Ballet du Bolchoï, la génération Makhar Vaziev s’esquissait déjà en début d’année et s’affirme de mois en mois, voire se confirme. Faut-il le souligner (?) Olga Smirnova est le nouveau visage féminin de la compagnie, suivie de près par Youlia Stepanova, qui enchaîne les grandes prises de rôle, parmi lesquelles Raymonda ce mois-ci. Ces deux Etoiles, la fraîche vingtaine, viennent de Saint-Pétersbourg et ont été embauchées par Sergueï Filine. Makhar Vaziev les adoube. Vous les retrouverez en janvier dans la prochaine retransmission de Pathé Live.

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Parmi les jeunes pousses, on remarque la mise en valeur croissante de l’intrépide Margarita Shrainer, l’émergence d‘Alena Kovaleva et la présence marquée de Ksenia Zhiganshina, qui vient de faire ses débuts dans Casse-Noisette. L’émission Kto tam (littéralement : “Qui est là” ) consacre une édition à cette jeune danseuse que Danses avec la plume avait repérée en 2014, lors de son arrivée au Bolchoï.  Chez les hommes, Igor Tsvirko est toujours mis en avant. Le brésilien David Motta Soares poursuit sa percée. Pour l’heure, il n’existe cependant pas de “style Vaziev”, les danseurs nobles et ceux de caractère se voient offrir des opportunités de manière égale. Il en est de même chez les femmes. Au Mariinsky, Makhar Vaziev avait notamment lancé Svetlana Zakharova et Alina Somova, deux danseuses longilignes et lyriques. Au Bolchoï, il semble vouloir préserver une pluralité de styles, de la liane Alena Kovaleva au petit format de Margarita Shrainer. A chaque rôle, son physique ? Rien n’est moins sûr. N’oublions pas que c’est Makhar Vaziev qui a offert à Olga Smirnova, cataloguée danseuse noble, la chance de danser Kitri lors de l’ouverture de la triomphante tournée du Bolchoï à Londres.

 

La nouvelle diplomatique du mois – France-Russie

Dans une interview accordée à RIA Novosti, Makhar Vaziev suscite bien des espoirs parmi les balletomanes russophiles de l’Hexagone. Le Bolchoï serait bientôt de retour à l’Opéra de Paris (Brigitte Lefèvre, en bons termes avec son homologue moscovite d’alors, invitait très régulièrement la troupe à se produire à Paris, de même que les Etoiles Svetlana Zakharova, Diana Vishneva, Evguenia Obraztsova) et vice-versa. Il paraitrait par ailleurs que Jean-Christophe Maillot prépare un deuxième ballet narratif pour le Bolchoï qu’il affectionne tant. Un Don Juan serait à l’état de projet pour la saison 2017-2018… En attendant, il a invité Olga Smirnova et Semyon Tchoudine à Monaco pour magnifier sa nouvelle version de La Belle au bois dormant.


 

La Russie en région – Tournée du Ballet Yacobson

L’Opéra de Paris parait bien peu friand de chorégraphes classiques français… Jean-Guillaume Bart est allé monter sa Belle au bois dormant en Russie, avec la troupe du Yacobson Ballet. Et bonne nouvelle pour les balletomanes vivant en province, cette Belle revigorée va explorer les territoires français avides de “danse savante” ou, pour reprendre les mots du chorégraphe, de “danse-sens”. Extraits dans un petit reportage (en français). Rien que pour la Fée Carabosse perchée sur pointes, glamour en diable, on s’y rue !

La Belle au bois dormant de Jean-Guillaume Bart – Yacobson Ballet

Le gala du mois 

Le gala en l’honneur de Youlia Makhalina au Mariinsky a exhumé la reconstitution du pas de deux du Papillon par Pierre Lacotte. C’est l’occasion de (re)découvrir ce méticuleux travail de bas de jambe porté au sommet par deux russes. Olesya Novikova, dentellière délicieusement surannée comme la France n’en compte presque plus, montre poésie et vivacité dans chacun de ses pas. Quelques minutes à savourer ici.

Le Ballet du Mariinsky compte encore de très nombreux talents, malgré la “fuite des chaussons” vers Moscou. Balletomanes d’Europe de l’Ouest, réjouissez-vous. Si vous n’avez pas pu aller à Baden-Baden pour la traditionnelle tournée de Noël du Mariinsky, vous pourrez vous rattraper à Londres cet été. En effet, la troupe la plus académique de Russie est programmée à Covent Garden pour une belle résidence estivale qui mettra à l’honneur le classique, le néoclassique et (un peu) le contemporain. Il est temps d’épargner…

 

Le rendez-vous de janvier

Le premier ballet classique en direct de la saison 2016-2017 de Pathé Live sera retransmis dans les cinémas participants le 22 janvier prochain. A l’honneur : La Belle au bois dormant, chorégraphiée par Youri Grigorovitch, servie par une génération d’Etoiles montantes. Olga Smirnova prêtera son visage radieux à Aurore, après l’avoir interprétée à Monaco dans une version contemporaine de notre temps. Youlia Stepanova, l’émeraude du Bolchoï,  campera une Fée des Lilas enchanteresse. Quant au princier Semyon Tchoudine, summum de lyrisme et de raffinement, il est un Désiré tout trouvé.

 

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