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Un avant-goût des Enfants du Paradis

En général, les répétitions publiques d’un ballet de l’Opéra de Paris se font un samedi après-midi, à l’amphithéâtre de Bastille. 

Exception pour Les Enfants du Paradis, dont l’avant-goût a eu lieu un jeudi soir, dans la salle de spectacle de l’Ecole de Danse, à Nanterre.

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La salle est remplie, quelques habitué-e-s mais pas tant que ça, des lycéen-ne-s, des élèves de cours de théâtre, pas mal de Petits Rats internes et quelques parents et ami-e-s qui leur font signe de loin.

Elisabeth Platel, la maitresse de maison, se charge de remplacer Brigitte Lefèvre. José Martinez, le chorégraphe des Enfants de Paradis, elle le connait bien. Ils ont fait partie de la même génération d’Etoiles, et c’est lui qui a récemment chorégraphié pour l’Ecole Scaramouche, devenu un classique de l’établissement.

La répétition commence par les troisièmes divisions de l’Ecole de danse. Ils ne participent pas au spectacle, mais avec leur professeur de théâtre, ils ont remonté cette année la scène d’ouverture du film Les Enfants du Paradis. Sympathique moment, qui montre que la plupart des élèves, non seulement à l’aise pour bouger sur scène, n’ont aussi pas peur de se servir de leur voix. Coup de cœur pour le jeune Baptiste, qui en trois minutes de présence sur scène et deux lignes de dialogues, a réussi à m’émouvoir.

Place ensuite à la répétition. José Martinez, évidemment, la dirige. En face de lui, le couple créateur du ballet : Isabelle Ciaravola et Mathieu Ganio. Ils travaillent sur la fin : leur dernier pas de deux et le solo de Baptiste. 

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Ce dernier passage va leur prendre un certain temps. “C’est un solo de désespoir, où on utilise les mouvements qui viennent de la  pantomime, en les transformant pour que ça soit dansé“, raconte José Martinez. Dans l’histoire, Baptiste est un pantomime, et le chorégraphe veut que cela se ressente. “Même si c’est un pas de danse, il faut qu’on sente les mouvements, les épaules de Baptiste le pantomime, que ça soit plus subtile“, explique-t-il à Mathieu Ganio. Les pas sont connus depuis longtemps, reste à y mettre les intentions au plus près. “Depuis le départ du mouvement, ta main doit être connectée à tes yeux, que ça aille loin. Pense à ce que tu racontes, ça, ce sont les battements de ton cœur“, conclue José Martinez.

Place ensuite au pas de deux avec Isabelle Ciaravola. “Ce duo de la fin, elle va partir. On voit la tristesse de Baptiste. Il la voit dans ses rêves, mais même dans ses rêves, elle s’en va. Il court après elle”. Les Enfants du Paradis, un ballet où l’émotion a la place principale, insiste le chorégraphe. “Ce sont ces différentes perceptions de l’amour par les personnage que j’ai voulu mettre en scène“.

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Mathieu Ganio et Isabelle Ciaravola enchaînent ensuite le tout, pour faire “comme un petit spectacle“. Ce passage est en fait ce qu’ils ont dansé lors du gala Les étoiles pour le Japon, quelques jours plus tard. 

C’est étrange, lors de ce spectacle, j’avais trouvé ça assez mal foutu. Pourtant, lors de cette répétition, j’ai été happée. Ils étaient en tenue travail, devant un cyclo blanc, avec un décor réduit au strict minimum. Et pourtant, il s’est passé quelque chose dans cet amphi de Nanterre. Ciaravola et Ganio ont une indéniable complicité, et de vraies qualités d’acteur. Cela se ressent, l’ambiance s’est tout de suite installée, ils m’ont raconté une histoire.

Je veux bien reconnaître pleins de défauts aux Enfants du Paradis, je ne parle même pas de la musique, mais il faut bien reconnaître que je suis prise au jeu à chaque fois.

Commentaires (2)

  • elendae

    Merci pour ce compte-rendu, j’avais bien regretté de n’avoir pas pu me rendre à cette séance de travail, mais du coup c’est un peu comme si j’y étais ! je vais à la pré-générale la semaine prochaine par contre, tu y seras ?

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  • @elendae: Oui, j’y serais ! Mais je crois que ce n’est pas encore la pré-générale, mais une vraie répétition. 

    C’était étrange de revenir à Nanterre trois jours après notre visite. J’avais limite l’impression d’être une habituée.  

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