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Clairemarie Osta non renouvelée à la direction des études chorégraphiques du CNSMDP

La crise entre Bruno Mantovani (le directeur du CNSMDP) et Clairemarie Osta (la directrice des études chorégraphiques de ce même Conservatoire) continue. Le mardi 26 novembre, Bruno Mantovani a décidé de ne pas renouveler Clairemarie Osta à son poste.

Depuis quelques mois, un vif débat était engagé sur le statut du département Danse, aujourd’hui une direction à part entière que Bruno Mantovani veut transformer en sous-direction. Une décision inacceptable pour Clairemarie Osta, qui signifierait selon elle une perte de moyens pour les classes de danse et une déconsidération des études chorégraphiques.

Le lundi 25 novembre, les choses semblaient être temporisées. Un conseil d’administration du CNSMDP a eu lieu pour faire un point d’information sur le nouvel organigramme. “Le ministère de la Culture a pris la parole avec un très beau discours”, raconte Clairemarie Osta à Danses avec la plume. “Il refusait le désengagement de la danse. Il proposait un délai pour pouvoir mener une enquête sereinement“. Mais sans attendre la décision finale, Bruno Mantovani a souhaité ne plus travailler avec Clairemarie Osta. Le mardi 26 novembre, il lui a signalé le non-renouvellement de son contrat en tant que directrice des études chorégraphiques.

Cette décision n’est pas un constat de mon travail, que Bruno Mantovani apprécie. Il m’a clairement dit qu’il s’agit d’une question relationnelle“, explique Clairemarie Osta. “J’ai accepté une mission par rapport à la danse. C’est ce qui compte en premier, je peux ensuite travailler avec des gens avec qui je ne m’entends pas. Ce n’est pas moi qui crée le conflit, c’est Bruno Mantovani qui ne veut plus travailler avec moi. Je pense que l’intérêt du Conservatoire aurait pu passer avant“.

Du côté des parents d’élèves, la colère gronde. “Certains sont stupéfaits, désorientés, d’autres sont parfois très fâchés. Des élèves ont fait le choix du CNSMDP pour le projet de Clairemarie Osta“, lance l’un d’eux. Ils ne veulent toutefois pas prendre parti contre le directeur, dont ils “suivent sa vision de l’excellence“, même s’ils ne sont pas forcément d’accord avec ses méthodes de communication. “Il n’était pas à la réunion de parents d’élèves en début d’année“, raconte ce même parent d’élève. “Je suis sûr que Bruno Mantovani sait très bien ce qu’il fait. Il prend tout le monde de court, c’est un fin stratège. En prenant cette décision de non-renouvellement, il se place en tant que DRH. Il met sa tête dans la balance, en sachant que le ministère de la Culture n’a personne à ce jour dans ses cartons pour le remplacer“.

Au-delà de la question de Clairemarie Osta, les parents refusent catégoriquement une sous-direction de la danse. “Bruno Mantovani veut tirer les arts vers le haut. On ne comprend donc pas ce changement. Ce serait très dévalorisant de se retrouver en sous-direction. Ce serait comme un sous-diplôme pour nos enfants et un très mauvais signal envoyé à la danse. La sémantique est très importante. C’est très maladroit de sa part“, explique ce parent. ” On ne le critique, pas, on compte sur lui pour que la danse reste une direction à part entière“.

Dans une interview au Monde, Bruno Mantovani explique cette décision par la volonté de reprendre tout le Conservatoire en main. Le département danse a, il est vrai, toujours fonctionné avec une certaine autonomie. “C’est vrai que le pôle danse travaille en grande concentration, nous sommes indépendants“, admet Clairemarie Osta. “Mais il est impossible de faire autrement. La danse a sa propre pédagogie, seuls des danseurs et danseuses peuvent s’en occuper“. Lors de son recrutement il y a un peu plus d’un an, Bruno Mantovani ne lui avait pas parlé de ces changements, “alors que c’était déjà en cours“, souligne-t-elle.

Depuis son arrivée au CNSMDP, la Danseuse Étoile a effectué d’importants changements dans l’organisation des études. Ces dernières ne durent plus cinq, mais six ans, et le recrutement démarre dès 12 ans. Une évolution qui avait laissé certains parents d’élèves assez sceptiques (le terme “d’opéra-tisation” circulait allègrement) mais qui est aujourd’hui globalement acceptée. “Les petites classes n’ont plus d’examen annuel possiblement éliminatoires, ils ont le temps d’apprendre et de se tromper. Les quatrièmes années sont beaucoup plus souvent sur scène“, témoigne le parent d’élève. Le changement s’est aussi fait sentir au Junior Ballet, dont le cycle dure désormais deux ans. En plus des spectacles, les élèves peuvent faire des stages dans les compagnies ou préparer un travail de recherche appliquée. “Cela revalorise le diplôme du danseur, au même titre que les diplôme des musiciens“, insiste Clairemarie Osta.

Pour la danseuse, la question de cette sous-direction n’est de toute façon plus à l’ordre à jour. “La sous-direction est oubliée. Le ministère a demandé que ça ne se fasse pas“, assure-t-elle. “J’ai perdu mon poste, mais cette bataille pour la danse a été gagné, et c’est ce qui est important pour moi“.

Reste donc une question de personnes. Bruno Mantovani a signifié le 26 novembre à Clairemarie Osta qu’elle n’était pas renouvelée. Le 27, cette dernière n’avait toujours pas reçu sa lettre officielle. Elle espère donc que les choses peuvent encore s’arranger. Tout comme les parents d’élèves. “Ce n’est pas terminé, mais c’est une césure très grave. Il faut que les instances dirigeantes se sachent observées dans leurs arbitrages ; le pouvoir des parents, ils en ont un, c’est celui d’être prescripteurs. La ministre doit taper du poing sur la table. Elle doit prendre position, elle doit trancher. Mais il faut faire vite“.

Le contrat de Clairemarie Osta, s’il est effectivement arrêté, s’arrête à la fin du mois de décembre. Bruno Mantovani n’aurait donc qu’un mois pour lui trouver un ou une remplaçant-e. Et peu de postulant-e-s devraient se présenter, au vu des tensions qui règnent aujourd’hui entre le Conservatoire et ses classes de danse.

Commentaires (10)

  • Quel cirque !! J’espère que Clairemarie Osta aura gain de cause et que Monsieur Mantovani apprendra un peu la diplomatie (à défaut d’humilité…). De plus – arrêtez-moi si je dis une bêtise – il me semble avoir entendu dans une interview que Nicolas Le Riche envisageait également de poursuivre sa carrière au CNSMDP… Que va devenir ce projet dans ces circonstances ?

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  • décidément Bruno Mantovani est un bien sinistre personnage après avoir osé affirmer que les femmes ne pouvaient pas être cheffe d ‘orchestre car c’était un métier trop physique et qu’elles préféraient d’ailleurs s’occuper de leurs enfants maintenant il renvoie Clairemarie Osta, une honte !

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  • Ninon

    M-C Osta a la direction de la danse était une erreur sur toute la ligne. Plus d’une trentaine de danseurs partis en moins d’un an de force ou au vu de la dégradation, une atmosphère de travail terrible au quotidien pour soutenir le mauvais caractère de Madame et les incohérences de son incompétence.

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    • Pierrette

      Oui un vrai cirque barnum !
      Mais MERCI Ninon… ça fait du bien de lire autre chose que … le méchant directeur salaud intégral , et la pauvre Clairemarie si gentille et de si bonne formation … (Pour sûr, l’imaginaire commun autour de l’Opéra de Paris n’est absolument pas un gage de conduites exemplaires, surtout en matières humaines, psychologiques et pédagogiques). Cette histoire n’est que placements politiques et affaire d’égocentrisme surdimentionnée…
      La seule vraie question est absente du débat: celle de l’élève/danseur. Celle de sa formation, profonde, en tant qu’individu ET danseur. Cette institution Française ne forme pas des moutons, mais bien des “êtres qui danses” ? me trompe-je? Mais ça, on s’en fout. On préfère lire ces articles comme de stupides consommateurs. On ne parle aveuglément que de querelles individualistes, sous un soi disant questionnement autour d’une sous”direction” et bla bla bla…Foutaise. Le centre du débat n’est pas autour du salaud intégral qui vire la douce Clairemarie, mais de la question de la formation de jeunes êtres en devenir. Comment devons nous nous questionner pour améliorer le cursus global de cette prestigieuse formation?
      (par exemples, quels outils/ changements/ stratégies/ nouvelles relations humaines à inventer/ rapports de pouvoir entre pédagogues et élèves/ relations avec les autres médiums et champs artistiques etc …) Là me semble plus “utile” de pointer le débat qu’à l’endroit où il est actuellement… mais je n’apporte pas de réponse, juste un questionnement.

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      • Dominique

        Tout à fait d’accord avec vous !

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      • ça fait toujours plaisir de se voir considérés comme des moutons stupides, mais je vous rassures: les lecteurs de ce blog savent AUSSI se faire leurs propres opinions.

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  • petitvoile

    Tel qu’exposé plus haut et par l’ex directeur délesté aux journalistes, le cas Cnsm sera compatible avec un projet pédagogique tenable et aboutissant quand en Haut-Lieu se mettra un terme aux postes planques. Cette directrice éclair a fait exploser son parachutage, et quid de professeurs atterris dans des classes d’enseignement supérieur sans avoir passé le diplôme minimal d’enseignement, en n’ayant jamais enseigné ou avoir passé des années dans un fauteuil ministériel… Tout le monde sait et les élèves trinquent… Le bon projet pédagogique, c’est une bonne direction avec un corps de très bons professeurs, pas un panier troué.

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  • aoudia

    Il me semble que l’on fasse plus attention à sa petite personne, qu’à l’intérêt des élèves, vraiment j’ai pas l’impression qu’il y ai vraiment un projet précis pour le Conservatoire, déjà que l’on considère le CNMDP comme la poubelle de l’Opéra sic! je me dis que les adultes devraient plus dialogué. J’aurais pensé que ce monsieur soit plus courtois et correct avec Madame Clairemarie Osta qui me semble t’il en connait un rayon sur la danse.
    Bien triste épisode

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