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Un petit avant-goût du Kabuki du Tokyo Ballet

Le Tokyo Ballet est la compagnie invitée de cette saison à l’Opéra de Paris. La troupe y présentera, du 18 au 22 mai au Palais Garnier, le ballet Kabuki, signé de Maurice Béjart. Qui est cette troupe ? Que raconte le ballet ? Mais c’est quoi un Kabuki ? Décryptage du spectacle à quelques heures de la première.

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Le Tokyo Ballet, c’est qui ?

Le Tokyo Ballet est une troupe japonaise, créée en 1964. Le premier ballet présenté par la compagnie est Le Lac des Cygnes, c’est dire que la troupe est d’inspiration classique. Aujourd’hui, le Tokyo Ballet danse tous les incontournables du répertoire, tout en s’ouvrant au néo-classique et à la danse contemporaine, avec des œuvres de Balanchine, John Neumeier, Jiří Kylián ou Maurice Béjart.

Qu’est-ce qui liait Maurice Béjart au Tokyo ballet ?

Beaucoup de choses ! Maurice Béjart était en fait fasciné par la culture nippone. “Au Japon, j’ai d’emblée eu l’impression de me trouver chez moi. C’est l’un des rares endroits du monde où la manière d’être, de vivre n’a pour moi rien d’exotique mais me paraît au contraire familière, parfaitement naturelle“, disait ainsi le chorégraphe.

Maurice Béjart a légué 12 de ses chorégraphies au Tokyo Ballet, dont les célèbres Boléro ou Le Sacre du Printemps. Le chorégraphe a également réalisé trois créations pour la compagnie, dont Kabuki, en 1986. Quelques mois après a première, la troupe était d’ailleurs à Paris pour la présenter au Palais Garnier.

Le Kabuki, c’est quoi ?

Le Kabuki est un art ancestrale japonais, apparu au XVIIe siècle. C’est la forme épique du théâtre japonais. Centré sur un jeu d’acteur à la fois spectaculaire et codifié, il se distingue par le maquillage élaboré des acteurs et l’abondance de dispositifs scéniques destinés à souligner les paroxysmes et les retournements de la pièce.

Les trois idéogrammes du mot signifient : chant (ka), danse (bu) et habileté technique (ki).

Si le ballet Kabuki de Maurice Béjart s’appelle comme ce genre théâtrale, il raconte en fait une histoire bien particulière, celle de Chushingura. Comme beaucoup de pièces de kabuki, Chushingura parle d’un sujet contemporain à son époque (XVIIe siècle), mais en le situant plus tôt dans l’Histoire (XIIIe siècle), pour éviter la censure du moment.

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Et donc Chushingura, ça parle de quoi ?

Chushingura est l’histoire des 47 rōnin. Elle se base sur des faits historiques japonais, qui inspirent encore aujourd’hui de nombreux films ou œuvres d’art au Japon.

En 1701, dans la région d’Akô, Enya Hangan est accusé d’avoir volontairement blessé au visage le maître des cérémonies de la maison du shogun, Kô no Moronō, qui l’avait insulté. Enya Hangan est obligé de se soumettre au seppuku, un suicide sou forme d’éventration et soigneusement ritualisé (oui, on ne plaisantait pas avec l’honneur à l’époque).

Enya Hangan était le chef de 47 samouraïs. Dans son dernier souffle, il demande à l’un d’entre eux, Ōboshi Yuranosuke, de le venger. ce dernier qui va prendre cette mission très à cœur.

Pendant deux ans, Ōboshi Yuranosuke prépare soigneusement sa vengeance, en compagnie de ses compagnons d’armes, appelés désormais les 47 rōnin (samouraïs sans maître). Un soir, ils pénètrent dans la demeure d’Kô no Moronō, le capturent, le tuent, et apportent sa tête sur la tombe de leur maître défunt.

Les 47 rōnin vont ensuite se rendre, et se soumettre tous ensemble au seppuku (quand je disais qu’on ne plaisantait pas avec l’honneur à ce moment-là).

L’histoire est agrémentée de nombreux personnages et détails, à lire par ici. Argument assez complexe, que je vous conseille de lire avant de découvrir le spectacle, même si le ballet ne suit pas forcément la trame. A note que le ballet de Maurice Béjart démarre par un prologue se déroulant dans le Tokyo d’aujourd’hui. Un jeune homme trouve un ancien sabre japonais. Lorsqu’il le touche, il se retrouve transporté dans l’histoire et l’époque de Chushingura.

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Alors, on y va ou pas ?

En voilà une excellente question. Pour ma part et tout à fait personnellement, j’étais au début assez réticente à aller voir ce ballet. En 2008, j’avais vu un autre essai de Maurice Béjart sur la culture nippone, Bugaku, toujours avec le Tokyo Ballet. Soit 20 minutes d’un ennui profond, à ne rester que parce que juste après, il y avait Sylvie Guillem dans Le Boléro.

Mais Kabuki semble très différent. Je reste en tout cas curieuse de découvrir la démarche artistique de Maurice Béjart sur cette œuvre, qui ne m’a pas forcément parue très clair dans les différents papiers que j’ai pu lire sur le sujet. Il s’agirait à la fois d’une adaptation (l’œuvre dure 10 heures, le ballet deux), une vraie relecture façon ballet (les danseuses sont sur pointes), tout en respectant les codes esthétiques du kabuki, genre extrêmement codifié. Verdict vendredi soir.

Commentaires (5)

  • Genoveva

    On peut s’en dispenser ! quelques beaux moments, mais Béjart a fait mieux ! de l’ennui…. de l’ennui…..

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  • mcam1

    magnifique et meme si j’ai lu l’intrigue complète après le ballet ( ça aurait gagné en clartéde le faire avant), très beau ballet, musique parfaitement adaptée, avec juste assez de “japonisme”. Moi aussi j’ai subi Bugaku avant Sylvie Guillem, moi aussi j’avais peur, et bien je ne regrette rien.

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  • @ Genoveva et mcam1 : Merci pour vos avis pour le moins partagés ! Pour ma par, j’ai eu des longueurs, plus dues à mon sens à l’histoire complexe plutôt qu’à un vrai ennui. Review à venir demain, si tout va bien.

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  • Elbé

    😆 Magnifique spectacle , ballet, chorégraphie, musique …mais pour mieux comprendre – je disposais de l’article dans la revue de l’opéra, heureusement- pourquoi ne pas projeter des surtitres comme pour l’opéra – j’étais bien à l’opéra Garnier, Paris- il y a suffisemment de texte dit-chanté et représenté!

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  • ALBIN

    Je cherche le nom de cette ballerine connue d’origine nippone de la troupe de M Béjart qui était la femme d’un allemand vivant à Stuttgart et qui a eu un fils ? Merci pour la réponse

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