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Miami City Ballet aux Etés de la danse : en coulisses… et fin

Le Miami City Ballet a plié bagage, après trois semaines très joyeuses et enrichissantes. Comme c’est l’habitude aux Étés de la danse, la compagnie a également donné trois cours publics. Une occasion unique de voir d’un peu plus près leur travail. 

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Vendredi 22 juillet, midi. Le Théâtre du Châtelet est bien rempli. Sur la scène, les danseur-se-s du Miami City Ballet s’apprêtent à prendre un cours. La jeunesse de certain-ne-s d’entre eux-elles se voit beaucoup plus, sans la maquillage et les costumes. Au milieux, devant, une chaise et un micro pour Edward Villella. Il se servira peu de la première, beaucoup plus du deuxième. Son arrivée est saluée par de chaleureux applaudissements du public, qui semblent le surprendre un peu. 

Le cours peut commencer. Il y a des choses qui ne changent pas de compagnies en compagnies : les barres, les tenues bariolées… Et les pliés pour démarrer.  

Edward Villella montre très rapidement les exercices. Si l’on peut dire qu’il montre. Il marmonne en chantonnant quelques trucs, marque plusieurs pas de façon assez floue, et on y va. Son espèce de langage codé semble en tout cas être compris des danseur-se-s, qui s’exécutent à la seconde. Le directeur explique ensuite au public le but de l’exercice, pourquoi c’est important, ce qu’il cherche à les faire travailler avec, et ce que l’on y retrouve du style Balanchine (notamment les changements de directions). Il slalome ensuite entre les danseur-se-s, en dansant à moitié comme sur des claquettes. Il est complètement imprégné de la musique, ce qu’il répète souvent : “Nous reflétons ce que nous dansons : la musique”

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La barre est assez rapide (une grosse demie-heure) et énergique. Elle multiplie les exercices de dégagés et de petits battements. Il est intéressant de se pencher sur le travail du pied. Le travail du pointé en passant par la demi-pointe, la base de la base chez nous, n’est pas très marqué chez eux-elles. Ils-elles font néanmoins preuve d’une grand dextérité. Les exercices jouent beaucoup sur les contraires : mélanges de dégagés sur le temps et à contre-temps, des changements de tympos et de types d’énergie. Toute la barre est marquée par cette rapidité. Même les exercices plus lents, comme les ronds de jambes, ne travaillent pas sur le moelleux, mais plus sur l’énergie. 

Après la barre, Edward Villella se propose de répondre aux questions du public, traduit par le principal Yann Trividic. Quelqu’un demande combien d’heures par jour travaille la compagnie. “Nous avons un cours d’une heure 1/2, trois heures de répétitions, une pause d’une heure, et de nouveau trois heures de répétitions“, explique le directeur du Miami City Ballet. “Les jours de spectacle, nous avons un cours d’une heure 1/2, trois heures de répétitions, et une soirée de 2 heures 1/2“. On enchaîne évidemment avec la question de la discipline. “Pour moi, la discipline, c’est vouloir venir chaque matin pour travailler, et donner le meilleur. Et celui ou celle qui n ‘est pas d’accord, c’est la porte“. Simple, mai efficace. 

Une autre personne demande comment Edward Villella recrute ses danseur-se-s. “L’école nous fournit 30 à 40 % des effectifs de la compagnie. Pour les autres, nous demandons un DVD, puis si cela convient, une rencontre et une audition. Ce que je cherche chez un-e danseur-se, avant sa technique, c’est sa musicalité. Il faut aussi qu’il-elle soit dans un bon état d’esprit, et sache s’intégrer dans la troupe. Nous travaillons 7 heures par jour ensemble, nous partons en tournée, nous vivons ensemble. Il faut qu’il y est un vrai groupe“. 

Et cet esprit collectif se ressent dans le milieu, effectué dans une bonne humeur générale. Les danseur-se-s n’hésitent pas à saluer d’un “Yeahhh” un petit exploit technique d’un-e de leur camarade, ou de claquer des doigts pour marquer le tempo de la musique. Les dégagés sont très balanchiniens dans le style, avec des changements de direction que l’on retrouve dans ses ballets. Les exercices sont un peu plus classiques que la barre, plus dans ce que l’on a l’habitude de voir. Adage, pirouettes, petits sauts, diagonales de piqués, “A droite, c’est bien. A gauche…” commente malicieusement au micro Edward Villella, sous les rires du public. Le cours se termine par des manèges de sauts pour les garçons et des séries de fouettés pour les filles, avec un entrain qui ravit la salle. Le cours se termine à l’américaine, avec un hug bien senti entre Edward Villella et son pianiste. 

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Ce cours fut à l’image de ce que je retiens globalement de cette compagnie : une belle énergie rafraîchissante, beaucoup de jeunesse, de générosité et de musicalité. Ce groupe est apparu très homogène, sans véritable stars, même si ressortaient vraiment du lot les soeurs Jeannette et Patricia Delgado, Jennifer Carlynn Kronenberg et Renan Cerdeiro, une véritable petite bombe. 

Le Miami City Ballet fut vraiment une bonne surprise, et a rendu mon mois de juillet spécialement joyeux et agréable malgré le temps pourri. Les cinq soirées auxquelles j’ai assisté (épisode1, 2, 3, 4 et 5) ont toutes été réussies, avec beaucoup de moments très plaisants. Les Étés de la danse ont pleinement rempli leur mission : assurer une série de spectacles de qualité au moment où l’offre culturelle de la capitale se réduit, et faire découvrir une compagnie étrangère de haut niveau. Cela s’est vu dans la salle, de plus en plus remplie au fur et à mesure des représentations, le bouche-à-oreille a fait son effet. 

Pour ma part, cela a été l’occasion de mieux connaître l’univers de Balanchine, que je connaissais assez mal. J’ai vraiment découvert toute l’inventivité de ce chorégraphe, et son travail en osmose avec la musique que j’ai beaucoup apprécié. S’il fallait faire un top 3, je mettrais ainsi en tête Les Quatre Tempéraments, une véritable leçon de style et un petit bijou dont on ne se lasse pas. Square Dance en deuxième, porté par cette joie de danser qui semble être la marque de fabrique de cette compagnie, très technique. Et troisièmes ex æquo, parce que je n’ai vraiment pas pu choisir, Afternoon of a Faun, Western Symphony et In the upper room

Bon retour en Floride le Miami City Ballet. Et n’oubliez pas de revenir vite, le public parisien a craqué sur vous (ça serait pour 2014 apparemment). 

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Et vous, qu’avez-vous pensé de cette compagnie ? Quel ballet vous a particulièrement marqué ? 

Commentaires (2)

  • elendae

    J’y étais hier soir pour la dernière. En lisant tes comptes-rendus, je regrette beaucoup de n’avoir pas vu plus de soirées ! Mais bon, on ne peut pas être partout…
    J’avoue être restée un peu en-dehors malgré la bonne humeur générale, l’énergie des danseurs, l’enthousiasme du public…faut dire que j’y suis allée toute seule, et j’avais beau me promener partout aux entractes, pas la moindre balletomane en vue, c’était bien triste !
    J’ai bien aimé Afternoon of a faun, avec Jennifer Carlynn Kronenberg et Carlos Miguel Guerra. Liturgy était sans doute sympathique aussi, mais j’ai trouvé que l’orchestre Prométhée avait toutes les peines du monde à passer de Vivaldi et Debussy à Arvo Pärt, du coup, j’ai eu du mal à me concentrer sur les pourtant deux très beaux interprètes, Katia Carranza et Isanusi Garcia-Rodriguez. Square dance, bof trop de petite batterie tue l’intérêt de la petite batterie, mais belle énergie chez Jeanette Delgado (elle touchait à peine terre!), belle présence de son partenaire Renan Cerdeiro. Ballet impérial, pour finir, plaisant mais j’ai complémentent bloqué sur Mary Carmen Catoya qui ne m’a pas plus du tout, du tout, du tout ! Je l’ai trouvé raide comme la justice, j’avais l’impression de regarder “the concert” tellement elle plaquait certains de ses mouvements très brutalement sur la musique. Elle s’est rattrapée sur la fin avec de très jolis fouettés, mais le mal était fait.
    Le public leur a réservé un accueil triomphal, et même si je ne les ai vus qu’une fois, ils sont bien sympathiques…A la fin tout le monde est venu, même les techniciens, ceux qui ne dansaient pas…Pluie de confettis, banderole “see you soon in paris”, hug sur hug…
    Ils étaient tellement mignons que je m’en voulais de n’avoir pas trop aimé leur ballet impérial ! …

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  • Lavin

    J’y etais pour le 12 et pour le 23 (la derniere) et c est sans doute Promethean FIre qui m’a le plus plu, le danseur (dont j ai oublié le nom) etait vraiment tres bien.
    Toujours autant d’attachement pour Apres Midi d’un Faune, meme si les decors n’etaient pas vraiment necessaires, l’ambiance epurée du reste des productions aurait été tres bien.
    Square dance n’etait en effet pas terrible, de jolis pas mais bien peu de beauté qui se degageaient de ce ballet.
    Imperial en revanche allait tres bien avec cette compagnie et son esprit j’ia trouvé, vu de haut (4eme rang du balcon), cela rendait tres bien, sans etre trop pointilleux sur la technique…..
    Et les adieux etaient en effet tres americains avec les paillettes, le see you soon et l’ensemble de la compagnie presente sur scene….

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