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Le Ballet du Grand Théâtre de Genève se dévoile au CND

Mercredi 13 avril 2011. Le Ballet du Grand Théâtre de Genève au Centre National de la Danse. Répétition publique et spectacle.

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Je ne vais pas souvent au CND de Pantin, et c’est bien dommage. D’une part, parce que même si c’est de l’autre côté du périph’, ce n’est pas bien loin. D’autre part, et surtout, parce que leur programmation vaut souvent le détour (et le ticket de RER). 

Bel exemple hier, avec une soirée réservée au Ballet du Grand Théâtre de Genève. Le concept est simple : faire découvrir une compagnie à travers son répertoire, mais aussi avec son travail au quotidien. Le tout non pas dans une salle classique, mais dans le Grand Studio, donc une salle de danse, et un public au plus près des danseur-se-s. 

Tout commence par 1/2 heure de répétition des oeuvres présentées plus tard. Honnêtement, répétition, c’est vite dit. Il s’agissait plus de derniers réglages de pièces que la troupe connaissait déjà très bien. Mais Philippe Cohen, le directeur de la troupe, a bien joué le jeu, expliquant l’histoire du ballet, les oeuvres présentées, et multipliant les anecdotes sur la vie de la troupe. 

Susanna Campo fait d’abord répéter pendant 10 minutes la pièce Dov’è la Luna de Jean-Christophe Maillot. Elle s’occupe surtout d’un duo et des pas de deux, ce qui permet de découvrir certaines personnalités. Pendant ce temps, Philippe Cohen présente sa compagnie au public. 22 danseur-se-s, 14 nationalités, d’où un langage “bien à eux“, entre français, anglais ou portugais. Il revient également sur le répertoire de la troupe, soulignant que les chorégraphes mis à l’honneur ce soir viennent tous du classique. 

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Susanna Campo laisse très vite sa place à Grant Aris, qui fait répéter So schnell de Dominique Bagouet. Répétition plus intéressante, d’une part par sa longueur (une bonne vingtaine de minute), et parce que cette fois-ci, on entendait bien les corrections du maître de ballet. Ce dernier fait répéter plusieurs passages de groupe aux danseur-se-s, sans musique. A la fin, il donne une indication à chacun, un bras trop haut, un mauvais équilibre, un placement incertain, et fait refaire. J’aime beaucoup de genre de séance de travail, où l’on voit bien que tout se tient à d’infimes petits détails. 

La troupe est plutôt jeune, avec beaucoup de personnalités. L’ambiance semble être plutôt sympathique et studieuse. Cette oeuvre est découpée en plusieurs scènes, renommées par le soin des danseur-se-s. “On passe au indiens” ou “On répète les poulets” ont donc fusé pendant l’heure, agrémentés de quelques petits “Cot Cot” sonores des coulisses pour le deuxième extrait. 

Pendant ce temps, Philippe Cohen dit quelques mots sur le chorégraphe. Il semble avoir beaucoup d’admiration pour Dominique Bagouet, qu’il a toujours soutenu. L’histoire de cette pièce est un peu particulière, puisque le chorégraphe n’a jamais vu cette nouvelle version, décédé peu de temps avant.  

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La répétition se termine par une représentation d’un duo de Benjamin Millepied, Closer. Philippe Cohen le connaît depuis longtemps, puisque c’est lui qui l’a fait rentrer au CNSM de Lyon en 1990. Cette pièce est très peu donnée, “seulement pour des occasions particulières“, insiste-t-il. Seule une danseuse, Sarawanee Tanatanit, connaît d’ailleurs le rôle. Le directeur a tenu à nous prévenir qu’elle avait une cheville un peu bloquée, “mais ce n’est pas comme dans Black Swan, elle n’aime pas souffrir !“. Philippe Cohen nous l’assure pourtant, il a beaucoup aimé le film. Il y revient pourtant souvent, assurant que ça ne se passe pas du tout comme ça dans la vraie vie. 

Le duo dure une vingtaine de minutes. Un homme et une femme en blanc, sur une musique Philip Glass que j’ai beaucoup aimé. L’ensemble est très beau esthétiquement parlant, mais ce n’est pas forcément d’une grande originalité. Je me laisse emporter pendant les 10 premières minutes, je m’ennuie un peu plus pour les 10 dernières. La pièce est néanmoins chaleureusement applaudie. Lorsque les lumières se rallument, Philippe Cohen nous informe que Benjamin Millepied vient de l’appeler pur savoir comment ça s’était passé. “Rappelez-le pour qu’on lui dise nous-même qu’on a aimé !“, lance une personne dans le public. Le directeur s’exécute aussitôt, dégaine son iPhone, appelle le chorégraphe, et nous tend le téléphone pour lui laisser entendre les applaudissements. La séance se termine par quelques questions, qui se limitent essentiellement à des félicitations. 

1/2 heure plus tard, place au spectacle. J’ai bien aimé la première pièce, Dov’è la Luna de Jean-Christophe Maillot. Une chorégraphie néo-classique, mettant en valeur les pas de deux, avec un jeu de clair-obscur dans les costumes et les lumières. Installé-e si près, certains détails, que l’on ne regardent pas d’habitude, attirent l’attention : l’articulation d’une cheville, un muscle qui se tend, une façon de prendre sa respiration, le placement des mains dans un porté, une expression, un regard… On perçoit des choses inconnues, comme le sol qui tremble sous les sauts des danseur-se-s, ou le vent qu’ils-elles créent en tournant. La fatigue se voit plus, avec les tâches de transpiration, mais bizarrement, elle ne se ressent pas. Même à 50 centimètres, même en voyant au plus près les muscles en action, jamais la difficulté du pas ne transparaît au public

Le duo de Kylian, un extrait de Blackbird, m’a moins emballé. Rien à dire sur les deux artistes, Madeline Wong et Armando Gonzalez, mais le tout semblait assez austère. Il est toujours difficile de prendre un passage d’une pièce et de le balancer sans préambule sur scène, je suis pour ma part restée sur le palier. 

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La soirée s’est terminé avec un long extrait de So schnell de Dominique Bagouet. Après une certaine retenue dans les deux premières pièces, place cette fois-ci à des costumes colorés et à un certain humour. Beaucoup de mouvements de groupe, une belle énergie et quelques bizarreries, à l’image de la musique qui alternait entre du Bach et de l’électro-acoustique. “C’est très années 80” a glissé mon voisin. Dans sa voix, cela avait l’air assez condescendant. Pour ma part, la pièce m’a bien plus. 

Le Ballet du Grand Théâtre de Genève le vendredi 15 avril au Centre National de la Danse à 19h (répétition) et 20h30 (spectacle). 

© Photo 1 : GTG/Ariane Arlotti – Photos 2 à 4 : GTG/Gregory Batardon

Commentaires (3)

  • C’est bien son problème au CND, d’être excentré (en même temps, on n’aurait pas une telle surface au centre de Paris, c’est sûr). J’ai complétement abandonné leur programmation alors que j’avais été très emballée par une soirée sur le principe de celle-ci, mais avec le ballet de l’Opéra de Lyon (soirée mémorable où ma mère avait découvert un danseur pain au chocolat, et moi, Russel Maliphant – ainsi que Kylian, c’est récurrent, faut croire).

    Et j’ai ri à propos du “on répète les poulets”; parce qu’après le bout de Bagouet que nous avait appris la prof de contemporain au conservatoire, on s’appelait “chicken number one” et “chicken number two” avec ma partenaire de duo. J’en déduis que le poulet est consubstantiel à Bagouet.

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  • @mimylasouris: Ahah, super l’anecdote ! A ce moment-là, les danseur-se-s devaient bouger les bras comme quand on veut imiter une poule. 

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  • De notre côté, on avançait de profil au public, sur demi-pointes mais genoux pliés, cou un peu en avant, en se tenant par la taille. Manquait plus que de battre des ailes. Deux extraits complémentaires, donc !

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