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Un petit avant-goût du Lac des Cygnes

Samedi a eu lieu à l’amphithéâtre une répétition publique d’une heure du ballet du Lac des Cygnes. Au passage, si vous n’avez pas réussi à avoir de place sur le net, n’hésitez pas à vous rendre sur place, ils font toujours rentrer tout le monde.

La répétition était menée par Patrice Bart. Il a fait travailler à Christophe Duquenne (Siegfried) et Ludmila Pagliero (Odette) le deuxième acte du ballet.

Disons-le tout de suite, ce fut passionnant. Les balletomanes ont souvent tendance à taper sur Patrice Bart. Il a peut-être plein de défauts en tant que sous-directeur, mais il n’en reste pas moins une encyclopédie vivante de ce ballet, et de l’air Noureev. Il a multiplié les anecdotes, vulgarisé le langage classique pour le public, et montré tout son enthousiasme pour ce deuxième acte qui est pour lui l’un des plus beaux moments de l’histoire de la danse (et je suis d’accord avec lui).

Je n’ai pu résister à l’envie de filmer certains passages, malgré l’injonction de Brigitte Lefèvre suite au flash malencontreux d’une personne du public. J’aurais pu filmer toute l’heure tellement ce fut intéressant, on se contentera de trois petites vidéos d’une qualité technique discutable (l’iPhone a des progrès à faire).

Patrice Bart commence par la variation lente. Il nous explique comment Noureev a donné toute son importance au personnage de Siegfried, en lui rajoutant quelques variations, “surtout pour lui”, raconte-t-il malicieusement. Cette variation se situe au début du deuxième acte. C’est en fait le passage du monde réel à autre chose, celui où tout est possible. C’est un moment d’introspection pour le personnage, et une façon pour le public d’entrer dans l’ambiance si particulière de cet acte blanc.

Les deux danseur(se)s seront sur scène dans un mois. Ils sont donc au début des répétitions. Patrice Bart donne ainsi pas mal de corrections purement techniques, mais qui trouvent à chaque fois leur sens dans la dramaturgie du personnage. Comme la façon de faire un port de bras, au début de la première vidéo.  

Ludmila Pagliero entre ensuite en scène, pour répéter leur rencontre. Patrice Bart a cette réflexion qui me fait sursauter. Il explique que Noureev a tenu dès le début du ballet à montrer l’ambiguïté de Siegfried, et surtout autour de sa sexualité, pour qu’il puisse possiblement être attiré par un oiseau. J’avoue ne pas avoir pensé à ça. Mais ce monde du deuxième acte, comme l’explique le maître de ballet, on ne sait pas bien ce que c’est. Est-ce un rêve ? Le champ des possibles ? La réalité vu par le Prince ? Ce qu’il aimerait être ? Nous sommes dans un monde onirique, où tout peut arriver. 

Patrice Bart est ensuite revenu sur l’un des seuls passages de pantomime du ballet, en nous décortiquant chaque geste et sa signification. Vient ensuite le pas de deux. J’aime beaucoup ses indications musicales. Il nous explique un passage, où le prince effectue plusieurs portés. En général, le porté a lieu sur le temps fort, ce qui donne aux danseur(se)s une bonne impulsion, et la danseuse retouche le sol sur le temps faible. Ici, au contraire, la danseuse finit son porté sur le temps fort. Mais Odette ne s’envole pas, Siegfried la retient, et cette accentuation musicale renforce cet effet.

La répétition se finit par la fin du deuxième acte, avec la sortie d’Odette. Puis de très nombreux applaudissements du public, visiblement ravi. Je n’ai pour ma part pas vu passer l’heure, et aimerait bien demander une explication de texte des trois autres actes.  

Quand aux interprètes, j’avoue avoir beaucoup de mal à me prononcer. Cette musique du deuxième acte, pour moi, c’est une des plus belles musiques (voir la plus belle) du répertoire. Elle me touche à chaque fois, surtout qu’elle était très bien interprétée par la chef de chant Elena Bonnay. Et j’ai tendance à penser que cette musique peut porter n’importe quel interprète moyen. Ludmila Pagliero a une technique extrêmement sûre, elle devrait être intéressante en Cygne Noir. Mais n’a pas le lyrisme de Reine Agnès qui veut. Quand à Christophe Duquenne, et bien, ce fut Christophe Duquenne. Mais tout ça ne reste qu’une impression sur le moment. Ils ne dansent que dans un mois, leur prestation devrait donc avoir beaucoup évolué d’ici là. 

Commentaires (2)

  • Fab

    Super article, très bien illustré 😉

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  • Merci ! 😀 Quels risques ne prendrait-on pas pour filmer ces répète ? 😉

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