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Un avant-goût de Coppélia

Après quelques semaines de disettes, la danse classique reprend ses droits au Palais Garnier avec, dès la semaine prochaine, la Coppélia de Patrice Bart.

Opéra national de Paris
La série a été précédée de plusieurs répétitions publiques, qui ont plutôt joué en faveur de mes souvenirs. A savoir que c’est un ballet très agréable, avec pas mal de jolis moments. Je me demande d’ailleurs comment est-il possible qu’une seule personne ait à la fois chorégraphié cette pièce pleine de fraîcheur et l’horripilante Petite danseuse de Degas. Vatse débat.

Premier rendez-vous, l’amphithéâtre de l’Opéra Bastille au début du mois, pour une heure de répétition. Patrice Bart, évidemment, est le répétiteur, tandis que Dorothée Gilbert est Swanilda, Mathias Heymann Frantz et Yann Saïz Coppélius

Contrairement au Lac des Cygnes, où Patrice Bart avait beaucoup fait travailler deux extraits, il a cette fois-ci montré pas mal de passages différents, pour donner au public une vision globale du ballet. Seul le pas de deux final a été plus particulièrement travaillé.

Le maître de ballet commence tout d’abord par quelques explications, sa volonté de retourner aux racines, un peu noires, du conte, et du nouveau découpage musicale qui en a découlé. J’avoue que, malgré un discours intéressant, mon œil était plutôt attiré par les trois danseur-se-s dans le coin gauche, qui s’étiraient et pirouettaient. 

Les passages exécutés mettent surtout en avant l’inspiration des danses de caractère dans la chorégraphie, et pas mal de pas de deux et pas de trois (avec des portés très tarabiscotés).

Pendant que les artistes dansent, Patrice Bart raconte l’histoire, et met des mots sur la pantomime. Les danseur-se-s semblent déjà bien à l’aise avec leurs personnages. Yann Saïz montre beaucoup d’aisance dans ses différents passages, avec de belles lignes et, déjà, une véritable interprétation. Il est déjà dans son personnage. Irrésistible, Dorothée Gilbert est fraîche comme une rose, Swanilda lui va à ravir. Techniquement très à l’aise, elle s’amuse beaucoup avec la pantomime, cela promet un joli spectacle. Je réalise que cela fait longtemps que je ne l’ai pas vu sur scène, et que ça commençait à me lasser. Mathias Heymann semble moins à l’aise avec le jeu d’acteur. Entre se glisser dans un Frantz jaloux et sauter partout, je crois qu’il préfère la deuxième solution. La blessure de début de saison a dû lui donner des fourmis dans les jambes. Il tourne et saute à n’en plus finir, reprenant certains passages, et faisant le spectacle. Cela aurait vite pu devenir énervant sans ses grandes facilités et son enthousiasme, il est décidément difficile de lui résister.

Voici un petit extrait des répétitions, qui montre à la fois l’inspiration des danses de caractère et une idées de ce que donnent les nombreux pas de deux.

Deuxième rendez-vous, direction le Palais Garnier. Le ballet est ici donné en entier, en costumes, avec décors et orchestre. Chacun sait ce qu’il doit faire sur scène, il s’agit plus ici de détails, que le public ne perçoit pas forcément, mais qui sont pourtant capitaux. Ainsi, un couple de figurants qui se place un mètre trop à droite provoque l’exaspération du maître de ballet. Chaque chose doit être à sa place pour une bonne raison, “C’est comme une peinture” assène Patrice Bart, Ce dernier a l’œil sur tout : une ligne pas très droite, le soliste qui avance un peu trop, un léger retard sur la musique, la lumière ou le rideau qui tarde, un cercle de danseuses qui ne se ferment pas bien. C’est passionnant de le voir ainsi agir par petite touche, d’avoir cette rigueur pour que le tout soit le plus excellent possible.

La distributions était ici très différente. Mélanie Hurel m’a agréablement surprise. Légère, enjouée, elle était très crédible en Swanilda, prenant visiblement plaisir à être en pleine lumière. Benjamin Pech était lui aussi impeccable en Coppélius. Le corps de ballet était plaisant, les amies de Swanilda bien en place avec une Mathilde Froustey particulièrement survoltée.  De jolies soirées en perspective.

© Photo : Cosimo Mirco Magliocca/Opéra national de Paris

Commentaires (2)

  • Charlotte

    J’ai trouvé une autre vidéo de la rencontre sur youtube: http://www.youtube.com/watch?v=4P52
    Tous ces commentaires et la rencontre me font regretter de ne pas aller voir ce ballet! Je me rattraperai avec Roméo et Juliette!
    J’étais moi aussi plus attirée par les danseurs qui s’étiraient que par le discours de Patrice Bart qui n’était pas hyper clair, il s’emmêlait un peu les pinceaux j’ai trouvé.
    Sinon tout à fait d’accord avec toi, Dorothée Gilbert irrésistible!! J’adore ces rencontres, on passe toujours un bon moment, on rigole…
    Un peu dommage que Yann Saïz n’ait qu’une seule date.

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  • @Charlotte:Merci pour la vidéo. Moi aussi, J’ai trouvé Patrice Bart super stressé. Alors qu’il était très naturel pour la répétition du Lac des Cygnes, pour Coppélia, il n’arrivait pas à s’y retrouver dans ses notes. Il doit pourtant tout connaître par coeur, il avait peut-être peur d’oublier quelque chose.

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