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En répétition avec Nicolas Le Riche et Saburo Teshigawara

Le chorégraphe japonais Saburo Teshigawara prépare une nouvelle création pour le Ballet de l’Opéra de Paris. Intitulée Darkness is hiding black horses, elle sera présentée lors d’une soirée mixte dès le 31 octobre, avec Doux mensonges de Jiří Kylián et Glacial Decoy de Trisha Brown.

Une répétition publique a été organisée autour de cette création. S’il s’agit d’un trio entre Aurélie Dupont, Jérémie Bélingard et Nicolas Le Riche, seul ce dernier a participé à cette séance publique. Car plus que de montrer un avant-goût de la chorégraphie, il s’agissait surtout de se familiariser avec la philosophie de Saburo Teshigawara, qui n’est pas forcément évidente à comprendre. Il y a donc eu finalement assez peu de danse lors de cette répétition, mais beaucoup de paroles, traduites par Nicolas Le Riche.

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La séance commence par une sorte d’échauffement. Nicolas Le Riche effectue une série de balancements du corps, sur tout le plateau. Saburo Teshigawara explique qu’il commence toujours ses workshops par ce rituel. Les danseurs effectuent cet exercice simple et le chorégraphe donne quelques indications, comme relâcher les articulations ou comment peser les pieds au sol. “Il peut ainsi comprendre l’état de notre corps et comment nous guider“, explique Nicolas Le Riche. Saburo Teshigawara insiste sur le travail du rythme et surtout de la respiration, un peu abstrait à expliquer mais qui parle un peu aux personnes pratiquant le yoga. “On a tendance à inspirer plus qu’on ne souffle, on fait beaucoup d’exercices pour réguler“, appuie Nicolas Le Riche.

Le chorégraphe explique ensuite sa méthode de travail, mais il n’est pas forcément évident de le comprendre. La langue anglaise n’est peut-être pas la bonne pour exprimer sa philosophie. Nicolas Le Riche, dans sa traduction et avec ses anecdotes personnelles, est ainsi plus clair pour un public globalement néophyte de cette danse. Cela fait donc trois semaines qu’ils travaillent ensemble. C’est un travail axé sur la recherche de la qualité. C’est grâce à cette qualité que lui proposent les artistes que Saburo Teshigawara crée la pièce, plutôt qu’en imposant quelque chose. Il est d’abord question des danseurs. Ils travaillent notamment sur le poids du corps, et comment ça les emmène quelque part.

Nicolas Le Riche recommence ses balancements du corps, mais d’une façon plus complexe. Cela peut le faire tourner, sauter, aller plus vite. Saburo Teshigawara évoque alors l’un des points fondamentaux de sa danse : celui de ne pas faire appel à la mémoire. “Fraîcheur” est ainsi un adjectif qu’il emploie souvent. Le geste doit être frais et nouveau à chaque fois. Il faut faire face à l’incertain. Il n’y a pas de garanti. Les danseurs ne doivent jamais faire appel à leur mémoire. Saburo Teshigawara veut  une recherche sincère avec le corps.

La chorégraphie ne sera donc pas la même au fil des soirées, mais ce n’est pas cependant un travail d’improvisation. Et la différence entre ces deux notions n’est pas forcément évidente pour le public présent, qui questionne le chorégraphe sur le sujet. Nicolas Le Riche s’empare alors du micro et s’élance sur scène tout en expliquant. “Pour les sauts, on s’est rendu compte qu’on retombait toujours sur un ‘1-2-3’. Il faut justement éviter ça. On recherche l’issue d’un mouvement, sans faire appel à la mémoire. Pour Saburo, il est important de se questionner au départ“. Un bras peut ainsi retomber de multiples façons, et entraîner d’autres choses. Ce ne sera donc pas de l’impro, mais un mouvement “frais” chaque soir.

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Ce travail semble néanmoins très cadré. “Il est très scientifique“, explique Nicolas Le Riche. “On s’est rendu compte que notre corps était bien plus scientifique. La liberté n’est pas si facile à avoir dans la danse, elle doit s’organiser. C’est un travail très fragile, sensible, précis et scientifique“, conclut-il.

Au final, le public n’a donc pas eu un aperçu concret de ce qu’il verra sur scène. Il s’agissait plutôt de donner quelques clés pour mieux appréhender le travail de  Saburo Teshigawara, une danse assez unique mais qui peut paraître obscure au premier abord. Le chorégraphe voulait visiblement rendre son oeuvre plus accessible dans une démarche pédagogique. Son travail de base, la fraîcheur du mouvement, restait toutefois un peu étrange pour le public à la sortie, encore en questionnement.

Commentaires (1)

  • Estelle

    Tous ceci me parait fort complexe en effet !

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