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Un avant-goût de Don Quichotte [Ballet de l’Opéra de Paris]

Le grand ballet Don Quichotte revient sur la scène de l’Opéra Bastille, dès le 16 novembre prochain. Si les changements de distributions s’arrêtent, la Première devrait être assurée par Ludmila Pagliero en Kitri, et Karl Paquette en Basilio.  Ces deux Étoiles ont donné un petit aperçu de leur performance lors d’une répétition publique, organisée à la fin du mois d’octobre. Sous la houlette de Clotilde Vayer, et avec Elena Bonnay en cheffe de chant, le couple a montré quelques passages importants des trois actes du ballet.

Pour une création, ces répétitions attisent la curiosité du public, qui veut en savoir plus sur ce nouveau ballet, qu’importe les explications. Pour une reprise d’une grande œuvre du répertoire, on attend par contre un peu plus de détails, pour découvrir une variation d’un autre œil ou apprendre les multiples particularités du ballet. Clotilde Vayer, la maitresse de ballet du jour, a parfaitement joué le jeu, s’adressant régulièrement au public pour lui donner quelques indications sur la trame, et lançant de gentilles piques, prenant en témoin les spectateurs et spectatrices. En a résulté une ambiance bon enfant, où le public a multiplié les applaudissements et encouragements aux danseurs. Parfois un peu au détriment d’une vraie répétition, mais bon…

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La veille, Ludmila Pagliero et Karl Paquette ont filé pour la première fois Don Quichotte avec le corps de ballet. Clotilde Vayer a noté plusieurs corrections à faire, souvent des détails (mais de ceux qui font toute la différence), scrupuleusement indiquées sur sa feuille. Chaque passage sera donc vu brièvement, refait une ou deux fois, avant de vite passer à l’étape suivante. Le rythme est ainsi assez soutenu pour le danseur et la danseuse, chose voulue par la répétitrice. Le premier acte de Don Quichotte est particulièrement “cardio“, nous explique  Clotilde Vayer, dans le sens où les deux interprètes principaux sont tout le temps sur scène, et n’ont donc pas le temps de souffler. Imposer un rythme rapide lors des répétitions permet d’apprendre à gérer cette fatigue, et à gagner en endurance.

Le premier passage vu est la variation d’entrée de Kitri. Dès la course pour se placer, quelque chose ne va pas. “Quand tu cours, je dois voir que tu cherches Basilio“, explique la maîtresse de ballet. Cet acte 1 est très vivant, raconte beaucoup de choses, il faut donc être clair dans la pantomime. La suite portera là-dessus. Le pas de deux entre Basilio est Kitri est maîtrisé techniquement, mais il faut plus de vie, plus de naturel, notamment dans les baisers volés qui sont un peu trop mécaniques. Clotilde Vayer veut aussi plus de surprises dans l’adage. Ainsi, quand Ludmila Pagliero développe en seconde, elle doit rester quelques instants en équilibre avant que Karl Paquette ne la rattrape. Il faut jouer un petit peu sur la dangerosité. La danseuse capte tout de suite la correction, pour un équilibre parfait, même si “C’est très intéressant d’être profil” taquine la répétitrice, qui a ainsi une vue imprenable sur l’en-dehors (ou non) de ses interprètes.

Ludmila Pagliero enchaîne ensuite avec la variation des castagnettes. Décidément elle n’arrête pas, alors que Karl Paquette, interdit de sauts pour cause de sol pas vraiment conforme à l’amphithéâtre (où a lieu la répétition) peut souffler un peu. Ses tours en cinquième posent problème, ils n’avancent pas assez aux yeux de Clotilde Vayer. Deuxième essai cette fois-ci réussi.

S’ensuit la fuite de l’acte 2, puis l’apparition de Dulcinée, et nouvelle variation pour l’Étoile féminine. Clotilde Vayer insiste plus particulièrement sur les équilibres. La musique aide, cinq croches indiquent le temps qu’il faut rester en suspension. Puis l’on enchaine l’acte 3 et sa célèbre coda. Les pointes de Ludmila Pagliero sont cassées, Karl Paquette a enchaîné les portés, mais ils s’exécutent, prié de faire trois tour suivis à la seconde pour lui. Le public encourage en tapant des mains en cadence (bon enfant comme j’ai dit plus haut), et réserve une ovation pour le final.

Don-Quichotte_Repetition_Ludmila-Pagliero.png
Ludmila Pagliero
fut décidément la reine de cette répétition, voulant à la fois montrer ce qu’elle savait faire et jouer sur la proximité avec le public. Sans conteste, elle a montré son incroyable maitrise technique du rôle. Très à l’aise dans le premier acte, elle semble beaucoup s’amuser avec son personnage, même si le couple qu’elle forme avec Karl Paquette fait déjà “adulte”, ils ne jouent pas dans la veine des jeunes fougueux. Cette répétition m’a en tout cas rendue curieuse de voir la nouvelle Étoile à l’œuvre, alors que j’avais plutôt un a priori négatif. Elle a visiblement envie de “manger la scène”, et sa personnalité associée à son assurance technique devrait faire le spectacle, surtout dans le premier acte (le passage des Dryades m’a laissé plus sur ma faim, mais la Première n’était à venir que dans trois semaines).

Photos © Elendae

Commentaires (2)

  • Joelle

    Ca donne envie ! 😀 Vivement à dans deux semaines !

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  • Merci pour cet article, je suis impatiente de découvrir enfin ce ballet !

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